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Critique de Arakasi


En 1691, un bateau rempli d'immigrants se fracasse sur l'île de Manhattan au nord du continent américain. Des dizaines de corps sont rejetés sur le rivage, mais, la nuit venue, les cadavres se relèvent et viennent dévorer les membres de la tribu d'indiens résidant sur l'île. Un seul rescapé parvient à s'enfuir et à rallier une ville de colons pour témoigner du massacre. La rumeur ne tarde pas à se répandre dans tout le continent comme une trainée de poudre: les Ténèbres sont arrivées aux Etats-Unis et elles comptent bien y élire résidence…

Ainsi débute « Bloodsilver », fruit de la collaboration de deux écrivains français, Johan Héliot et Xavier Mauméjean (publié sous le faux nom de Wayne Barrow). A partir d'un présupposé original – l'arrivée et l'installation d'une communauté de vampires aux Etats-Unis à la fin du XVIIe siècle – le roman va retracer trois siècles d'Histoire américaine. Afin de couvrir cette grande période temporelle, les auteurs ont pris un pari difficile consistant à diviser leur récit en une douzaine de petites nouvelles faisant chacune référence à un moment-clé ou un personnage mythique de la conquête de l'Ouest : Billy the Kid, « Doc » Holliday, les frères Dalton (ignare que je suis, je ne savais même pas que les frères Dalton avaient réellement existé), Wyatt Earp, etc… A ces noms prestigieux se mêlent les destins de pauvres anonymes, blancs ou noirs, colons ou indiens, dont les existences seront bouleversés par l'avancée des vampires à travers les terres américaines. Afin de donner davantage de consistance à cette étrange uchronie, les auteurs ont également intercalé entre les nouvelles des extraits d'articles ou de travaux fictifs d'historien.

Cette construction pourrait rebuter certains lecteurs – plusieurs décennies pouvant s'écouler entre deux nouvelles, les mêmes personnages apparaissent rarement d'un récit à l'autre, si ce n'est sous forme de légendes – mais elle apporte également beaucoup de richesse au roman. Personnellement, je me suis laissée complétement captiver par cette sanglante revisitation de l'Histoire américaine (quoique, à bien y réfléchir, pas tellement plus violente que l'originale). L'historien amateur notera avec amusement des divergences très inattendues : par exemple, l'Amérique de « Bloodsilver » n'a pas connu la guerre de sécession, les frictions entre les communautés vampire et humaine étant si importantes qu'elles ont fini par éclipser les haines entre le Sud et le Nord. A noter également l'excellent style des auteurs à la fois littéraire et très cru. le Far West c'est pas pour les lopettes, moi j'vous le dis !

Pour conclure, une fresque historico-fantastique très réussie. Elle plaira peut-être davantage aux amateurs de Western et d'Histoire américaine qu'aux fanas de fantasy pure et dure, mais reste une excellente découverte, en qui me concerne.
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