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Critique de lunch


Ma lecture du premier tome de K.O. à Tel Aviv m'avait laissé un sentiment de frustration. Il était évident que l'auteur, Asaf Hanuka, poursuivait son travail auprès des quotidiens israéliens. Je ne m'attendais cependant pas à ce que Steinkis, l'éditeur de ce livre, en publie un second, d'autant plus que l'album n'appelait pas nécessairement une suite.
C'est pourtant bien de ce tome 2 dont je m'apprête à vous parler.
Mon ressenti à demi-teinte s'est-il étiolé depuis ? Je crains que non...

Rapidement, je me suis rendu compte que j'avais pour ce livre les mêmes agacements que pour le premier, à savoir un manque de cohésion d'ensemble, une impression de lâcheté dans le propos et probablement aussi une grande difficulté empathique vis-à-vis du personnage/auteur.

Pourtant, je reconnais toujours une incroyable force dans ces illustrations pleine page, dans ces paraboles qui parviennent à nous toucher sans un mot sinon le titre. « Ceci n'est pas un oiseau » est tout à fait évocateur du ballet aérien des avions de chasse : alors que le fils, revêtant le costume de Superman, pointe le doigt en l'air, le père regarde le ciel avec anxiété.
Ces instantanés mêlant l'imaginaire et le quotidien ont bien plus d'impact chez moi que la plupart des strips présentés, pour qui j'éprouve un goût d'inachevé, voire d'incompréhension.

J'ai bien essayé de me raccrocher au personnage (l'auteur se dessinant lui-même avec sa famille) mais sa vie n'est ni dépaysante ni attrayante. Il ne donne pas envie qu'on s'y projette, multipliant les aspects négatifs d'une résidence en Israël (bien loin des aspects dépeints par Guy Delisle dans ses Chroniques de Jérusalem qui, bien que parfois similaires, nous paraissent tellement plus avenants...). L'insouciance du gamin contraste tant avec la peur des bombes et d'une guerre imminente, avec l'angoisse d'être père pour la deuxième fois, avec l'argent qui manque désespérément...
Ce sentiment d'angoisse permanente me dérange. Il donne l'impression d'être entretenu, insoluble... normal.
Asaf Hanuka se sent constamment persécuté, lui qui couvre sa fille quand ils sortent pour que personne ne remarque ses yeux bleus (mais qui paradoxalement en témoigne dans ses parutions), lui qui a peur qu'on le touche, qui est anxieux pour le moindre soupçon...

Pourtant, l'auteur se pose parfois des questions. Quand il évoque le dessinateur Mohamed Saba'na, emprisonné pour raison de propagande « pour la paix », il se dit que le métier peut être dangereux si on ne fait pas attention, ce qui n'est pas sans rappeler le cas de Mana Neyestani (Une métamorphose iranienne).
Pour autant j'ai l'impression qu'Hanuka se défile. Il montre mais ne dénonce pas vraiment. Certes la vie est compliquée et l'enfermement de son confrère plaide pour son raisonnement, mais je ne pourrai pas moi-même renier mes pensées et taire ce qui me paraît insoutenable.

« J'ai envie de pleurer, mais à la place, je baille. »


Quel avenir pour Israël en 2031 ?

Asaf Hanuka, par le biais d'une courte histoire de 10 pages (ce qui contraste avec le standard « planche » du reste de l'album), essaie de percevoir l'avenir de Tel Aviv.
Il en résulte une société futuriste où l'on s'aperçoit vite que rien ne change : les enfants deviennent des adultes et ont toujours la nostalgie des objets qui ont bercé leur jeunesse, les minots n'ont que faire des vieilleries et veulent grandir trop vite. Dehors, changer de quartier c'est un peu changer de monde et les manifestations sont toujours présentes, encadrées par des forces de l'ordre campées dans leurs bottes et leurs directives à oeillères. Cliché ? Oui, sans doute, mais ce qui est vrai aujourd'hui à Tel Aviv a de fortes chances d'être encore vrai demain.

Alors que la guerre dans la bande de Gaza tue des milliers de palestiniens empilés les uns sur les autres dans des villes trop petites pour les accueillir, Asaf Hanuka vit dans un climat de peur permanent. le tir de roquette qui ne serait pas intercepté par le dôme de fer ? Certaines planches (voir 90 secondes) laissent présager que l'état entretient cette ambiance délétère.
Nous sommes pourtant loin des préoccupations des palestiniens, de Cisjordanie ou de Gaza...
Lien : http://bendis.uldosphere.org..
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