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sur 6875 notes
A ma première lecture du cycle de Dune , le côté grande maison , despotisme ou bien despotisme éclairé , m'avait moyennement emballé , car j'ai toujours été plus en phase avec des fictions plus démocratiques .
Ce premier tome développe une partie du récit , disons de l'arrivée sur Arrakis jusque la mort du duc .
La caractérisation est excellente et l'univers est d'une complexité subtile à tous points de vue .
Il y a de très nombreuses thématiques : les rivalités politiques , les enjeux religieux et culturels , la guerre la paix .
Le style est très avenant et très immersif , avec ces phrases « off » qui explicitent de la complexité ou bien du non-dit .
Les descriptions sont signifiantes , que ce soit les paysages naturels ou bien les fabuleuses architectures immenses .
Le cycle de Dune est donc une fabuleuse ballade , dès ce tome ...
Arrakiss est un monde à part entiere et d'une présence significativement étrange .
A ce stade du roman , Paul commence de devenir le Muad'dib , Il est une sorte de personnage de fusion d'intérêts divergent originellement .
L'univers est plus high-tech qu'il n'y parait .
L'ombre de la sagesse plane sur toutes ces pages , un très grand nombre de devises sont d'une richesse réflexive de très grande qualité .
Mysticisme , pas mysticisme ... ?
Perso je dirais mysticisme politique vétérotestamentaire aux accents chiites aussi ...
Mais le fond du texte est plus de portée sciences politiques à mon humble avis .
C'est un chef d'oeuvre d'univers .
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"Dune" appartient à la famille des sagas emblématiques de la science fiction, un titre qui fait l'unanimité chez les amateurs du genre.
Il s'agit pour moi d'un souvenir particulier et ancien, pensez donc, 1984 !
Je sors de la salle de cinéma où je suis allé voir le film de David Lynch avec un sentiment de frustration énorme, une impression étrange, celle que le film aurait dû être meilleur car j'ai tout de même aimé le contexte d'ensemble et le scénario, il fallait que j'en ai le coeur net...
J'ai donc très vite après lu le livre, et plusieurs fois relu depuis car j'ai bien sûr adoré la complexité de cette saga dans toutes ses composantes.
Une histoire intemporelle qui aurait pu se passer en plein moyen-âge où l'empereur de la galaxie va ordonner la destruction de la maison des Atréides par celle des Harkonnens, le théâtre de ce drame sera la planète Arrakis, appelée plus généralement "Dune" du fait de sa configuration.
Il y sera question de prophétie et de religion, de politique et d'intrigues, de convoitise surtout, car "Dune" a une particularité et une ressource d'une valeur inestimable, c'est la seule planète sur laquelle on trouve "l'épice" qui suscite la plus grande des convoitises.
Une SF complexe avec des acteurs tous aussi intrigants les uns que les autres. Les "mentats" aux capacités mentales stupéfiantes, le Bene Gesserit, le Bene Tleilax et bien sûr les fremens, les fremens dont la legende prédit la venue d'un messie...
Je n'en dirai pas beaucoup plus si ce n'est qu'il s'agit d'un univers particulièrement réussi, complexe certes, mais fascinant et addictif à souhait, une saga mythique et incontournable.
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Kull Wahad ! Me restent de mon voyage quelques mots…traduisez « je suis bouleversée »…Revenue en effet d'un voyage spatio-temporel certes très prisé mais qui n'en reste pas moins époustouflant. Destination : Arrakis, troisième planète du système de Canopus. Plus connue sous le nom de Dune. Propulsée autour de l'an 10200, la Terre reste le berceau des religions primitives et l'espace, constitué de ses multiples systèmes solaires est connu, exploité, habité. Étonnamment, le niveau technologique n'est pas si développé suite à une ancienne croisade lancée contre les ordinateurs et l'intelligence artificielle.

De cette épopée écologique, politique et religieuse, il me reste mille et une sensations. J'ai du mal à atterrir…

J'ai vu les dunes de sable couleur de biscuit, mer de vagues figées sous la lune, plis de sable sur plis de sable se détachant du ciel bleu. Ce paysage de l'infini, comme peut l'être le paysage marin, est propice à la méditation, à la vie intérieure, au cheminement. Les dunes, à la fois toutes semblables et uniques, en constante évolution, sont l'écho de nos pensées, insaisissable et changeantes. Paysage rude qui nous promet en filigrane une quête, comme le fait le vent dans la Horde du Contrevent, j'aime ces mises à l'épreuve proposée par le décor d'une histoire. J'ai vu également les yeux bleus du peuple des sables, complètement bleus, sans le moindre blanc, leur sang étant saturé par le Mélange d'épices. Peau tannée tel un cuir usé, corps déshydratés et yeux bleus, tels furent mes hôtes.

