AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de candlemas


"Je ne connaitrai pas la peur, car la peu tue l'esprit" ; il me faut bien faire appel à ces mots du jeune Atréide pour oser braver le mystère de Dune, et tenter de proposer une critique à une telle épopée, roman classé "space-opera" mais ô combien méritant plus qu'un classement d'entomologiste.

Le lecteur de ce 1er volume des 6 que compte le cycle de Dune va se trouver immédiatement immergé dans un monde futuriste, mais aux réminiscences féodales, où des maisons s'affrontent au sein d'un monde politique et économique multipolaire, s'appuyant sur des ordres aux pouvoirs mutants intriguant pour le pouvoir. Dans cet Empire à l'équilibre subtil, un seul centre stable semble exister, et il est économique : il s'agit d'Arrakis, la planète de l'épice, sur laquelle repose toute civilisation.

Même si le lecteur s'y perd un peu au début, cet univers complexe est probablement l'une des grandes forces du Cycle de Dune. Même si Franck Herbert développe dans sa trilogie Dune 1, Dune 2 et le Messie de Dune son intrigue, pleine de suspense, avec un réel don de conteur, les aventures de Paul Atréides, elle n'aurait pas le même sel sans le contexte de la planète de sables et de l'Empire.

Ces 2 1ers volumes en particulier sont un récit initiatique s'il en est : quittant sa planète d'origine, Paul découvre avec le lecteur un monde extérieur menaçant, mais qui n'a rien à envier aux arcanes complexes d'un cerveau humain initié au bene gesserit, d'autant plus quand on puise ses origines au sein des maisons Harkonnen et Atréides.

Franck Herbert plante à merveille les décors aussi bien que les personnages, et les pics de dénouement sont d'un puissance telle qu'à part David Lynch -et encore avec un succès mitigé-, bien peu de metteurs en scène se sont frottés à la difficile adaptation de ces romans. Dans un style très différent, seuls à mon sens Tolkien et Martin ont développé un tel foisonnement créatif.

Franck Herbert dépasse par ailleurs largement cette étiquette de conteur émérite. Ecologiste convaincu, il développe dans le Cycle de Dune de véritables thèses philosophiques, amenant ses lecteurs à réfléchir sur le fonctionnement systémique des écosystèmes vivants, mais aussi sociaux, sur les rapports entre pouvoir et religion, sur l'intelligence artificielle et le pouvoir et les faiblesses de l'inconscient. Construisant son cycle sur des générations, le rythme de l'intrigue est soutenu : quel chemin parcouru par Paul Atréides, en 3 volumes, quelle mutation, surtout intérieure ! Et qu'il est difficile d'en parler un peu ici sans spoiler le futur lecteur !

Mélange épicé donc que ce 1er roman du Cycle de Dune, roman d'ouverture aussi, qui devrait immédiatement mettre l'eau à la bouche des nouveaux explorateurs de cette saga. Mélange dépaysant, futuriste, mais aussi puisant aux racines de civilisations terrestres reconnaissables : judéo-chrétienne, musulmane, germanique, grecque antique, et surtout notre monde capitaliste contemporain au bord de l'implosion... quelle force visionnaire dans ce roman de 1965. Les barbares fremen seraient-ils à nos portes ?

Quoiqu'il en soit, une lecture forcément marquante, notamment pour un jeune cerveau adolescent ou jeune adulte, en quête de sens. Comme pour nombre de lecteurs, je ne suis sans doute pas totalement conscient de l'influence que ce roman a pu avoir sur ma vision de la vie, et mes lectures ultérieures. Des moments de lecture uniques, pas toujours faciles, mais qui restent ancrés dans les mémoires.


Commenter  J’apprécie          712



Ont apprécié cette critique (60)voir plus




{* *}