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Citations sur L'île aux mensonges (24)

Lambert finit par remarquer qu'il avait distancé ses invités, et il revint sur ses pas.
- Pardonnez-moi! lança-t-il. Je suis d'un tempérament désespérément agité. Il faut que je bouge sans cesse.
- Cela ne vos empêche-t-il pas de dormir ? s'enquit Myrtle.
- Oh, si. Cela fait des années que je ne dors guère plus de deux heures par nuit, malgré tous les efforts des médecins. J'aurais certainement fini par dépendre du laudanum. Dieu merci, j'ai maintenant ma chère épouse, qui exerce sur moi une influence merveilleusement calmante. dès qu'Agatha commence à parler, je me surprends à bâiller.
Faith doutait que sa «chère épouse» le remercie pour ce compliment.
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"Oh, mais c'est impossible, se dit Faith. Je ne dois pas céder à cette chose !"
Faith l'appelait toujours en elle-même "cette chose". En lui donnant un autre nom, elle aurait craint de lui conférer une emprise encore plus forte. Elle avait conscience qu'il s'agissait d'une véritable manie, à laquelle elle décidait sans cesse de renoncer - sans jamais y parvenir. Cette chose était aux antipodes de la Faith que le monde connaissait. Faith, l'enfant sage, un vrai roc. Tellement terne, fiable et digne de confiance.
Le plus difficile, c'était de résister aux occasions inattendues. Une enveloppe laissée sans surveillance, d'où dépassait la lettre immaculée, tentatrice. Une porte non fermée à clé. Une conversation oublieuse des éventuelles oreilles indiscrètes.
Faith avait comme une faim en elle, alors que les filles ne devaient pas avoir faim. Elles étaient censées grignoter avec modération lors des repas, et leur esprit aussi était censé se contenter d'un régime frugal. Quelques mornes leçons données par des institutrices fatiguées, quelques promenades ennuyeuses, des distractions d'écervelées. Mais pour Faith, cela ne suffisait pas. Le savoir - n'importe quel savoir - l'attirait irrésistiblement. Et elle trouvait un plaisir aussi délicieux qu'empoisonné à le dérober à l'insu de tous.
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Elle avait l'impression d'avoir été écorchée. Tous ces sentiments et ces pensées qu'elle avait refoulés pendant des années s'étaient exprimés... pour être réduits à néant en une apocalypse sans pitié. Elle ne savait plus ce qu'elle ressentait.
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Faith était la fille d'un naturalise et savait ce que le médecin voulait dire. Le monde avait bel et bien changé. Son passé avait changé - et tout le reste avec lui. Autrefois, tout le monde connaissait l'histoire de la Terre : elle avait était créée en une semaine, et l'homme avait été chargé de la gouverner. Et l'histoire du monde ne pouvait évidement pas remonter à plus de quelques millénaires...
Puis des scientifiques avaient découvert combien de temps il fallait à la roche pour se plier comme une pâte feuilletée. Ils avaient trouvé des fossiles, et d’étranges crânes d'hommes difformes, au front fuyant. Après quoi, alors que Faith avait cinq ans, un livre sur l’évolution appelé De l'origine des espèces avait paru et ébranlé le monde, qui avait été secoué comme un bateau touchant le fond.
Et le passé inconnu avait commencé à s’étendre. Des dizaines de milliers, des centaines de milliers voir des millions d'années...
Et plus les temps obscurs s’étendaient, plus la glorieuse humanité rétrécissait. L'homme n'avait pas été présent dès le début, et la création ne lui avait pas été offerte. Non, il n'était qu'un tard-venu, dont les ancêtres s’étaient péniblement arrachés à la boue pour se traîner sur la terre.
La bible ne mentait pas. Tout scientifique honnête et pieux le savait. Mais les roches, les fossiles et les ossements ne mentaient pas non plus, et on avait de plus en plus l'impression qu'il ne racontaient pas la même histoire.
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Le bateau avançait à un rythme implacable, qui donnait la nausée à Faith. Il lui rappelait quelqu'un en train de mâcher avec une molaire pourrie, et les îles elles-mêmes, à peine visibles dans la brume, avaient l'air de dents. Rien à voir avec les belles dents impeccables des falaises de Douvres. Celles-la étaient usées, cassées, et surgissaient de travers au milieu des remous de la mer grise et agitée. Le ferry progressait à travers les vagues en haletant obstinément, non sans maculer de fumée le ciel.
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Les femmes et les filles étaient si souvent oubliées, inaperçues, secondaires. Faith elle-même en avait profité pour se cacher en pleine lumière et mener une double vie. Toutefois, elle avait été aveuglée par exactement la même évidence invisible, et elle ne s'en rendait compte que maintenant. (p. 343)
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Faith apprenait une chose intéressante sur les fantômes. Ils étaient comme des boules de neige : une fois lancés, ils voyaient grossir autour d'eux les légendes. (p. 192)
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Même si l'oncle Miles ne les avait pas averties, Faith n'aurait eu qu'à pénétrer dans la maison pour comprendre qu'une tempête se préparait. Les silencieux ont un sens de l'atmosphère qui fait défaut aux gens bruyants. Ils sentent les sautes de vent dans les conversations et frissonnent dans l'air glacé des ressentiments inexprimés. (p. 97)
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- Plus le crâne est gros, plus l'intelligence est développée, poursuivit le médecin, emporté par son sujet. Vous n'avez qu'à regarder la différence de taille entre le crâne de l'homme et celui de la femme.Le crâne de l'homme est plus gros, ce qui montre sa supériorité intellectuelle.
Le médecin sembla soudain se rendre compte qu'il manquait de tact.
- L'esprit féminin est tout à fait différent, ajouta-t-il en hâte, et certes délicieux à sa manière ! Mais un intellect trop développé le gâterait, l'alourdirait, comme une pierre dans un soufflé.
Faith rougit. Elle se sentait accablée et trahie. Trahie par la science. Au fond d'elle-même, elle avait toujours cru que la science, , contrairement aux gens, ne la jugerait pas. Les livres de son père s’étaient ouverts sans protester sous ses doigts. Les revues ne s'étaient pas dérobées à son regard trop féminin. Mais apparemment la science l'avait soupesée, étiquetée et jugée défectueuse. La science avait décrété qu'elle ne pouvait être intelligente... et que si jamais elle l’était, par miracle, cela signifierait qu'elle avait en elle une tare terrible.
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Faith découvrait qu'un mensonge était comme un feu. Au début, il avait besoin d'être entretenu et alimenté, mais en douceur, avec circonspection. Un souffle léger attiserait les flammes naissantes, mais trop d'air les éteindrait. Certains mensonges prenaient si bien qu'ils se répandaient avec un crépitement allègre, sans qu'il fût besoin de les alimenter davantage. Mais, du coup, ils ne vous appartenaient plus. Ils vivaient leur propre vie et échappaient à votre contrôle. (p. 265)
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