« Jamais il n'avait imaginé qu'il pût y avoir quelque chose d'aussi beau que cet horizon rouge, tourmenté, ces falaises d'ocre et de pourpre. Par-delà le terrain de débarquement, là où la rosée de la nuit avait apporté la vie aux graines hâtives d'Arrakis, il découvrait maintenant des lagunes de fleurs rouges sur lesquelles se posait une trame de violet (…) Puis il aperçut les silhouettes humaines qui se déplaçaient dans les champs de fleurs et qui les balayaient de leurs étranges outils en forme de faucilles. Des ramasseurs de rosée. L'eau était si précieuse ici ».

J'ai senti l'odeur de cannelle émise par cette fameuse épice présente dans le sable. Cette « épice des épices » dont Arrakis constitue l'unique source est utilisée surtout pour ses qualités gériatriques dans l'univers, c'est un prolongateur de vie, et provoque une légère accoutumance voire devient très dangereuse dans le cas d'une absorption importante. Je retiens également avec force l'odeur des maisons souterraines du peuple des sables, odeur si caractéristique, mélange écoeurant de sueurs, de renfermé et de cannelle. Une odeur douceâtre synonyme de foyer. de vie en communauté. J'ai senti les effluves chaudes de la verveine des sables et du buisson créosote.

J'ai entendu le crissement du sable à l'approche des vers des sables aux dimensions colossales, figurez-vous certains font 400 mètres de long ! Ils engloutissent alors leurs proies sans distinction de leur gueule de 80 mètres de diamètre aux dents courbes scintillantes et à l'haleine d'épice…A leur approche des cascades se forment, des montages se déplacent. J'ai entendu avec étonnement et émotion le silence de la marche des sables, cette marche qui vise à imiter les sons du vent sur le sable afin d'éviter d'attirer les vers et que seul le peuple du désert maîtrise…symbole fort, l'humain doit imiter la nature s'il veut survivre et non la soumettre…

« C'était un son que l'on ne pouvait oublier, lorsqu'on l'avait entendu une fois. « Un ver », murmura Paul. Il apparut sur leur droite, avec une majesté sereine. Une dune cheminant entre les dunes, traversant leur champ de vision. Droit devant eux, elle s'éleva un peu, rejetant du sable comme la proue d'un navire rejette de l'eau. Puis cela disparut sur la gauche. Et le sifflement s'estompa, mourut ».

J'ai gouté à l'eau fade de mon distille, ma combinaison faite d'un tissu dont la fonction est de récupérer l'eau d'évaporation de mon corps et de mes déjections organiques. L'eau ainsi recyclée est recueillie dans des poches et peut être à nouveau absorbée à l'aide d'un tube. Eau tiède au goût douceâtre, elle s'est avérée être finalement très désaltérante. J'ai mangé un mélange de chair d'oiseau et de céréale, liées de miel d'épice et enveloppées dans une feuille.

J'ai tremblé lors de l'épreuve du Gom Jabbar, épreuve visant à tester l'humanité d'une personne par une douleur extrême, Paul en l'occurrence au début du roman. Elle consiste à soumettre la main à des aiguilles empoisonnées, toute tentative de retrait de la main entrainant la mort. Tremblé à la vue des sanguinaires Sardaukar, anciens prisonniers devenus militaires.

J'ai compris, je crois, les tensions politiques entre les grandes Maisons telles que les Harkonnens ou les Atréides, l'Empereur et la Guilde, cette dernière a notamment le monopole des transports interstellaires. Tripode dont les ambitions politiques sont entravées par les Fremens, le peuple du vent de sable qui a réussi à s'adapter aux conditions extrêmes du désert, et dont l'objectif suprême mais très lointain est de faire revenir l'eau, les plantes sur Arrakis, objectif écologiques en opposition à ceux, plus dictés par le pouvoir et l'exploitation de l'épice, de la Tripode. Un peuple libre de toute règle impériale. Les ambitions politiques de la Tripode sont également menacées par l'arrivée de Paul. Jeune homme de quinze ans, fils du Duc de Léto qui vient gouverner sur Arrakis, et de Jessica, de la congrégation des Soeurs Bene Gesserit, il arrive de l'agréable planète Cadalan avec ses parents. Est-il le messie décrit par la légende ? Une prophétie dit en effet qu'il leur viendra un chef, l'enfant d'une Bene Gesserit, qui les conduira à la vraie liberté.

