AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Du néant à Dieu (27)

LA PAROLE CRÉATRICE D’UN VIDE

La parole est si essentiellement créatrice que, quand elle ne crée pas une substance, c’est-à-dire une plénitude, elle crée un besoin, une nécessité, c’est-à-dire un vide.
La parole qui crée une substance s’appelle un don.
La parole qui crée une nécessité s'appelle une promesse.
L’effet est toujours réel et immense, mais si ce n’est pas un plein, c’est un creux qui se manifeste.
La parole créatrice du vide, quand une fois elle a retenti, creuse le gouffre jour et nuit, et chaque fois qu’elle le regarde elle le trouve plus béant et plus affamé.
La parole qui resterait éternellement irréalisée créerait un monde semblable à celui des cauchemars, un monde de fantômes errants, pâles, affamés,qui seraient au néant ce que le néant est à l’infini. Ce ne serait pas quelque chose, et ce ne serait pas rien. Ce seraient des quantités négatives qui s’animeraient pour crier : j’ai faim !...
Il faudrait se figurer ce monde au-dessous du néant, à qui l’algèbre seule prête jusqu’ici, par complaisance pour l’hypothèse, un semblant d’existence.
Il faudrait se figurer ce monde ayant puisé, dans l’excès du néant, une ombre de réalité, comme on puise l’immobilité dans l’excès du mouvement, et ces fantômes creux et blêmes assiégeraient le palais d’où la Promesse est sortie, le palais dont Joseph a rempli les greniers, et les fantômes ne pourraient plus parler, à cause de leur pâleur, mais c’est leur parole qui dirait dans le langage des rêves : j’ai faim !
Commenter  J’apprécie          80
Il y a une apparence d’humilité qui est une chose infernale. Elle dit à l’homme : sois sage. C’est l’orgueil dans son mensonge le plus subtil et le plus exécrable, c’est l’orgueil qui veut retenir l’homme en lui-même, le retenir dans la limite, au pays de l’ombre et du froid. Car cette sagesse-là ressemble à la sagesse comme un bec de gaz ressemble au soleil. Il y a dans la vie des âmes appelées un moment décisif où retentit l’appel de Dieu, l’appel immédiat et éternel, l’appel de l’abîme. La voix de l’abîme est : jette-toi à la mer. C’est l’infini qui approche et qui demande à être admis dans la familiarité ; le moment est suprême. Si l’âme entend ce cri de détresse, car l’infini toujours en détresse appelle au secours comme un homme qui se noie, si l’âme entend ce cri de détresse, elle se jette à la mer dans l'abîme d’où la voix vient. Elle abdique sa limite et fait vœu d’infini.
Si l’âme, retenue par les liens de son raisonnement, refuse d’entendre celui qui crie au secours, l’âme a pour punition temporelle et éternelle de rester dans la prison qu’elle a choisie en elle-même, dans elle-même. Elle verra si le bon sens rend heureux. Les murs de sa prison dans lesquels elle s’est complu se resserrent autour d’elle. L’air manque ; elle étouffe et son bon sens ne la soulage pas. Elle s’est trouvée, elle se cherche : Ah ! vous voulez la mesure. Eh bien ! la voilà. Goûtez un peu les plaisirs de la mesure. Brisez-vous le front contre les murs que vous avez serrés, pour voir si la joie est en eux. Raisonnez un peu, enterrée vive, sous la pierre du tombeau. Et si la pensée de l’infini vous poursuit dans votre sépulcre, elle vous poursuivra sous la forme du désespoir, et si votre cœur prend encore une voix, ce sera pour vous dire : Tu m'as trahi !
Commenter  J’apprécie          70
Aimer Dieu uniquement, c’est aimer toutes choses, c’est-à-dire Dieu en toutes choses. Celui qui refuse d’aimer quelqu’un refuse d’aimer Dieu en celui-là. Il n’aime pas Dieu uniquement, il s’aime lui-même, et c’est l’amour séparé, c’est-à-dire la haine, qui intervient, tuant Dieu et la créature. Ne pas aimer, c’est ne pas voir. Celui qui aime Dieu le voit dans les créatures, et celui qui refuse de le voir quelque part refuse de l’aimer. Le refus d’aimer quelqu’un c’est l’amour exclusif de quelqu’autre,et cet autre fût-il Dieu,c’est, en tous cas, l’idolâtrie. L’aversion particulière est une idolâtrie de soi-même, cette idolâtrie limite Dieu, et lui dit : « Je ne te verrai pas dans cette créature ». [...] L’amour vrai, quel qu’il soit, tend à se répandre. De l’objet aimé il tombe sur les autres. Ce mot vulgaire : les amis de nos amis sont nos amis, signifie l’amour vrai. Si vous aimez quelqu’un uniquement, tous ses amis seront les vôtres dans la même mesure où ils sont les siens. Si vous aimez infernalement, les amis de vos amis seront vos ennemis.
Commenter  J’apprécie          61
Babel ! Babel ! S’entendre ! Comme la langue est belle ! S’entendre signifie se comprendre, et se comprendre c’est s’aimer. Trouvez-moi deux êtres qui se comprennent sans s’aimer. Impossible. Ils ne se comprennent que parce qu’ils s’aiment.
Commenter  J’apprécie          50
L'orgueil dit : l'Être et le Néant sont identiques. C'est la formule de Satan et celle de l'absurde. L'humilité dit : entre le Néant et l'Être il y a une distance infinie, mais le Médiateur infini comble l'abîme infini, et la distinction se résout non dans l'identité, mais dans une harmonie supérieure. Donc, quand l'homme consent à passer par l'anéantissement, il rencontre l'infini désiré, car l'anéantissement est la route de l'infini. Quand il veut se passer, pour aller à Dieu, du Médiateur, et aborder l'infini par ses propres forces, il rencontre le Néant sous la forme où le Néant est accessible, il rencontre le Péché.
Commenter  J’apprécie          50
L’amour des hommes entre eux est la signature de Dieu sur la terre ; c’est l’unité de Dieu pratiquée par les hommes.
Les hommes qui ne s’aiment pas sont idolâtres. ils adorent plusieurs idoles dans l’unité de l’amour-propre, car Satan parodie tout.
L’amour disparu, le sel évanoui, toute chair s’est putréfiée, et la terre a dit dans son cœur idolâtre :
« Il n’y a pas de Dieu, car les Chrétiens sont sans Dieu ». L’ombre de l’unité divine ayant disparu sur la terre, les hommes ont dit:
Nous pouvons adorer l’or, l’argent, les insectes et la multitude ; car la cohésion du Père et du Fils ne donne plus signe de vie, sous le ciel et sur la terre, sous nos yeux et dans nos mains.
Commenter  J’apprécie          50
LE DÉPLOIEMENT DES AILES

Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerai?
Que ce repos soit le vol lui-même, ou le moment qui doit le suivre, quelle vérité dans tous les cas!
Il n’y a pas de repos quand il n’y a pas d’espace dévoré. La fatigue, c’est la prison.
Le bonheur, c’est l’activité, et le vol est l’activité pleine de l’âme, qui ne se repose qu’à la condition de se déployer.
Commenter  J’apprécie          50
Quand nous essayons de parler de l’infini, le fini nous remplit la bouche. L’affirmation absolue devient entre nos lèvres une négation.
Commenter  J’apprécie          40
LE MYSTÈRE DES MYSTÈRES

L’amour de Dieu pour les créatures est l’amour de Dieu pour Dieu, en Dieu : car elles sont Lui. L’amour des créatures pour Dieu, c’est l’amour de Dieu pour Dieu, en elles : car Lui est elles. Le parfum de la rose au ciel est la gloire de Dieu en Dieu, car la rose est Lui. Le parfum de la rose sur la terre est la gloire de Dieu dans la rose, car II est elle. Il est toutes choses et cependant toutes choses sont rien. Il n’est aucune chose et cependant toutes choses sont Lui.
En dehors de Lui il n’y a rien, et cependant tout est distinct de Lui, rien n’est hors de Lui et rien n’est Lui. Il est tout, et le néant c’est le reste.
Le mystère des mystères, c’est que la créature ait une substance et soit une substance. Et cependant Il est toutes choses : Il est Celui qui Est.
Commenter  J’apprécie          30
L’indignation est clairvoyante et divine comme l'amour dont elle est fille. L’antipathie est la parodie diabolique de l’indignation.
L’indignation voit le type de la personne déchue et nourrit sa fureur de sa contemplation. L’antipathie oublie le type : elle l’abolit. Elle est homicide en bas et déicide en haut. C’est pourquoi l’indignation appelle, parce qu’elle espère encore. L’antipathie repousse parce qu'elle ne désire pas.
L’indignation peut donner la vie parce qu’elle est la fureur de l’amour. L’antipathie ne peut donner que la mort, parce qu’elle n’a que la mort en elle. Celui qui aimerait Dieu uniquement vivrait, je me le figure, dans une indignation perpétuelle qui répandrait la paix et la vie.
Je me le figure comme le créateur sublimé et extatique d’un monde nouveau, fils de son extase. Et quand les mondes anciens remonteraient vers leur type, dévoilé par le voyant, celui-ci dirait, les yeux fixés sur son unique amour :
Qui m’a touché ? J’ai senti une vertu sortir de mon indignation.
Commenter  J’apprécie          30




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (18) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1226 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}