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Critique de Corboland78


Luke Healy, né à Dublin en 1991, est un auteur de BD irlandais. Americana, qui vient de paraître, est un roman graphique, une expression assez floue désignant ici, l'enfant bâtard né de l'union d'un roman avec une BD, c'est-à-dire de petites pages de texte habilement mariées avec des planches de dessins.
L'auteur, enfant de la "génération immigration" pour cause de crise économique en 2008, nous plonge à travers son histoire personnelle et familiale, dans l'histoire de l'Irlande et ses différentes vagues d'émigrations forcées, sur plusieurs générations. Lui-même, imprégné de la culture de ce pays par les films et les romans, a séjourné plusieurs fois aux Etats-Unis pour ses études et trouver du travail, mais quand le visa de sa carte de séjour arrivait à terme, triste retour à la case départ à Dublin.
En 2016, notre héros se lance dans un projet insensé pour fous furieux, se faire le Pacific Crest Trail (PCT). Un sentier de grande randonnée de l'ouest des Etats-Unis qui court de la frontière mexicaine à la frontière canadienne sur près de 4 240 km. Il parcourt la plus grande partie de la Sierra Nevada et de la chaîne des Cascades (Cascade Range). le Pacific Crest Trail est situé à 200 km de l'océan Pacifique, parallèle à celui-ci. Son point le plus haut culmine à 4 000 mètres d'altitude, au col Forester, dans la Sierra Nevada. Conçu en 1968 lors de la création du National Trails System par le Congrès américain (il en existe huit en 2008), ce titre lui fut attribué car il traverse de nombreux (25) parcs naturels. Il a été officiellement terminé en 1993 et c'est l'un des trois plus longs et célèbres sentiers américains.
Cinq mois de marche, avec un lourd sac à dos, à travers des déserts où l'on crève de chaud, escaladant des cols de montagnes où il neige, dans des forêts profondes, traversant des rivières etc. Nombreux sont ceux qui se risquent sur ces sentiers, beaucoup abandonnent rapidement, les autres avancent comme ils peuvent, seuls ou par petits groupes qui s'étirent, se cassent puis se regroupent plus loin. Luke en bave, le corps souffre, l'esprit souffre, puis lentement la machine humaine s'habitue à ce rythme.
Le périple est pleins d'anecdotes souriantes, de rencontres avec les autres trekkeurs, des petits trucs imposés par cette vie (transporter ses excréments dans un sac jusqu'à ce qu'on trouve une poubelle, pour éviter que les animaux ne les déterrent si on les laisse sur place…). le marcheur ne se la pète pas, bien au contraire, souvent il se sent coupable, de faire du tourisme là où les migrants mexicains risquent leur vie, ou bien d'être dépanné par d'autres randonneurs… Les émotions sont aussi du voyage, quand Luke apprend que son grand-père est mourant, doit-il abandonner ou rentrer en Irlande ? Quand la fatigue et la souffrance sont trop fortes, peut-il rendre les armes ?
Un « pèlerinage » en forme d'exorcisme, l'homme abandonne ses rêves d'enfant sur cette Amérique fantasmée dont il esquisse quelques dessous pas toujours reluisants. Un bien beau bouquin.

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