J'ai été étonnée, je dois le dire, par la teneur très religieuse du roman, par la façon remarquable qu'a Franck Herbert de nous montrer l'évolution de Paul, tout d'abord enfant de 15 ans au coeur pur, à la grande maturité, dotés de dons manifestes de prescience, du sens aigü de l'observation grâce à l'éducation donnée par sa mère, Jessica ; Paul qui va devenir Duc à la mort de son père, puis Muad-dhib au sein des Frémens auprès desquels il s'intègre et se fond, enfin Lisan al-Gaib, guide religieux dont le destin, on le pressent, est le Jihad. Impossible de ne pas penser aux guerres saintes, à la transformation des personnes en créatures totalement aveuglées et embrigadées par leur chef. L'épice serait la clé des pouvoirs prophétiques de Muad'Dib et, immergé dans le désert, les visions de Paul éclosent soudainement et de façon fulgurante tout au long du roman telles des mirages de chaleur, ondulants et vibrants, flous et fascinants.
Paul est entrainé malgré lui, par la ferveur religieuse de son peuple, et devra accomplir ce qui est. On le voit devenir de plus en plus dur étant entendu que la répression favorise l'épanouissement des religions. Cet aspect là du roman est d'une grande subtilité.

« Quand la loi et le devoir ne font qu'un sous la religion, nul n'est plus vraiment conscient. Alors, on est toujours un peu moins qu'un individu ».

Nous pouvons souligner également que Paul, devenu Fremen, constitue également je pense une menace à la grande ambition écologique de ce peuple. Les liens entre écologie et forces religieuses sont interrogées, balancier allant de la célébration sacrée de la nature au fanatisme à cause duquel, nous le pressentons, la nature peut être saccagée… « Qui peut détruire la ressource la contrôle » ne cesse de dire Paul. Est-ce là la vraie liberté de la prophétie ?

Enfin, j'ai été très touchée par ce peuple Fremen qui vit en symbiose avec son milieu, qui a un objectif écologique à très long terme (il est conscient que ses efforts ne porteront leurs fruits que dans huit générations) troublant à découvrir aujourd'hui. Cela invite à la réflexion et à l'humilité.

J'ai profondément aimé ce voyage dépaysant, toutes ces sensations, ces visions, ces odeurs, ces bruits, qui constituent un univers incroyable. Ma crainte initiale quant à la complexité liée à la dimension politique du récit s'est vite évanouie, même si les relations sont subtiles et jamais manichéennes, elles sont bien expliquées. Les chapitres s'enchainent avec fluidité et chaque chapitre débute par un petit extrait de la légende du Muad' Dib telle qu'elle a été retenue et écrite, extrait empli de préceptes et de leçons de sagesse. C'est enrichissant et apporte au récit une réelle profondeur et une certaine solennité.

Le « tu ne tueras pas » est remplacé, dans la Bible catholique Orange en vigueur, par « Point ne déformeras l'âme. » Cependant, Franck Herbert, vous m'avez quelque peu déformé l'âme avec votre chef d'oeuvre. J'en retiens en moi une essence odorante unique et inimitable dont j'ai finalement bien du mal à expliquer.

« le corps, apprenant qu'une chose est bonne pour lui, interprète favorablement le parfum. Et cette chose, tout comme la vie, ne peut être vraiment synthétisée. »

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Dune... Dune... Dune... Entendez-vous la résonance particulière de ce nom ?
Dune... Dune... Dune... Êtes-vous sensible à sa musicalité assourdie ?
Dune... Dune... Dune... comme un tambour qui annonce une grande bataille, un nom empreint d'une grande solennité, de celles qui accompagnent toujours les légendes et proclament les mythes...

Dune... Dune... Dune... un écho venu non pas du fond des âges mais du fond d'une galaxie inconnue de nous, pauvres Terriens.

Dune !

Avant de tourner la première page de ce roman, qu'est-ce que ce nom évoquait en moi ? Je me concentre, je fais appel à la pensée Bene Gesserit... Réponse : un souvenir. Celui du seul jeu vidéo qui m'ait jamais captivée au point de me lancer, avec mes frères, dans d'interminables parties pour tenter de conquérir le royaume d'Arrakis, la planète aride et inhospitalière où les vers de sable sont plus redoutés que les dragons dans d'autres mythologies...

