Je suis une épave. Mais une épave plutôt solide. Ce corps usé, fatigué mais solide devrait encore me tenir une semaine. Il a beau protester, il ne m'a jamais lâché.
Quand je suis retourné en Irlande, je ne connaissait pratiquement plus personne. Tous les mecs de mon âge étaient partis. Ils avaient migré aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en France ou au Japon… Pour les journaux, on était la « génération immigration », la nouvelle génération sacrifiée, celle de la crise financière de 2008. Impossible de trouver un job à Dublin. Le chômage des jeunes dépassait les 20%. La plupart d’entre eux n’avait pas d’autre choix que de partir. Jusqu’à mon départ pour le PCT, j’ai moi-même postulé à plus d’une centaine d’offres et je n’ai obtenu qu’un seul entretien. Sans décrocher le poste au bout du compte. Les employeurs étaient submergés de candidats surqualifiés. Dans un cinéma, on m’a sorti que je n’étais pas assez diplômé pour vendre tickets et popcorn… Par rapport à mes concurrents directs, du moins.
Cette langue de terre américaine sera mon foyer pour les cinq prochains mois. Le compte à rebours a déjà commencé.
Mais mieux vaut ne pas y penser.
J'accepte du Coca de la part d'inconnus, je fais du hors-piste... C'est mes parents qui seraient fiers.
Je culpabilise de faire du tourisme dans un endroit que d'autres essaient d'atteindre au péril de leur vie.
Je marche sur l'aqueduc de L.A. Avec derrière moi le groupe de Stacy...
Ça fait bizarre de se dire qu'on marche sur l'approvisionnement en eau de toute une ville.
Chaque goutte qu'ils utilisent pour arroser leurs jolies pelouses file sous nos pieds.
- On a fait la moitié !
- Seulement la moitié ? Ah.
Tu aurais mieux fait de t'entraîner au lieu de manger des Pringles, gros malin.
Est ce que Sisyphe devait aussi enterrer sa merde ?