Major Major était né trop tard et trop médiocre.
Certains hommes naissent médiocres, d'autres le deviennent, et à d'autres encore, la médiocrité est imposée.
Major Major cumulait les trois cas.
Même au milieu d'hommes sans distinction, il se faisait remarquer par un manque de distinction plus grand encore, et les gens qui le rencontraient étaient toujours impressionné de le voir aussi peu impressionnant.
En un moment d’intuition divine, l’aumônier avait maîtrisé la technique précieuse de rationalisation justificative et sa découverte le transportait de joie. Un véritable miracle.
Tout compte fait, c’était un jeu d’enfant de transformer le vice en vertu, la calomnie en vérité, l’impuissance en abstinence, l’arrogance en humilité, le pillage en philanthropie, l’escroquerie en altruisme, le blasphème en sagesse, la brutalité en patriotisme et le sadisme en justice. A la porté de n’importe qui.
Vers le bas de la pyramide de cet organigramme raisonné dont je représente le sommet, il y a des gens qui exécutent le travail dès qu'il leur parvient, et tout marche au quart de poil, sans trop d'effort de ma part. Je crois que c'est parce que je suis un bon organisateur.
Puisqu'on acceptait même les malades à l'hôpital, il n'était jamais sûr d'y être entouré d'une joyeuse bande de gais-lurons, si bien que l'ambiance laissait parfois à désirer. Il devait se rendre à l'évidence : la vie à l'hôpital se détériorait régulièrement, à mesure que la guerre se poursuivait et qu'on se rapprochait du front.
- Peut-être une longue vie doit-elle être remplie d'une foule d'épisodes pénibles pour paraître longue? Mais alors le jeu n'en vaut plus la chandelle.
- Pas d'accord, fit Dunbar
- Pourquoi? demanda Clevinger
- Tu connais un autre jeu?