C'est donc avec une réelle curiosité, teintée d'un léger sentiment de nostalgie, et animée par le goût du défi que je me suis lancée dans l'aventure. Ce premier tome du cycle de Dune de Frank Herbert, incontestablement un grand Père de la science-fiction, s'articule en trois livres : Dune, Muad'Dib et le prophète.

Le premier livre plante le décor, celui d'un monde intergalactique dominé par l'Empereur Padishah Shaddam IV à qui les Maisons, Grandes ou Mineures, doivent allégeance ; c'est toute une civilisation qui prend forme et vie sous la plume créative de Herbert. On découvre que derrière les quatre lettres qui forment le nom DUNE se dissimule la planète Arrakis, planète des sables où pousse l'Epice, la plus grande richesse que contienne l'Univers, source d'énergie, de richesse, de puissance et de pouvoir... Soit on mord tout de suite à l'hameçon et l'aventure peut commencer, soit la mayonnaise ne prend pas et... il vaut sans doute mieux en rester là !

Le second livre, je le juge pour ma part plus mystique. Il précise le contexte qui s'est soudainement cristallisé autour d'un seul homme, Paul Atréides, THE héros. Et là, c'est vrai que j'ai cru que j'allais flancher, que Dune allait m'enliser, que j'allais périr engloutie dans ses sables, dévorée par un faiseur de quatre mètres de long... Après un démarrage trop rapide, fulgurant, le spectre de l'ennui a plané sur ma lecture pendant quelques centaines de pages... MAIS, je me suis accrochée car, nonobstant le nom de la mère de notre héros, Jessica (Aïe !), que je ne pouvais lire sans en éprouver de violentes aigreurs d'estomac car il me semble totalement inapproprié et laid pour désigner une telle protagoniste, je m'étais déjà attachée à Paul et à son destin et... je voulais connaître la fin :-)

J'ai bien fait de persévérer... le troisième livre m'a rassérénée comme si j'avais bu moi-aussi l'Eau de Vie et voilà que les aventures de Paul et de ses Fremens repartaient comme en 40, me voilà à nouveau emportée par la tempête de sable qui souffle sur les armées en présence... Une épopée qui va crescendo et offre un dénouement qui récompense des 763 pages lues précédemment.

Dune est vraiment un roman des extrêmes. Les Harkonnens sont vraiment très méchants, l'Empereur est vraiment très lâche et assoiffé d'absolutisme, les Atréides sont vraiment très humanistes, les Sardaukars sont vraiment très meurtriers et les Révérendes Mères Bene Gesserit sont vraiment très fortes... Arrakis est vraiment très dangereuse, les Fremens sont vraiment très résistants et organisés et l'Epice est vraiment très précieuse. Mais chose étrange, bien que le manichéisme soit présent partout, je n'ai jamais trouvé qu'il nuisait au récit. Dès le début de ma lecture, je m'étais mise avec gourmandise dans la « tournure d'esprit Star Wars » (même si en écrivant cela, j'ai conscience que je ferai sans doute lever au ciel bien des yeux d'aficionados). Parce que dans Dune, j'ai quand même trouvé un je-ne-sais-quoi de Luke Skywalker qui aurait rencontré Robin des Bois et ça n'a pas du tout été pour me déplaire !

Bonus
Ce qui, par contre, m'a ENORMEMENT déplu (froncement de sourcils, écume aux commissures et fumée qui sort des naseaux), ce sont les CENTAINES de coquilles de l'édition Pocket, mais genre, là, le TRES GROS FOUTAGE DE GUEULE ! Et c'est bien la première fois que j'écris à un éditeur pour pousser une gueulante bien méritée, c'est juste une honte...
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Il y a des livres qui demandent à être lus dans des conditions optimales. C'est le cas de Dune, roman si foisonnant, si dense qu'il exige une forte implication intellectuelle de son lecteur. Je n'étais pas dans ses dispositions, fatiguée, des soucis annexes dans la tête... Je n'ai donc pas été en mesure d'appréhender entièrement cette oeuvre. Et pourtant j'ai adoré ma lecture.

