Arrivé chez lui, il appelle Yoan et lui raconte le peu qu’il a à lui dire.
— C’est bien, elle ne t’a pas envoyé chier…
— Ouais, on peut voir ça comme « bien », enfin, essentiellement : elle m’ignore.
— Elle n’a sûrement plus l’habitude de se faire draguer depuis un moment
— Tu penses qu’une nana ne se fait plus draguer parce qu’elle est dans un fauteuil ? s’étonne Matt.
— Tu l’aurais fait si ça n’avait pas été ton job ?
— Bon, on va t’habiller parce que tu peux pas sortir dans cette tenue. En tout cas, moi je ne vais nulle part avec toi, sérieusement… Lydia, un pyjama en pilou rose avec des petits nœuds jaunes ?
Elle rit, c’est vrai qu’elle ne fait aucun effort.
— Je ne sors pas, je ne sors plus… je n’en ai pas envie et…
Avant qu’elle puisse continuer à protester, il l’attrape et l’allonge sur le lit.
— Hey ! Ce n’est pas parce que je suis handicapée que tu dois… commence-t-elle mais ses paroles se perdent dans le vide.
Matt se poste devant son armoire.
— Bon, j’ai toujours été nul pour comprendre le goût des femmes donc je vais improviser si tu ne m’aiguilles pas. Pour information, il fait frais mais pas froid. Sauf que toi, vu que tu restes tout le temps assise sans bouger, faut plus te couvrir.
Elle l’écoute réfléchir à haute voix et l’observe sortir un jean, un t-shirt à manches longues, un pull… il ne se débrouille pas trop mal… Ceci dit, avec un jean, il n’a pas trop pris de risques. Mais pourquoi réagit-elle comme si la situation était normale ?
— Qu’est-ce que tu fais là, Matt ?
— Je t’emmène prendre l’air, tu vas finir par puer le renfermé…
Elle attrape son sac et laisse de quoi payer son repas inachevé sur la table. Quand elle tourne les talons, elle sent une main sur son bras:
- Il te comparera toujours à moi, il ne te le dira pas mais il m'a aimée toute sa vie. Tu penses vraiment que tu peux me remplacer aussi facilement? siffle Emma tout en souriant.
Quelques dents en moins, ça ne devrait pas être trop grave? Léonella sert le poing et avant de réussir à s'empêcher de déconner, elle le lui balance en plein dans le nez. Elle qui voulait se le faire refaire, ça tombe bien, elle lui rend service.
— Je sais que tu ne veux plus me parler, mais je pense que j’ai le droit de m’expliquer…
Sa voix est traînante, n’importe qui entendrait qu’il a picolé.
— Je veux bien reconnaître que j’ai merdé, mais ton frère ne vaut pas mieux, c’était son idée. Et pour ma défense, une semaine après t’avoir rencontrée, je lui ai dit que j’arrêtais ! Je ne voulais plus que ce soit un boulot. Je ne savais pas que c’était lui qui… c’est ton frère, bordel ! Mon patron est ton frère ! J’en avais aucune putain d’idée ! Je crois que je vais vomir… Y’avait du punch à la soirée et franchement, il était dégueulasse… J’aurais jamais dû mélanger avec la bière… Attends, je me lève… Oh, putain, j’ai la tête qui tourne… On dirait une nana qui ne picole jamais ! Tu vois ce que tu me fais ? T’étais vraiment obligée de m’ignorer aujourd’hui quand on s’est vus ? Tu vas faire ça à chaque fois ? Parce que… merde… tu l’écouteras même pas ce message, je vois pas pourquoi je me fais chier à essayer de te convaincre, tu m’as rayé de ta vie. Ben tu sais quoi, t’es sûrement mieux sans moi…
— Votre message est trop long, veuillez le réenregistrer.
— Pétasse ! hurle-t-il à la voix mécanique qui lui annonce tranquillement qu’il a parlé pour rien depuis dix minutes.
Je rêve de te couper la bite et de te la faire bouffer. Je ne le ferai pas, parce que la différence entre une psychopathe et moi, c'est que je me contente d'en rêver et que je ne passerai pas à l'acte. Par contre, si jamais tu remontes plus haut que ça, je te promets que tu seras le premier à assister à mon passage du côté obscur de la force.
Il baisse les yeux vers son entrejambe et s'énerve:
- Putain de bite de merde ! Tu vois le foutoir dans lequel tu me mets, là ? Bordel !