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J'aime faire des lectures qui remettent en question certaines certitudes, je pensais ne pas avoir d'intérêt pour les uchronies, j'évitais d'ailleurs consciencieusement le genre jusqu'à présent, il me manquait simplement le bon titre et le malentendu qui a permis cette rencontre.
Pour ce qui est de l'uchronie, l'auteur revisite la colonisation du nouveau monde par les européens du 17ème siècle et parcourt l'histoire de ce qui deviendra les Etats-Unis d'Amérique jusqu'en 1907 en y ajoutant un ingrédient supplémentaire de taille.
Que se serait-il passé si les vampires de la vieille Europe avaient débarqué en même temps que les premiers colons ?
La très bonne idée de Johan Heliot sera de mettre en scène plusieurs figures emblématiques de l'Amérique, et ce, de façon chronologique en commençant par le procès des sorcières de Salem, le règlement de compte à OK Coral avec Doc Holliday et les frères Earp, ou encore le massacre de Wounded Knee. L'auteur va aussi revisiter les biographies de Billy the kid, des frères Dalton ou encore Mark Twain (l'auteur des "Aventures de Tom Sawyer"), j'ai aussi beaucoup apprécié l'histoire de la firme "Winchester", très instructive.
Du point de vue scénaristique c'est parfait ! La lente progression de l'emprise sur le nouveau monde des "Brookes", surnom donné aux vampires, est d'une logique implacable et inéluctable. Ils ont pour ainsi dire l'éternité devant eux et finiront probablement par épuiser toute résistance, notamment celle de la "Horde sauvage" créée pour éradiquer les vampires et que nous verrons s'opposer à l'avancée du convoi.
Le convoi transportant l'argent est le fil rouge du récit, car le nerf de la guerre est la seule arme efficace contre les vampires : l'argent, celui qui permet de fabriquer les seules balles létales contre cet adversaire immortel ou presque, argent que les brookes chercheront à s'accaparer partout où des gisements seront découverts...
Les brookes auront aussi besoin d'étendre leur influence pour asseoir leur emprise et se parer d'une aura de respectabilité, il faudra donc "museler" la presse et la littérature, ce qui sera évoqué dans les chapitres consacrés à Mark Twain, ce scénario ne laisse rien au hasard, et à l'arrivée cette lecture se révèle addictive !
Si j'ai aimé cette lecture, c'est aussi en raison du style qui me convient à merveille, clair et concis, agréable et bien écrit, bref, pour ce qui me concerne c'est parfait.
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Etant donné que j'ai acheté ce livre il y a des lustres, et que je l'ai attrapé dans ma PAL sans relire le 4ème de couverture (ce qui est une excellente méthode de lecture quand on n'aime pas être spoilé), je me souvenais juste que c'était une uchronie se passant à l'époque des westerns.

C'est donc avec surprise que j'ai avancé au fil des pages.
Ce n'est pas un roman. Ce ne sont pas des nouvelles non plus. C'est un édifice, une construction, étrangement bâtie, certes, mais innovante et très intéressante.
Tous les grands noms des époques successives y sont, bien dépeints, époques rudes, hommes rudes, et c'est drôlement bien fait. On se balade d'époque en époque, de personnage en personnage, ils sont tous différents même si similaires, on croise tous les grands bandits de "légende" qui, ici, se révèlent être une sorte d'association de "chasseurs de vampires", rétrogrades, par rapport au sens de l'évolution de l'Histoire (la "fausse"), et qui refusent de s'adapter.

Je ne connais pas tous les événements dont il est question dans ce livre (mais quelques-uns, quand même, comme la fusillade d'Ok Corral), mais je suppose que tous ont été étudiés et exploités au mieux par les auteurs, notamment les circonstances des décès de tous ces hors-la-loi, parfaitement adaptés à l'uchronie ici inventée...