J'ai arpenté Arrakis sans en comprendre tout le sens mais j'en ai bien saisi toute la beauté. Si ma lecture a sans doute manqué d'un aspect cérébral, elle a revanche été très sensorielle. Si je n'ai pas été en mesure d'appréhender sa richesse thématique, j'en ai en revanche perçu la splendeur de façon quasi physique. En effet, au-delà de sa portée philosophique, spirituel et de l'aspect politique du récit, "Dune" est un roman d'une beauté chavirante. J'ai été bouleversée par la poésie que dégage le texte, que ce soit dans la peinture évocatrice des paysages, la description des intrigues de cours ou des combats ou les considérations spirituelles, tout m'a semblé gracieux, lumineux, musical, raffiné, formellement sublime. Il y a un côté véritablement envoûtant, enivrant dans ce roman. Jodorowsky est vraiment le seul cinéaste qui aurait pu le porter à l'écran, le seul qui aurait sur retranscrire sous forme d'images le chemiement spirituel de Paul. D'ailleurs, au cours de ma lecture j'ai souvent pensé aux B.D de Jodo, notamment "la caste des méta-barons" et "le lama blanc".

Je ne vais pas m'étendre davantage, je ne vais ps revenir sur la richesse thématique de ce monument ni sur l'admirable travail de création de tout un univers cohérent, et ce dans tous ses aspects... d'autres ont évoqué tout cela mieux que je ne saurais le faire. Je dirais simplement que "Dune" est énorme. Un très grand roman dont le souffle m'a terrassée et qu'il faudra que je relise un jour.
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"Je ne connaitrai pas la peur, car la peu tue l'esprit" ; il me faut bien faire appel à ces mots du jeune Atréide pour oser braver le mystère de Dune, et tenter de proposer une critique à une telle épopée, roman classé "space-opera" mais ô combien méritant plus qu'un classement d'entomologiste.

Le lecteur de ce 1er volume des 6 que compte le cycle de Dune va se trouver immédiatement immergé dans un monde futuriste, mais aux réminiscences féodales, où des maisons s'affrontent au sein d'un monde politique et économique multipolaire, s'appuyant sur des ordres aux pouvoirs mutants intriguant pour le pouvoir. Dans cet Empire à l'équilibre subtil, un seul centre stable semble exister, et il est économique : il s'agit d'Arrakis, la planète de l'épice, sur laquelle repose toute civilisation.

Même si le lecteur s'y perd un peu au début, cet univers complexe est probablement l'une des grandes forces du Cycle de Dune. Même si Franck Herbert développe dans sa trilogie Dune 1, Dune 2 et le Messie de Dune son intrigue, pleine de suspense, avec un réel don de conteur, les aventures de Paul Atréides, elle n'aurait pas le même sel sans le contexte de la planète de sables et de l'Empire.

Ces 2 1ers volumes en particulier sont un récit initiatique s'il en est : quittant sa planète d'origine, Paul découvre avec le lecteur un monde extérieur menaçant, mais qui n'a rien à envier aux arcanes complexes d'un cerveau humain initié au bene gesserit, d'autant plus quand on puise ses origines au sein des maisons Harkonnen et Atréides.

Franck Herbert plante à merveille les décors aussi bien que les personnages, et les pics de dénouement sont d'un puissance telle qu'à part David Lynch -et encore avec un succès mitigé-, bien peu de metteurs en scène se sont frottés à la difficile adaptation de ces romans. Dans un style très différent, seuls à mon sens Tolkien et Martin ont développé un tel foisonnement créatif.

Franck Herbert dépasse par ailleurs largement cette étiquette de conteur émérite. Ecologiste convaincu, il développe dans le Cycle de Dune de véritables thèses philosophiques, amenant ses lecteurs à réfléchir sur le fonctionnement systémique des écosystèmes vivants, mais aussi sociaux, sur les rapports entre pouvoir et religion, sur l'intelligence artificielle et le pouvoir et les faiblesses de l'inconscient. Construisant son cycle sur des générations, le rythme de l'intrigue est soutenu : quel chemin parcouru par Paul Atréides, en 3 volumes, quelle mutation, surtout intérieure ! Et qu'il est difficile d'en parler un peu ici sans spoiler le futur lecteur !

Mélange épicé donc que ce 1er roman du Cycle de Dune, roman d'ouverture aussi, qui devrait immédiatement mettre l'eau à la bouche des nouveaux explorateurs de cette saga. Mélange dépaysant, futuriste, mais aussi puisant aux racines de civilisations terrestres reconnaissables : judéo-chrétienne, musulmane, germanique, grecque antique, et surtout notre monde capitaliste contemporain au bord de l'implosion... quelle force visionnaire dans ce roman de 1965. Les barbares fremen seraient-ils à nos portes ?

