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Critique de 5Arabella


Au tout début du roman, le professeur Thrale évoque ce passage de la planète Vénus en 1769 devant le soleil, qui aurait été à l'origine de la découverte de l'Australie par le capitaine Cook, parti observer ce rare phénomène astronomique. Mais Vénus étant capricieuse, il n'en a pas observé grand-chose mais découvert un continent.
Le roman évoque la vie de deux soeurs originaires d'Australie, Grace et Caroline (Caro). Leurs parents meurent dans le naufrage d'un bateau, lorsqu'elles sont encore enfants, et c'est leur demi-soeur, Dora, qui les élève, les marquant à jamais de son sadisme culpabilisant. Elles viennent en Grande-Bretagne, Grace épouse le fils du professeur Thrale, Christian, un haut fonctionnaire diplomate, et Caro devient une femme indépendante, travaillant dans un ministère, vivant des aventures amoureuses, puis épouse un Américain très riche.

Shirley Hazzard nous dépeint leurs vies, par petites touches, à des moments soigneusement choisis. Elle le fait d'une façon subtile et délicate, évoquant des sensations, un univers intérieur, plus que des événements en tant que tels. Elle capte l'évolution des personnages, leurs changements, leur maturation, la perte des illusions et des espoirs, en même temps que des instants de bonheur ou d'apaisement. Mais le goût de cendre et l'insatisfaction dominent. Il est difficile de faire les bons choix, surtout qu'au moment où les choses se décident, on en est rarement conscient, c'est rétrospectivement que l'on sait que l'on c'était trouvé à un carrefour.

Shirley Hazzard a une écriture bien à elle, fait d'élégance et de distance, d'une très légère ironie, une façon de procéder par petites touches, comme dans un tableau impressionniste, et il faut se placer à une certaine distance pour appréhender les choses dans leur globalité. Cela demande un effort de concentration, mais le livre en vaut le coup, on est peu à peu happé dans ce récit sensible et fin, où à la fois on sent que l'auteur est en empathie avec ses personnages, mais en même temps elle les traquent pour mettre en lumière tous leurs secrets, leur vérité intérieure, même la moins flatteuse. Cela donne des portraits d'une extrême justesse, même si c'est mélancolique, comme le temps qui passe.
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