A dire vrai, j'ai adoré l'ensemble des "époques". Sauf une, que je n'ai pas compris, celle de la "veuve Winchester" et sa baraque pour les fantômes (mais quelle écriture fabuleuse !), une allégorie qui a du m'échapper, mais en ce moment je suis pas au top...

A part celle-là, je me suis régalé. Je découvre deux auteurs de talents que je ne connais pas (ou peu pour Heliot), et j'avoue que ça m'a donné envie d'en découvrir plus, de chacun d'eux.
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Avec « Bloodsilver », Johan Héliot et Xavier Mauméjean (qui se cachent ici sous le pseudonyme de Wayne Barrow) tissent une magnifique fresque relatant ce qu'aurait pu être l'histoire des États-Unis si les « Brookes » (comprenez les vampires) y avaient débarqué au XVIIe siècle afin d'y créer leur propre état, loin du Vieux Continent. de l'arrivée des Brookes à bord de l'Asviste, comme les premiers pionniers avant eux sur le Mayflower, à leur progressive acceptation par les habitants du pays, en passant par l'organisation des Brookes en Convoi s'enfonçant de plus en plus loin dans le territoire, la création de la Confrérie des Chasseurs en réponse à cette incursion, les persécutions, les fragiles tentatives de cohabitation entre les deux communautés..., ce sont près de trois siècles d'une histoire réinventée qui défilent devant nos yeux ébahis. Chaque chapitre, de longueur très variable, correspond ainsi à une année, un personnage, un moment clé de l'histoire de la Famille (les vampires) ou des Chasseurs (leurs plus farouches opposants).

Le mode de narration peut, il est vrai, engendrer dans un premier temps une certaine frustration (notamment lorsque, comme moi, on ne s'attendait pas à passer d'une époque à une autre aussi rapidement) mais on se laisse malgré tout vite happer par le récit et le talent incontestable des deux auteurs dont l'association fonctionne à merveille. En même temps que l'histoire des Brookes se sont aussi et surtout les plus grands événements de l'histoire des États-Unis du XVIIe au début du XXe siècle que les deux auteurs nous proposent de revivre : le procès des sorcières de Salem, la vie des plus grands hors-la-loi du pays désormais entrés dans la légende et ici reconvertis en Chasseurs de Brookes, Lincoln et sa lutte pour la tolérance, le massacre des Indiens à Woundedknee... Difficile de ne pas se sentir transporté, aussi bien par le récit que par l'ambiance de l'époque, particulièrement bien rendue : les hommes sont rudes, attachés à leur terre et à leur fusil, on admire ces héros hors-la-loi qui dévalisent banque sur banque, on se méfie aussi bien des Brookes que des Noirs ou des Indiens...