Quoiqu'il en soit, une lecture forcément marquante, notamment pour un jeune cerveau adolescent ou jeune adulte, en quête de sens. Comme pour nombre de lecteurs, je ne suis sans doute pas totalement conscient de l'influence que ce roman a pu avoir sur ma vision de la vie, et mes lectures ultérieures. Des moments de lecture uniques, pas toujours faciles, mais qui restent ancrés dans les mémoires.


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Après avoir découvert « Dune » dans les années 80, au travers d'un jeu vidéo (sur Amstrad 64 ou encore TO7 /70, début des ordinateurs personnels que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. Imaginez la définition à l'époque !!!) puis avec un DVD du film de David Lynch (1984) je me lance dans la lecture de ce roman fleuve, ce monument encensé par toutes les critiques.

Pour ceux qui ne connaissent pas l'intrigue (y doivent pas être nombreux, surtout après la sortie au cinéma des deux films « Dune » nouvelle version)
Arrakis est une planète désertique, quoique… Des vers et des humains (les Fremen) y vivent.
Elle est très convoitée parce que dans ses déserts, il y pousse une épice très prisée. Actuellement elle est gouvernée par le Baron Vladimir Harkonnen représentant de la Maison des Harkonnen. L'empereur Padisha décide de changer de gouverneur et confie la planète au Duc Leto Atréides de la Maison des Atréides.
Une guerre sans merci va opposer les deux maisons pour reconquérir, pour l'un, ou garder la planète, pour l'autre. C'est sans compter sur les projets secrets des Bene Gesserit, groupe de « prêtresses », de ceux non moins fourbes de l'empereur avec son armée de Sardaukers et enfin de ceux totalement intéressés de la Guilde.

Dans ce roman de science-fiction, l'auteur nous présente des personnages au caractère très tranché. D'un côté, le Duc Leto Atréides, homme autoritaire mais très humain et confiant, respectant les personnes. de l'autre, le Baron Vladimir Harkonnen, tout aussi autoritaire mais despote, fourbe, traitre, calculateur et manipulateur.
Caractères résumés dans cette citation :
« Ne sais-tu pas que la loyauté des Atréides s'achète avec l'amour tandis que la monnaie d'échange des Harkonnen est la haine ? »
Mon coeur n'a pas balancé beaucoup pour me porter du côté du Duc Leto et de son entourage : Paul, son fils, Jessica, la compagne du Duc et mère de Paul, de son Mentat et de ses lieutenants partageant tous les mêmes valeurs.
Le style est très fluide et les descriptions très réalistes. le simple fait d'indiquer que la cannelle est l'odeur de l'épice m'a permis d'entrer presque physiquement dans l'histoire.
Les épisodes avec les vers sont épiques et le texte est très dynamique
Bref, vous l'aurez compris, ce premier opus m'a fortement séduit. J'ai hâte de lire le second afin de confirmer cette première impression. (Ayant déjà été échaudé dans d'autres sagas où tout le jus était jeté dans le premier tome.)
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"Ma fille", me dis-je un matin de juin (je cherchais désespérément un machin à lire)... Donc : "Ma fille, il est grand temps de combler une des pires lacunes de ta carrière de lectrice. le jour est arrivé où tu vas lire le premier tome de Dune (et pour les autres, on verra)." Et voilà comment je me suis lamentablement traînée trois semaines durant pour parfaire ma culture avec un pavé de 800 pages qui pourrait n'en contenir que 300 - il est possible que j'exagère. L'option contraire est cependant à envisager.


Est-ce que je vous fais l'injure de donner un vague résumé de ce roman ? Allez, oui, vous pourriez apprendre énormément de choses. Par conséquent, tenez-vous bien : Dune repose sur une histoire de complots politiques et d'affrontements entre plusieurs peuples sur une planète hostile à la vie humaine, tellement l'eau y est rare. Voilà, vous savez tout ce qu'il y a à savoir.


Vous êtes déçus ? Eh ben moi aussi, figurez-vous ! Quoi, c'est ce truc chiant à mourir qu'on m'a vendu comme un chef-d'oeuvre de la littérature de science-fiction, et de la littérature tout court ??? Que... ? Mais... ? Enfin... ? Comment... ? (Les mots me manquent)


Je passe outre ma sensation de déjà-vu, déjà-lu, parce que le roman date de 1965 et que... Oui mais non. Les histoires de complot politiques en SF, ou pas en SF, ça existait avant Dune. D'ailleurs la SF a bon dos. Elle est bien pratique pour faire voyager des personnages de planète en planète, ou pour inventer des armes, ou pour expliquer comment on arrive à exploiter la ressource essentielle de la planète, mais bon, on ne peut pas dire que ce soit très travaillé. Ça ressemble beaucoup plus à de la fantasy qu'à de la SF. Pourquoi pas, mais du coup, présenter Dune comme un parangon de la SF, je trouve ça un tantinet exagéré.


