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Critique de gavarneur


« Un homme d'honneur n'avoue jamais qu'il a été l'amant d'une femme ; mais il avoue encore moins qu'il ne l'a pas été. ». Bien daté, n'est-ce pas ?

Abel Hermant, de l'Académie Française, écrivain prolifique et collaborationniste (merci Wikipedia) ne m'a pas vraiment impressionné avec ce récit assez court. Arrivé à la dernière page, lisant la phrase qui clôt le livre et ouvre cette « critique », j'ai pensé : il n'a écrit ce texte que pour le conclure ainsi, l'histoire molle et invraisemblable s'est imposée à lui en partant de la fin.

Un homme d'honneur ? Hmm. Florent Rupert me fait l'effet d'un homme bien élevé au sens courant, mais bien mal élevé si son éducation l'a seulement amené à l'oisiveté et à la capacité d'oublier tout sens moral pour garder son train de vie habituel. L'honneur, donc ? Disons la fierté.

L'histoire : notre homme, emberlificoté par des aigrefins, tente de duper une demi-mondaine nullement dupe et à la fin le trompeur sera trompé par celle qui trompera son emberlificoteur. Bref, pas grand-chose, que je vous révèle pour vous épargner la lecture.

Le style : académique dans le pire sens, très début XXe bourgeois, plein de passés simples (j'aime le passé simple, pour beaucoup de raisons, dont celle-ci : voyez aussi l'effet comique qu'il produit quand vous l'employez au lieu de passé composé dans la conversation courante) (j'aime aussi le subjonctif imparfait ; heureux espagnols qui en ont deux formes et les emploient aussi aisément que vous et moi celui de l'indicatif ; malheureux pédants qui essayent de l'employer mais ignorant que la terminaison dépend du sujet choient lamentablement) (j'aime aussi le verbe choir et son usage après la chevillette, mais assez tiré à la bobinette et à la ligne). Donc le style ne m'a pas intéressé non plus,

Les personnages ne sont guère épais (comme disait Tolstoï), seul Rupert a un peu de chair, il faut bien un sujet de moquerie pour amuser le lecteur, qui est forcément déçu quand on lui fait sans cesse espérer la scène coquine qui ne vient pas.

Maintenant oubliez cette « critique » car le texte n'est qu'un prétexte. Après l'avoir lu j'ai regardé la page de titre et j'y ai découvert : « Roman d'après les bois originaux de Clément Serveau ». Diantre !

Clément Serveau (1888-1972) (merci Wikipedia) a été un peintre et surtout graveur célèbre, créateur de billets de banque (je n'invente rien), mais aussi le directeur artistique des éditions Ferenczi. C'est chez cet éditeur que la collection « Le livre moderne illustré » a réuni graveurs et écrivains alors en vogue. Serveau a lui-même produit les planches pour beaucoup de ces livres, mais à ma connaissance je vous parle du seul livre créé « d'après les bois ». Je vous laisse conclure. Ne soyez pourtant pas trop pessimistes, ce qui est possible en musique : voyez l'opéra de Salieri (au fond de la classe on se calme, Salieri n'est pas un gros mot) Prima la musica e poi le parole, qui montre un cas où les paroles sont ajoutées sur une musique antérieure. Pourquoi ne ferait-on pas de même avec les illustrations ?

Je ne suis pas un inconditionnel des bois de Serveau, mais plusieurs m'ont fait impression, l'économie de moyens et les noirs profonds me rappellent des films expressionnistes de la même période. Les sujets n'ont rien d'original, mais feuilletez bien, au lieu de lire, si ce volume vous passe entre les mains.
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