Enfin, c'est avec un très grand plaisir que l'on croise certaines des personnalités les plus importantes de l'époque : le révérend Cotton Mather, Billy the Kid, la bande des Dalton, Mark Twain (l'auteur des aventures de Tom Sawyer et d'Huckleberry Finn), Doc Holliday, Sarah Winchester et sa célèbre maison aux esprits... Certains chapitres se font, évidemment, plus passionnants que d'autres (« Le jour du jugement » retraçant le procès des sorcières de Salem ; « Le poids de son absence » narrant le combat solitaire d'un homme ayant tout perdu ; « Coffeyville » et « Un type honnête », consacrés respectivement à l'histoire du tout dernier braquage des Dalton et à la vie du bandit John Henry Holliday...) mais dans l'ensemble le résultat est plus qu'à la hauteur et c'est avec une pointe de nostalgie que l'on referme ce roman et que l'on quitte cette grandiose époque de la conquête de l'ouest. Une excellente découverte qui aura bien mérité le grand prix de l'imaginaire français en 2008.
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En Résumé : J'ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui, certes m'a dérouté au début, m'attendant à un roman sur des vampires et me retrouvant avec des nouvelles où les vampires ne sont que secondaires se consacrant plus à une fresque uchronique sur la naissance des États-Unis, mais qui finalement offre un travail vraiment intéressant et fascinant. le côté western apporte aussi vraiment un plus, offrant une ambiance sauvage, violente où le mot liberté dépend de chacun et où, justement, la présence des vampires vient accentuer tout cela. Dommage que parfois justement les auteurs oublient un peu les suceurs de sang. Pour peu qu'on s'intéresse à cette période de l'Amérique on se retrouve emporté par cette réécriture de l'histoire dont mon seul regret et que, sur certains aspects, reste quand même trop proche de l'histoire. le background ainsi que les différents personnages, qu'il soit fictifs ou ayant existé, se révèlent vraiment denses, travaillé, humains et soignés. Une histoire qui nous dévoile que les convictions du début ne sont pas celles de la fin, où l'humanité peut aimer ce qu'elle a rejeté et inversement. le style des auteurs se révèle vraiment efficace et entrainant. Après comme à chaque recueil de nouvelles certains textes arrivent à happer plus le lecteur que d'autres, mais dans l'ensemble je ne me suis pas ennuyé, même si j'ai ressenti une très légère lassitude sur la fin.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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En 1691, un bateau rempli d'immigrants se fracasse sur l'île de Manhattan au nord du continent américain. Des dizaines de corps sont rejetés sur le rivage, mais, la nuit venue, les cadavres se relèvent et viennent dévorer les membres de la tribu d'indiens résidant sur l'île. Un seul rescapé parvient à s'enfuir et à rallier une ville de colons pour témoigner du massacre. La rumeur ne tarde pas à se répandre dans tout le continent comme une trainée de poudre: les Ténèbres sont arrivées aux Etats-Unis et elles comptent bien y élire résidence…

Ainsi débute « Bloodsilver », fruit de la collaboration de deux écrivains français, Johan Héliot et Xavier Mauméjean (publié sous le faux nom de Wayne Barrow). A partir d'un présupposé original – l'arrivée et l'installation d'une communauté de vampires aux Etats-Unis à la fin du XVIIe siècle – le roman va retracer trois siècles d'Histoire américaine. Afin de couvrir cette grande période temporelle, les auteurs ont pris un pari difficile consistant à diviser leur récit en une douzaine de petites nouvelles faisant chacune référence à un moment-clé ou un personnage mythique de la conquête de l'Ouest : Billy the Kid, « Doc » Holliday, les frères Dalton (ignare que je suis, je ne savais même pas que les frères Dalton avaient réellement existé), Wyatt Earp, etc… A ces noms prestigieux se mêlent les destins de pauvres anonymes, blancs ou noirs, colons ou indiens, dont les existences seront bouleversés par l'avancée des vampires à travers les terres américaines. Afin de donner davantage de consistance à cette étrange uchronie, les auteurs ont également intercalé entre les nouvelles des extraits d'articles ou de travaux fictifs d'historien.

Cette construction pourrait rebuter certains lecteurs – plusieurs décennies pouvant s'écouler entre deux nouvelles, les mêmes personnages apparaissent rarement d'un récit à l'autre, si ce n'est sous forme de légendes – mais elle apporte également beaucoup de richesse au roman. Personnellement, je me suis laissée complétement captiver par cette sanglante revisitation de l'Histoire américaine (quoique, à bien y réfléchir, pas tellement plus violente que l'originale). L'historien amateur notera avec amusement des divergences très inattendues : par exemple, l'Amérique de « Bloodsilver » n'a pas connu la guerre de sécession, les frictions entre les communautés vampire et humaine étant si importantes qu'elles ont fini par éclipser les haines entre le Sud et le Nord. A noter également l'excellent style des auteurs à la fois littéraire et très cru. le Far West c'est pas pour les lopettes, moi j'vous le dis !

