Il franchit à toute allure le rideau d'arbres, parcourant à grandes enjambées le sentier si souvent emprunté, insensible aux coups de fouet et aux gifles assénées par les branches qui dépassaient çà et là. Il atteignit la rivière, le souffle court, et s'arrêta net sur la berge...
Le cours d'eau majestueux n'était plus qu'une cicatrice poussiéreuse. Le lit totalement sec s'étirait en aval comme en amont, ses méandres sinueux traçant le chemin jadis emprunté par les flots. La cuvette creusée au fil des siècles n'était plus qu'un patchwork craquelé de roc et de mauvaise herbe. Le long des rives, des racines d'arbres noueuses et grisâtres étaient à nu, entrelacées comme des toiles d'araignée...
Cette même eau dans laquelle Luke et lui se plongeaient chaque été, s'aspergeant mutuellement, se délectant de sa fraicheur. Cette eau qu'il ne quittait pas des yeux des heures durant, fixant les lignes de pêche animées d'un mouvement hypnotique, sentant le poids solide et rassurant de son père contre son épaule...
Falk essaya de prendre une longue inspiration, mais dans sa bouche l'air avait un arrière goût chaud et écoeurant. Sa propre naïveté le terrassa tel un accès de folie. Comment avait-il pu s'imaginer que de l'eau fraîche coulait encore près de ces fermes quand une bonne partie partie de leur bétail gisait mort dans les champs ? Comment avait-il pu se contenter de hocher bêtement en entendant le mot sécheresse répété à l'infini, sans que jamais lui vienne à l'esprit l'idée que la rivière était à sec ?
- C'est ça le drame avec les problèmes d'argent, c'est contagieux. Les fermiers n'ont pas de fric à dépenser dans les magasins, les commerces font faillite et, du coup, il y a encore moins de gens qui ont de l'argent à dépenser dans les magasins. Apparemment, ils sont tombés comme des dominos.
"Il n'avait pas changé", tels étaient les mots qui venaient aussitôt à l'esprit. Mais les trois cercueils racontaient une toute autre histoire.
Mais vous savez, dans ce bled paumé, à minuit, face à des mecs bourrés qui cherchent la bagarre, vos plaques de police ne valent plus grand-chose, si vous voyez ce que je veux dire.
- Je ne pense pas que vous soyez en état de conduire.
- Je suis venu en deux-roues.
- À moto ?
- Bien sûr que non, vous oubliez que je suis enseignant. À vélo.
C’est ça le drame avec les problèmes d’argent, c’est contagieux. Les fermiers n’ont pas de fric à dépenser dans les magasins, les commerces font faillite et, du coup, il y a encore moins de gens qui ont de l’argent à dépenser dans les magasins. Apparemment, ils sont tombés comme des dominos.
- Il faut dire que c'est coton pour se dégoter un mec potable à Kiewarra. Le vivier est limité. C'est tout au plus une flaque boueuse.
La vie était un savant dosage entre les pour et les contre.
- Je l'aimais .
- Et depuis quand est-ce que cela empêche de faire du mal aux gens ?
"Ici, il n’est pas tombé une goutte de flotte depuis une éternité. Ça fini par rendre tout le monde dingue. »