Et puis pourquoi 800 pages si on ne s'encombre pas de la moindre explication sur l'univers du roman ? Je m'explique : certes, on nous répète à l'envi qu'Arrakis (ah oui, parce que la planète ne s'appelle pas du tout Dune, en fait. le terme Dune apparaît deux ou trois fois maximum) est une planète où il fait très très chaud, où l'eau est très très rare, mais on ne sait absolument rien du contexte. Un empire. Ah bon ? Mais qui fonctionne comment ? On sait pas. On nous balance un empereur, une espèce de régime féodal, et c'est tout. Oui, mais là, j'ai envie de savoir combien il y a de planètes dans cet empire, par exemple. On sait pas. En 800 pages, Herbert n'a pas trouvé moyen de nous filer l'information (même une approximation m'aurait suffi, je ne suis pas bien difficile pour ce genre de choses).


Après, on ira m'expliquer pourquoi on a choisi une planète hostile à l'humain au possible pour y construire des cités humaines. On va me répondre : "L'épice, pauvre idiote !" Oui, bon ben j'avais compris que l'épice (c'est la grande ressource dont j'ai parlé plus haut) était importante pour l'empire, mais ça ne répond pas du tout à mes interrogations. La planète étant ce qu'elle est, la logique eût voulu que l'on construise quelque chose comme des bases, avec un personnel réduit (vu qu'on a à disposition une technologie hyper avancée, hein) pour extraire l'épice. Pas qu'on se mette à construire des villes et des palais !!! Hein ! Quand même !


Bref. Beaucoup de bavardage, une espèce de religion (qui sert aux complots politiques), une espèce de pseudo-mysticisme qui n'a rien de bien intéressant, des gens qui se massacrent les uns les autres, et beaucoup de répétitions du style "Je vois une infinité de possibles dans l'avenir mais le présent reste flou" (ça, c'est pour le héros), "L'eau est une denrée précieuse sur Arrakis" (merci, on n'avait pas compris). 800 pages pour ça, c'est de l'abus ! Notez que Frank Herbert a eu besoin d'appendices pour mieux expliquer le monde de Dune (non, non, 800 pages ne lui ont pas suffi), appendices dans lesquels on n'apprend pas grand-chose et qui ne nous avancent pas plus (de toute façon, les appendices, dans les romans, c'est chiant).


Imposture ! Imposture ! Imposture !!! Et la traduction est pourrie, avec tout plein de fautes, en plus !!!


Sinon, bah... ça se lit, quoi. Voilà.
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Qu'ajouter de plus aux millions d'avis sur le cycle de Dune Tome 1 qui est à la SF, ce que le Seigneur des Anneaux est à la Fantasy. Un chef d'oeuvre d'une étonnante modernité pour un roman paru en 1965, et qui a obtenu les prix les plus prestigieux que l'on puisse espérer pour un auteur. Franck Herbert était un incroyable visionnaire qui aborde des thématiques comme l'écologie, la religion, le combat ou Jihad au nom de cette dernière, la solitude du pouvoir, la complexité des alliances entre familles, le rôle essentiel, fondamental des femmes.. Autant de sujets et tant d'autres. La légende de Paul Muad'Dib ou Paul Atréides prophète d'Arrakis aux pouvoirs dépassant l'imagination, un Dieu parmi les hommes près de 10 000 ans après notre ère. Franck Herbert nous entraîne dans une épopée puissamment évocatrice, un torrent que rien ne retient et des circonvolutions scénaristiques à tomber, des paysages incroyables avec ce désert, ces dunes et ces vers gigantesques. Paul est l'incarnation d'un héros ambiguë dont la destinée est tout sauf linéaire. L'histoire vous la connaissez tous et je n'ai pas besoin de la rappeler ici tant elle est mythique. C'est tout simplement, le meilleur livre que j'ai lu en SF à ce jour pour les multiples raisons explicitées plus tôt. Difficile d'en dire davantage, des dizaines de millions de lecteurs avant moi ont déjà tout dit, et si bien. J'ajoute ici mon modeste avis sur ce cycle de Dune Tome 1 à nul autre pareil. Un voyage où l'Épice, parabole des drogues psychédéliques et autres psychotropes permettant de repousser les limites de la conscience, d'ouvrir des portes restées jusque là inaccessible dans notre esprit. Nul apologie des drogues ici mais le parallèle entre l'Épice et celle-ci est au coeur du livre. J'ai dévoré ce livre qui restera un moment fort de mon expérience de lecteur. Je ne peux qu'encourager les rares fans de SF qui ne l'ont pas lu à le découvrir.
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Ma première lecture de Dune en septembre 2021 fut merveilleuse, j'avais adoré ce tome 1 qui avait réussi à m'embarquer, à totalement me séduire grâce à son histoire, le développement de l'univers et les thématiques abordées. J'avais trouvé que plus de 50 ans après sa publication, celles-ci étaient encore si ce n'est peut-être même encore plus qu'à l'époque d'une grande modernité.