Pour conclure, une fresque historico-fantastique très réussie. Elle plaira peut-être davantage aux amateurs de Western et d'Histoire américaine qu'aux fanas de fantasy pure et dure, mais reste une excellente découverte, en qui me concerne.
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Wayne Barrow, nom de plume de Johan Héliot et de Xavier Mauméjean pour ce roman, nous livre une uchronie de l'âge d'or du Far West où les plus célèbres personnages de l'époque sont confrontés à des vampires.
Ils réinventent ainsi plus de 200 ans d'histoire des Etats-Unis.
Au 17ème siècle, les Brookes, surnom donné aux vampires, débarquent sur le nouveau monde, s'organisent en convoi et vont parcourir le territoire pour y dénicher et y fonder leur propre état. En réaction à cette apparition, la Confrérie des Chasseurs va naître et compter les plus fines gâchettes, du révérend Cotton Mather en passant par Mark Twain, les Dalton et Billy the Kid, toutes leurs histoires sont alors transformées sous la plume de Wayne Barrow. Chaque chapitre est ainsi organisé autour d'un personnage illustre. Président des Etats-Unis, écrivain ou bandit célèbre, les biographies se modifient sous la lutte contre les vampires. Les faits historiques marquants de l'histoire des Etats-Unis sont également retravaillés pour coller à cette uchronie : procès de Salem, massacre des indiens, la progression de la tolérance sous Lincoln…
J'ai adoré cette lecture. Wayne Barrow joue à merveille avec le lecteur. A vous de démêler le vrai du faux dans cette série de chapitres aux nombreuses péripéties.
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Une réécriture de l'histoire des Etats-Unis, de 1691 à 1917 avec en toile de fond l'arrivée de vampires, les Broucolques, les "Brookes" sur les terres sauvages du nouveau monde. Ces colons aux lunettes noires forment le Convoi qui traversera les Etats-Unis d'est en ouest, pour s'établir comme tout colon qui se respecte, et ce n'est pas forcément joli joli. Ils amènent leur histoire, leur culture, la structure de leur société. La construction des Etats-unis vu à travers la coexistence des humains et des vampires donc, tour à tour ennemi ou alliés, chasseurs ou chassés mérite le détour.

Je m'attendais à un roman mêlant vampires, terres désolées de l'ouest sauvage, duels et cache poussière...Tout y est mais sous forme de nouvelles, première petite déception pour moi. de plus, les vampires ne sont ici qu'un prétexte pour une belle uchronie : et si ces créatures avaient réussi à s'implanter et s'intégrer à la force des crocs, de la terreur et des dollars dans un pays qui venait de naître? Par contre, pour l'ambiance sauvage et toute la férocité de la conquête de l'ouest, j'ai été servie, avec quelques différences : ruée vers l'argent (et non pas l'or), massacre des peuples autochtones (et des autres), discours pour l'intégration des vampires fait par Abraham Lincoln, prolifération des armes à feu comme la petite vérole et violence engendrée à travers le territoire...Etant fascinée par l'histoire des Etats-Unis, ce recueil de nouvelles avait tout pour me séduire au niveau historique: guerre de sécession, Wounded Knee, la construction de la Winchester Mystery House, l'apparition des pulps et l'engouement qu'ils ont générés, l'attaque de la First National Bank par les Daltons (mais difficile de me représenter de vrais bandits, merci Mr Morris), la fusillade d'OK Corral... mais je regrette un peu que la dimension fantastique ne soit qu'une trame de fond.

Chaque chapitre couvre une période plus ou moins longue avec des personnages connus ou pas. On les recroise parfois, quand leur vie à pris un autre tournant. Mark Twain, les Dalton, la horde sauvage, Doc Holliday, Cotton Mather, Wyatt Earp, la veuve Winchester, Calamity Jane, Billy le Kid, Patt Garrett...peuplent les pages. J'ai trouvé très intéressant ce patchwork de destins individuels superposé au destin de toute une nation qui sera plus multi-culturelle que nous la connaissons. C'est original et c'est ce qui lui a valu de gagner le Grand Prix de l'Imaginaire 2008.

