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Critique de JIEMDE


Un polar magistral !

"L'adieu à Resnick" annonce le bandeau rouge entourant le livre. John Harvey le dit dans sa postface, il est temps pour son flic fétiche, Charlie Resnick, de prendre du recul après vingt-cinq années de présence dans les romans et nouvelles de son créateur. Et si le livre s'ouvre sur une scène d'enterrement, Harvey a le bon goût de ne pas faire mourir Resnick mais de le laisser posé sur son banc, dans un square de Nottingham, rêvant de la seule passion qui lui reste : le jazz.

Ténèbres, ténèbres est un vrai polar noir : l'histoire est sombre, les personnages aussi et l'espoir ne montre que rarement le bout de son nez. L'intrigue, remarquablement construite sur un rythme lent (on est loin du page turner...) se développe selon deux axes-temps.

Dans le premier, contemporain, une femme - Jenny Hardwick - considérée comme disparue depuis trente ans est retrouvée par hasard, enterrée sous la terrasse d'un pavillon. Resnick reprend alors bénévolement du service pour assister Catherine Njoroge, chargée de l'enquête. Peu de pistes sinon des fausses, des témoins aux abonnés absents et des moyens limités puisque finalement, personne ne tient vraiment à élucider les travers du passé.

Parallèlement, on suit la vie au quotidien de Jenny en 1984, lors de la grande grève des mineurs anglais que Thatcher avait décidé de faire plier. Si cette histoire finira par donner peu à peu la clé de l'énigme, elle est remarquablement documentée sur cette période trouble. La grève dure, les affrontements avec la police sont quotidiens, les "jaunes" font l'affaire du gouvernement (il faut bien manger...) et les femmes se jettent dans la bataille. Les consciences se forgent ou se défont. Un monde est en train de basculer.

Et c'est là qu'Harvey excelle : dans la description très fouillée de ses personnages, ceux d'il y a trente ans comme ceux d'aujourd'hui. Jenny et toutes les autres femmes, passionnées autant que déboussolées. Catherine, brillante inspectrice, confrontée au sexisme, au racisme et à la violence. Et Resnick, qui traverse le livre avec le regard désabusé de celui qui a tout vu, trop vu.

Oui, après 1984, le monde a basculé en Angleterre. Mais les gens ont-ils changé pour autant ?

"Mécanique" parfaitement ficelée, écriture extrêmement soignée, profondeur des personnages et ambiance léchée : ce livre de John Harvey est impérativement à lire pour qui apprécie les polars "Plus" : ceux qui sont des grands livres avant d'être des polars.
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