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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Les apprentis sorciers /Alexandra Henrion Caude
Au moment de refermer ce livre après en avoir fait une lecture attentive et ébaubie, je suis dans l'expectative pour en faire un commentaire n'étant pas un spécialiste en génétique ni en toxicologie, bien que de formation scientifique médicale, pour confirmer ou infirmer les annonces stupéfiantes de Madame Henrion-Caude. Généticienne, elle est selon ses dires, une spécialiste des questions liées à la validité du vaccin anti-covid. Je me suis donc tourné vers des scientifiques connaissant bien la question et qui, sur le tas de leur exercice, et de leurs recherches, ont pu m'aider à y voir plus clair. J'ai aussi consulté nombre de revues scientifiques internationales reconnues comme faisant autorité en la matière pour me forger une opinion.
Il serait trop long de commenter chaque chapitre de cet ouvrage. Aussi m'en tiendrai-je à quelques points précis qui pourraient faire débat s'il n'était avéré que l'auteure professe des affirmations absolument controversées.
Parlons d'abord du vaccin lui-même. Les premiers vaccins autorisés contre la Covid-19 sont des vaccins à acides nucléiques qui reposent sur la technique de l'ARN messager. Cela, tout le monde le sait. Et que ces vaccins ont suscité des craintes et des questions au sein de la population n'est pas un fait nouveau.
Un petit rappel s'impose en consultant les publications de l'INSERM. L'idée de base du vaccin à acides nucléiques est de confronter le système immunitaire à un « leurre » pour le pousser à développer des anticorps et des cellules immunitaires mémoires contre le virus. C'est le même principe que la vaccination traditionnelle qui consiste à injecter une forme atténuée ou inactivée d'un agent pathogène.
Néanmoins, dans le cas de ces nouveaux vaccins, il s'agit de faire produire les fragments d'agents infectieux directement par les cellules de l'individu vacciné. Pour cela, ce n'est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement l'information, sous la forme de molécules d'ADN ou d'ARN, permettant de produire les antigènes (protéines) de l'agent pathogène.
Les cellules de la personne vaccinée localisées au niveau du site d'injection (principalement les cellules du système immunitaire) sont alors en mesure de fabriquer elles-mêmes lesdites protéines, choisies en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire protective capable de neutraliser le virus.
Les avantages de cette technique sont évidents en période pandémique : « en effet une grande partie du processus de développement et de manufacture des vaccins traditionnels se trouve éliminée. Il est par exemple possible d'éviter tout le travail de production des virus vivants atténués, inactivés ou recombinants à injecter aux patients ou encore de purification des protéines virales. En outre, les molécules d'ARN sont produites synthétiquement de manière très contrôlée et très rapide. Donc il n'y a pas lieu comme l'auteure de s'étonner de la rapidité de mise au point et mise sur le marché d'un tel vaccin. de plus, il est très facile de modifier ces vaccins et de les adapter pour d'autres maladies ou à des variants du SARS-Cov-2. »
Tous les vaccins ont des effets secondaires et en général ceux-ci apparaissent dans les semaines qui suivent l'injection.
Et très important, je cite : « l'ARN injecté via le vaccin contre la Covid n'a aucun risque de transformer notre génome ou d'être transmis à notre descendance, dans la mesure où il pénètre dans le cytoplasme des cellules, mais pas dans le noyau. Cette donnée est confirmée par 30 ans de recherche plus générale en laboratoire sur les vaccins à acides nucléiques, qui confirment que les molécules d'ARN du vaccin ne se retrouvent jamais dans le noyau. Or, c'est dans ce noyau cellulaire que se situe notre matériel génétique. Même après l'injection du vaccin, lors de la division cellulaire, les noyaux continuent à ne contenir que notre ADN humain naturel. Par ailleurs, l'injection est locale et les cellules qui reçoivent l'ARN codant la protéine Spike sont principalement des cellules immunitaires: en aucun cas l'ARN ne va jusqu'aux cellules des organes reproducteurs (les gonades). Il ne peut donc pas être transmis d'une génération à l'autre. Enfin, l'ARN étranger injecté est instable et ne reste donc pas longtemps dans l'organisme : » C'est clair et net ! C'est le contraire de ce qu'affirme Alexandra Henrion-Caude.
Et la vaccination des femmes enceintes ? Qu'en est-il ? Un fait est certain : les femmes enceintes infectées par la Covid-19 risquent davantage de développer des complications post-partum. Si elles ont été vaccinées, elles sont tout autant protégées par le vaccin que les autres femmes. La vaccination permet donc à la future mère de développer une réponse immunitaire robuste contre la maladie et la grossesse n'est pas un obstacle à l'efficacité de cette protection. Toutes les études montrent que la vaccination réduit significativement le risque d'infection et aucun effet secondaire important n'a été observé. Tout au plus peuvent apparaître des céphalées et des myalgies, les mêmes que les femmes qui ne sont pas enceintes . En conclusion sur ce sujet, les bénéfices de la vaccination dépassent les risques potentiels. Il n'y pas de contre-indication pour les femmes enceintes en bonne santé à se faire vacciner selon tous les sites consultés.
Quant à l'engraissement des laboratoires pharmaceutiques, c'est une autre histoire, et même une légende tenace, mais qui n'a rien à voir avec le sujet de savoir si le vaccin est efficace ou non.
Les effets bénéfiques de la vaccination sont confirmés par tous les revues médicales et sites sérieux que j'ai consultés. En tout cas, en milieu hospitalier, il n'y a plus de Covid grave. L'auteure donne des chiffres de malades de la Covid à ce jour (plus de 200 000 ), mais sans dire que ce sont des cas bénins sans hospitalisation.
L'auteure ose dire que la vaccination n'a pas stoppé l'épidémie : en vérité, même si la Covid n'a pas disparu, les formes graves du début ne font plus la une des journaux et pour cause : il n'y en a plus. Et non plus de morts ! le vaccin à ARNm a empêché des millions de décès au niveau mondial.
Autre point : les laboratoires n'ont jamais dit que le vaccin assurait une protection totale, ou traitait l'infection, mais seulement réduisait l'éventualité de contracter une forme grave. L'auteure sur ce sujet n'est pas claire et déforme les propos des laboratoires.
En résumé, il ne faut pas oublier que tous les vaccins ont des effets secondaires et c'est selon les personnes, et parfois bien plus graves que ceux occasionnés par les vaccins anti-Covid.
Avant de conclure, je dois dire que je n'ai pas acheté ce livre ; il m'a été prêté pour que je donne mon avis. La principale impression que je retire de cette lecture, c'est le talent de l'auteure pour abreuver les suiveurs, les convaincus, les sachants de tout poil qui avant même la première ligne sont persuadés qu'il y a complot et que l'ARN messager que le vaccin nous injecte va tuer le monde entier en induisant une apoptose radicale ! Cet alliciant condensé de contre-vérités a laissé pantois nombre de généticiens et de toxicologues, médusés par le nombre d'aberrations développées dans cet ouvrage. Comme d'autres internautes honnêtes, j'ai encore une âme scientifique et un esprit critique.
Alexandra Henrion Caude retirée à l'île Maurice peut continuer à faire de la science à rebours, à ourdir des théories complotistes, même si elle s'en défend au coeur d'un institut de recherche voisin d'une église évangéliste. On peut être généticienne et complotiste ! Et de surcroit championne de la manipulation, de la fiction et de la désinformation.
Abusus non tollit usum ! oui mais quand même, il y a une limite …
Sources : INSERM / BMJ MEDICINE /NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE
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