Dans le même genre "vampires et histoires des Etats-Unis", je place très haut "La tour du Diable" et "Le train du Diable " de Mark Sumner et je suis à fond dans American Vampire en ce moment saga pour laquelle j'ai un gros faible même si Bloodsilver tient largement la route et ses promesses!
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Wayne Barrow (autrement dit messieurs Heliot et Mauméjean) nous rejoue la conquête de l'Ouest américain à l'ombre des vampires.
Toute l'histoire du peuplement de ce qui deviendra les Etats-Unis est en effet remise au goût du jour depuis l'arrivée en 1691 d'un navire chargé de vampires sur les côtes américaines. Va alors commencer tout un périple pour le convoi de buveurs de sang qui va grossir au fil des ans, s'emparant des stocks d'argent, métal si dangereux pour leur santé, et se faisant accepter par le commun des mortels et notamment le gouvernement qui finit par leur attribuer des terres, le livre s'achevant en 1917.
Chacun des chapitres rapporte un épisode de cette progression vers "une intégration" et le lecteur se trouve souvent aux côtés des chasseurs qui luttent pour mettre un terme à cette famille sanguinaire qui n'a rien d'humain.
On croise ainsi notamment au gré des épisodes Cotton Mather, Samuel Clemens / Mark Twain, les frères Dalton, Doc Holliday, Sarah Winchester... et bien d'autres personnages réels, plus ou moins célèbres.
Les deux auteurs m'ont bluffé par cette relecture de l'histoire à la riche documentation (ce qui n'est guère étonnant tant ils s'attachent toujours au moindre détail), agrémentée d'une carte en début d'ouvrage, qui permet de situer tous les lieux de l'action, et d'une chronologie pour conclure et rappeler chaque événement majeur.
Je leur tire mon Stetson.
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Wayne Barrow n'existe pas, et on s'en fout un peu.
Pseudonyme cachant les fort sympathiques Johan Heliot et Xavier Mauméjean, cet ouvrage atypique a été salué par le GPI 2008, rien que ça. Et c'est mérité !
Car il fallait oser sortir un roman de vampires qui tourne le dos à la mièvrerie ambiante, bit-lit oblige.
Ici, les vampires ont fait le voyage vers le nouveau monde, accompagnant les premiers aventures du grand ouest américain. Ils font partie de la face obscure du décor, et ils trainent leurs guêtres dans la poussière des villes gorgées de pistoléros.
Les héros populaires (les Dalton, Billy le kid) se mêlent à l'histoire, et l'ensemble possède le ton d'un recueil de nouvelles déguisé.
Car l'on va suivre la vie des vampires dans ce monde neuf, sur trois siècles.
On va voir leur envie de lumière, leur soif de reconnaissance, et les éléments qui les ont repoussé dans l'ombre, en parallèle des massacres d'apaches...
Un bouquin réjouissant, à la plume enlevée, qui démontre une fois encore que les auteurs français ont de la SF qui coule dans les veines. Il faut juste leur laisser l'occasion de la laisser couler...
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Amatrice de beaux livres et d'objets littéraires un peu WTF, il m'était impossible de résister à cette réédition de Bloodsilver, uchronie fantastique mélangeant western et vampires et signé sous pseudonyme par deux grands auteurs français de la scène imaginaire. le dépaysement fut totalement au rendez-vous même si ce n'est pas été totalement comblée par l'aventure proposée.


Même si je n'ai encore rien lu de ces auteurs, malgré leur présence dans ma PAL, je connais leur goût commun pour la fiction historique. Je n'ai donc pas été surprise que le cadre de l'histoire soit aussi fouillé ici. J'ai même adoré cela. Ce fut un vrai plaisir de suivre cette grande Histoire américaine revisitée sous un prisme original : le débarquement au XVIIe siècle en Amérique d'une communauté de vampires avec lesquels il va falloir cohabiter. Les auteurs ont pris plaisir ainsi à replacer des événements clés de cette histoire mais aussi des acteurs majeurs, qu'on connaît bien souvent grâce à la pop culture (cinéma, séries, romans ou BD), en twistant la chose grâce à la présence des vampires, sortent de nouveaux amérindiens/nouveaux noirs dans cette histoire, c'est-à-dire nouvelle communauté à exclure et avec qui être en rivalité ou opposition. C'est génial !

