- Vous êtes responsable du singe ! C'est vous qui l'avez apporté. Oh ! j'imagine, avec la meilleure intention. Mais c'est une bête abominable et maintenant les enfants sont tellement habitués à lui qu'il sera difficile de le leur prendre.
A cette sortie, Sophie ne put s'empêcher de rire :
- Charles ! Encore qu'il s'agisse d'un singe, vous êtes en train de chercher la petite bête ! Je sais que vous apportez vous-même des quartiers de pomme à Jacko, que vous lui apprenez mille tours et que vous recommandez aux enfants de bien le couvrir pour la nuit. et ensuite vous venez me dire que c'est une vilaine bête dont vous voudriez vous débarrasser !
Il se mordit les lèvres et fit une curieuse grimace :
- Qui vous a raconté cela ?
- Théodore. Et j'ai appris également que, l'autre jour, vous avez salué Miss Wraxton avec Jacko sur une épaule. C'était d'ailleurs une drôle d'idée. Tout le monde sait que Miss Wraxton n'aime pas les bêtes et ce n'était pas gentil de la taquiner. J'empêche toujours Tina d'approcher d'elle.
Je vous jure bien que je n'aurais jamais permis à sir Horace de s'ériger en dictateur! Pourtant, c'est la tendance naturelle des hommes quand les femmes sont assez sottes pour courber la tête devant eux.
◦« Le mariage doit être fondé sur une estime réciproque. Sans quoi, il n’en sort rien de bon. » P.353
- Est-ce que vous me désapprouvez d'avoir donné ce singe aux enfants ? Tous les enfants aiment les bêtes. Et Jacko n'est pas méchant ; vous n'avez pas à avoir peur.
- Je n'ai pas peur d'un singe ! répliqua Charles.
Sophy, sans relever les yeux, dit alors à son cousin :
— Charles, c’est trop gentil à vous ! Venez-vous pour m’épargner la honte d’une escapade ?
— Non, pour vous tordre le cou !
Cette fois, elle le regarda :
— Ne savez-vous pas que je suis « perdue de réputation » ?
Il quitta son manteau, le secoua, le posa sur une chaise et dit :
— Parlez-vous sérieusement ? Dans ce cas, j’ai manqué de flair. J’étais prêt à jurer que la marquise était avec vous !
La joie brilla dans les yeux de sa cousine.
— Vous êtes odieux ! Comment avez-vous pu le deviner ?
— Je vous connais mieux que vous ne le pensez. Où est ma sœur ?
— Elle est repartie pour Londres en compagnie de Charlbury. Vous l’avez certainement croisée en route.
— Sans doute, mais j’étais trop préoccupé pour observer les voitures que je pouvais rencontrer. Miss Wraxton était avec eux ?
De nouveau, elle le regarda.
-Sir Vincent! cria Sophy, que Charles entraînait vers la porte, veuillez dire à Miss Wraxton qu'elle peut prendre ma valise et en distribuer le contenu!
Charles, vous êtes complètement fou! Êtes - vous venu en tilbury? S'il pleut, je serai dans un bel état!
-Vous ne l'aurez pas volé!
-Vous voyez que vous ne m'aimez pas! dit Sophy, prenant l'air choqué.
Charles tira la porte derrière eux et sans plus de manière embrassa sa cousine.
-Non, lui dit-il avec violence: je vous déteste à la folie!
Transportée par ces mots d'amour, Sophy lui rendit son baiser et se laissa entraîner.
◦« L’amour ne doit jamais nous aveugler sur les défauts de notre prochain… » P.50
La "petite Sophy" de sir Horace ne ressemblait en rien à ce qu'en avait dit son père. C'était une grande fille d'environ un mètre soixante-dix, solidement bâtie, avec de longues jambes, une poitrine très ronde, une figure joyeuse et une quantité de boucles brunes qui jouaient à s'échapper de sous un chapeau qui était bien le plus curieux couvre-chef qu'on pût imaginer.
◦« D’une façon générale, c’est fou ce que les filles ressemblent à leur mère. Pas toujours physiquement mais par leur caractère. » P.143
◦« S’il l’aime, il a bien le droit de l’épouser, mais alors qu’il ne l’impose pas au reste de sa famille. » P.126