Oui, Dune est une oeuvre qui m'avait plu, tellement que le titre est resté depuis parmi les 6 livres que j'emporterai sur une île déserte car je savais que même en le lisant plusieurs fois, j'avais peu de risque de m'en lasser. C'est sans doute cette certitude de finir par le relire qui m'a découragé alors à en écrire une chronique et cela d'autant plus face aux très nombreuses et belles chroniques déjà publiées sur ce classique de la science-fiction. Que dire de plus qui n'a déjà été dit ici de fort bien belles manières.

2 ans plus tard pourtant, le tome 2 que j'avais acheté en octobre 2021 m'attend toujours à cause d'une PAL trop grande, d'un trop grand choix de lectures face à des journées de 24 heures seulement. La sortie attendue de la partie 2 de l'adaptation de ce premier tome au cinéma m'a néanmoins motivé à relire ce celui-ci malgré un rythme de lecture d'escargot en ce moment à cause d'un très sympathique trouble d'anxiété généralisée pompant une bonne partie de mon énergie et impactant ma concentration.

Alors j'ai pris mon temps, presque 15 jours pour venir à bout de cette relecture mais c'est avec à chaque fois un grand plaisir que je me suis replongé dans les pages de ce roman où j'ai retrouvé les nombreux éléments qui m'avaient plus lors de ma première lecture.

A vrai dire je ne sais même pas par quoi commencer : l'univers que j'ai trouvé si bien travaillé, tout cet écosystème sur cette planète inhospitalière que l'auteur nous fait découvrir au compte goutte tout au long de la lecture, l'ambiance si singulière, le sable, la chaleur, on s'y croirait. L'auteur parvient vraiment à nous immerger dans son univers. L'histoire si bien maîtrisée, cette intensité dramatique de la première partie que j'ai adoré et qui se poursuit par la suite face à la vision obscure que Paul, le personnage principal, à de l'avenir. La très belle galerie de personnages créée par l'auteur dont aucun de laisse indifférent ces derniers étant tantôt révulsants, mystérieux, passionnants. Les relations et les interactions entre ces derniers et notamment celles entre Paul et sa mère Jessica que j'ai trouvé hyper intéressantes à suivre tant celle-ci est ambiguë, complexe. Les nombreuses thématiques abordées telles que l'écologie et notamment l'exploitation de l'eau, le colonialisme et l'exploitation des ressources d'une terre et de la population qui y vit, la manipulation génétique ou encore l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques.

L'ensemble forme un roman d'une grande richesse, qui s'avère aussi divertissant que passionnant même s'il nécessite de faire un petit effort lors des premières pages pour rentrer dedans. J'ai par ailleurs globalement bien aimé l'adaptation de Denis Villeneuve de ce premier tome. Dès mercredi matin j'étais au cinéma pour voir la partie 2. Je l'ai trouvé très impressionnante sur le plan visuel et sonore. C'est une vraie réussite de ce point de vue là et cela vaut vraiment le déplacement en salle de cinéma. Cependant, je suis aussi ressorti un petit peu frustré par cette seconde partie n'y retrouvant pas toute la richesse et la profondeur du roman, certains passages ont été coupés, d'autres modifiés et toutes les explications ne sont pas données. Il n'en demeure pas moins que dans l'ensemble Denis Villeneuve s'en sort tout même vraiment bien et propose une alternative plus que satisfaisante si vous ne souhaitez pas lire ce tome 1.

Pour ma part, j'ai enfin commencé le tome 2 qui m'a attendu bien trop longtemps dans ma PAL.
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