Pour nous aider dans ce voyage qui aurait pu être complexe, il y a d'abord en fin de tome une chronologie essentielle, google bien sûr pour confirmer qui est un personnage fictif ou inspiré d'un personnage ayant réellement existé, et enfin la plume des auteurs. Bien qu'ayant été écrit à quatre mains, il fut impossible pour moi de le déceler. Les auteurs dans une belle symbiose ont écrit un récit qui saute d'une époque à l'autre, d'un lieu à l'autre (merci la carte en début de tome au passage !), d'un acteur à l'autre, où le lecteur suit sans la moindre difficulté, c'est assez chouette pour le souligner, ce qui est possible grâce au fait que chaque époque est comme une mini-histoire mettant en lumière une facette des relations vampires-humains et leur évolution.

Le revers de cette trouvaille, et c'est l'un des éléments qui a pêché pour moi, c'est qu'il est assez difficile de ressentir de l'attachement pour ces personnages qu'on ne fait au final que croiser. Alors oui, c'est amusant de retrouver des figures connues et des événements clés comme le premier procès de Salem, le règlement de compte de OK Corral, la fin des Dalton à Coffeyville ou l'entreprise de Sarah Winchester, mais que sait-on vraiment des personnages qu'on croise ? Pas grand-chose si ce n'est ce que disait déjà les livres d'Histoire. Il n'y a pas de réel approfondissements psychologiques ou c'est bien trop léger à mon goût. J'ai donc plutôt regardé passer ces grandes figures.

De la même façon, alors qu'ils sont l'élément déclencheur et l'élément agitateur, on n'a aucune figure vampirique / Brooke (le nom qu'on leur donne) qui ressort vraiment et ceux-ci n'ont la plupart du temps qu'une existence à travers le regard des humains, ce qui est fort frustrant. J'aurais aimé qu'on développe aussi des personnages, des figures chez eux, leur société et l'évolution de celle-ci. C'est bien trop léger. J'ai eu l'impression que les auteurs prenaient bien plus de plaisir à développer une ambiance western et qu'ils s'étaient focalisés là-dessus oubliant le côté uchronique porté par les vampires. Oui, il y a des événements différents à cause d'eux. Oui, les tensions en Amérique ont d'autres origines à cause d'eux. Mais ça se limite à ça...

J'ai pourtant adoré cette ambiance poussiéreuse qui nous poursuit de bout en bout, des premiers instants au XVIIe jusqu'au basculement au début XXe. J'ai aimé plonger dans cette Amérique profonde pas encore vraiment civilisée puis avec un cran de retard par rapport à nous européen, toujours en décalage. Les auteurs nous font vivre cette époque de la conquête de l'Amérique, de ses droits et ses devoirs, de son indépendance et sa liberté de penser et d'entreprendre, puis de sa tolérance. C'est très bien rendu. On sent bien les tensions que ça occasionne. Ils décrivent bien les différents camps et leur façon de voir les choses. Mais j'attendais une part de fantastique plus importante.


Je comprends donc le prix reçu par l'ouvrage en 2008 (Grand Prix de l'Imaginaire) car c'était une sacrée gageure. Cependant en tant que lectrice, j'avais certaines attentes et toutes n'ont pas été comblées. J'ai adoré ce portrait différent et pourtant connu de l'Amérique. J'ai aimé cette ambiance poussiéreuse et reculée. Mais je suis frustrée par le faible espace occupé par les Brookes (= vampires) dans l'histoire. J'aurais aimé avoir des figures plus fortes dans leur communauté, des figures plus mises en avant, une société et une culture plus creusée. le fantastique m'a manqué tandis que j'ai adoré l'uchronie historique. Il me faut maintenant vraiment découvrir chaque auteur séparément.
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