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Critique de JulienL0710


L'essai de Kyle Harper, de manière inévitable, agit sur nous comme un miroir face aux temps que nous traversons.
Jusqu'à présent la chute de l'Empire romain nous était contée comme la conséquence de la décadence de ses dirigeants et de son goût immodéré pour la luxure. Une vision un peu romancée et certainement moralisatrice de nos vices.

Kyle Harper va plus loin que la vision humaine de ce déclin. Il nous l'explique en y intégrant des forces qui nous dépassent et qui pourtant sont le fruit de notre expansion, économique certes mais également territoriale et démographique. Car l'Empire romain s'est étendue jusqu'aux confins du monde connu et a entraîné avec lui l'ensemble de l'humanité, exceptée, cela va de soi, ceux d'Amérique échappant ainsi aux bouleversements provoqués par l'appétit romain.
Ces forces sont celles que nous percevons de loin comme un bruit sourd qui nous accompagne dans chacune de nos actions. Ces bruits dérangeants sont les changements climatiques et les maladies pandémiques qui déjà du temps des Romains étaient perceptibles en arrière fond d'un monde de plus en plus interconnecté. Ainsi la peste antonine du IIIème siècle qui a vue éclore, de manière irrévocable, le Christianisme comme réponse religieuse face à un mal qui nous semblait incurable et venu de loin. Nos rapports ont dès lors été bouleversés pour affronter une mort de masse qui n'épargnait personne, pas même nos dirigeants que l'on pensait semi-divins. Seule réponse possible, la fraternité qu'offrait cette religion basée sur l'amour de son prochain.

Ainsi, Kyle Harper détourne notre vision humano-centrée sur un événement majeure de notre histoire. Et son essai résonne comme un avertissement ou mieux, comme une préparation face à ce qui va inexorablement se produire. Comme la montée d'un extrémisme religieux pour répondre à des problèmes qui semblent échapper aux hommes. Et comment ne pas voir un préambule à ce qui nous attend quand Kyle Harper nous évoque l'invasion des Huns vus comme les premiers réfugiés climatiques de l'Histoire, poussés vers l'Ouest afin d'échapper au « Dust Bowl », ces fameuses tempêtes de poussière ? Ces « barbares » pour les Romains porteurs de la civilisation sont intervenus dans leurs affaires, non pas uniquement par opportunisme mais avant tout par nécessité afin de fuir la fatalité.

Enfin, comment ne pas voir comme un message évident nous étant lancés à la page 403 :« Les hiérarchies bien distinctes caractéristiques de la structure sociale romaine se sont embrouillées, cédant la place à une opposition drastiquement simplifiée entre les possédants et ceux qui n'avaient rien » ? À méditer…



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