AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de TheWind


Jeudi 27 octobre 2022 – Oradour-sur-Glane

Lorsque nous poussons les portes pour accéder au village martyr, la première chose qui nous est donnée à voir, ce sont les visages des 642 victimes d'Oradour-sur-Glane.
Le silence est de mise dans ce grand couloir où nous faisons la connaissance avec ces femmes, ces hommes , ces enfants...ces familles innocentes. Des sourires timides, des regards sérieux, des prunelles malicieuses.
Mon coeur se serre.

Mes premiers pas dans le village sont difficiles.
Les premières ruines sont celles d'un corps de ferme.
J'avance lentement comme si je voulais éviter l'inéluctable. Mais, il est important d'être là. Pour rendre hommage à tous ces habitants dont la vie a basculé en quelques heures.

On pourrait penser que le village est désert mais ce n'est pas le cas. Il y a les gens qui, comme nous, marchent, le long des maisons ravagées, d'un air recueilli ; ceux qui répondent aux questions ou aux remarques naïves et spontanées de leurs enfants ; ceux qui s'interrogent…
Mais il y a surtout cette atmosphère lourde qui plane.

Chaque maison porte en elle les stigmates de sa vie antérieure, de celle qui se « déroulait avec douceur et en pleine osmose avec la nature. » Oradour était un village en plein essor, agréable et où il était bon de séjourner, selon Robert Hébras, le dernier rescapé du drame qui eut lieu le samedi 10 juin 1944.
Et comme derniers vestiges de ce passé paisible, les cadavres rouillés des machines à coudre Singer, de quelques lits en fer, d'une bicyclette reposant contre un mur, des outils du charron ou encore du forgeron…

J'avance vers l'école des filles. Mes larmes coulent.
A cette époque, il y avait école le samedi toute la journée. Les écolières et leur maîtresse ont dû abandonner leurs pupitres pour suivre les SS jusqu'au Champ de Foire et retrouver leurs mères inquiètes. Quelques heures plus tard, elles se retrouveront dans l'église du village et ne pourront échapper à leurs tortionnaires.
Je caresse l'écorce d'un arbre imposant et fendu devant l'école. J'ai besoin de sentir la sève qui bat.

Nous descendons la rue Emile Désourteaux. Une rue riche de commerçants : coiffeurs, marchands de tissus, restaurants, cafés, garagistes, boulangers, grainetier, forgeron...Chaque maison porte une plaque indiquant le métier de ceux qui vivaient là.
Le temps semble suspendu.
Lorsque le Général de Gaulle se rendit sur le site, il prit la décision de conserver les ruines pour que les générations futures n'oublient pas. Des ouvriers , des maçons sont là pour garder les ruines intactes, pour que le temps ne puisse pas faire son office de maître de l'oubli.

L'église est justement en réfection. Nous ne pouvons pas y pénétrer. C'est peut-être mieux ainsi…

A quelques pas du cimetière, je lève les yeux vers le ciel. Deux corbeaux croassant survolent le village.

Près du cimetière, un musée abrite les objets retrouvés dans les décombres. Autant d'objets de la vie de tous les jours qui figent à jamais l'espoir apporté par la nouvelle du débarquement des Alliés quatre jours auparavant.

Nous finissons par l'entrée du village. La poste, la gare d'arrêt du tramway sur laquelle ne restent plus que les lettres ORA…….. G…..E, la maison du docteur qu'on devine cossue, celle du notaire n'ont pas été plus épargnées.
Les SS, ce jour-là, ne se contentèrent pas de massacrer la population. Ils pillèrent les maisons puis y mirent le feu.

C'est le coeur lourd et tourmenté que nous quittons les lieux et que nous nous dirigeons vers la librairie pour l'achat de quelques livres.
Ce fascicule, notamment, écrit par Robert Hébras, le dernier rescapé vivant de ce massacre, qui raconte heure par heure le drame du 10 juin 1944.
C'est avec ses mots que je terminerai ce billet :

«  Aujourd'hui, Oradour-sur-Glane est un gros bourg qui a su relever le défi de la vie. Deux mille personnes y vivent. le souvenir du massacre est entretenu par la proximité des ruines, mais la vie a repris le dessus. Plusieurs centaines de milliers de personnes se rendent chaque année dans le village martyr ; souhaitons de tout coeur, qu'elles permettent de ne pas oublier les ravages qu'engendrent le fanatisme et l'intolérance. »

Commenter  J’apprécie          283



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}