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Critique de CiliaBrux
Ce roman m'a énormément plu pour son écriture fluide, l'émotion intense que j'ai souvent ressentie au récit de ce parcours d'une combattante et parce qu'il rappelle que la vie est une succession de petits signes qu'il faut savoir saisir, de belles occasions à attraper au vol (lorsqu'on décide de garder les yeux bien ouverts…)
Petit résumé
L'histoire débute à un moment clé de la vie de Louise, jeune femme désemparée et accablée par un Mea culpa permanent. Après être passée à côté d'une vocation de journaliste, ce qui la condamne au dédain maternel, Louise vivote au sein d'un quotidien terne entre Ben, son mari carriériste et caractériel, et son propre job dans une bibliothèque où elle est exploitée par une directrice acariâtre. Son père, décédé dans un accident dix-huit ans plus tôt, lui manque terriblement.
Pour compenser les relations houleuses avec sa mère, et celles lointaines avec une soeur qui a choisi de s'exiler aux Etats-Unis et avec qui elle ne communique que par Skype, elle peut heureusement compter sur son amie et confidente Alice. Mais un choc va faire basculer ce fragile équilibre et entraîner une suite d'épreuves dont elle devra sortir victorieuse, pour enfin avoir accès aux terribles secrets qui ont toujours pesé sur son existence. Dotée d'une mémoire d'éléphant, elle ne peut que se souvenir pour son plus grand malheur de toute la cruauté qu'elle a dû endurer.
Un grenier aux souvenirs dans une maison bleue chargée d'un passé flou, une accumulation de non-dits, Louise va devoir mobiliser tout son courage pour aller à la rencontre de sa vérité.
Un style empreint de délicatesse et une profondeur introspective
J'ai été séduite par la grande sensibilité de l'écriture de Laurie Heyme, tant du point de vue de la narration en elle-même qu'à travers la finesse avec laquelle elle réussit à faire partager le ressenti de son héroïne.
La construction et le « découpage » soignés font progresser l'intrigue tout en distillant des informations au fur et à mesure, un puzzle intrigant qui rend la lecture entraînante grâce notamment au format des chapitres et à des passages visuellement très agréables (comme la découverte de New York, on s'y croirait !)
Le ton très juste est parfois empli de douceur, parfois plus dynamique avec beaucoup de notes d'humour attendrissantes, et aussi quelquefois âpre, ce qui m'a provoqué des petites pointes au coeur et des picotements dans la gorge.
J'ai aimé aussi les belles citations qui introduisent chaque début de chapitre, elles ont été choisies avec un soin évident…
Une intrigue qui porte à la réflexion sur notre propre vécu
Louise longe des précipices, côtoie des montagnes russes, et cette grande aventure qui s'offre soudain à elle souligne l'importance de ce que l'on transmet à ceux qui nous sont proches, ainsi que le poids de certains héritages familiaux.
L'intrigue se passe en deux temps, dans la première partie l'héroïne ne cesse de chuter sous le poids des trahisons, elle est en état permanent d'hypervigilance. Dans la seconde partie, elle tente d'apprendre à se relever. Elle est la proie de petits feux qui la consument mais qui pourraient donner naissance à de grands brasiers.
L'entourage familial de l'héroïne est toxique, et elle va avoir du mal à neutraliser toutes leurs flèches qui à chaque fois transpercent profondément son coeur, cette infantilisation dans laquelle elle est maintenue, qui ravive les blessures de ses cicatrices invisibles.
S'il y a des rebondissements étonnants, selon moi le suspense ne réside pas essentiellement dans une action constante mais dans la force que Louise doit mobiliser pour se débarrasser de ses encombrantes oeillères.
Et avant tout, l'histoire parle d'amour et de famille, de ces ambivalences et de ces rancunes qui peuvent engendrer plusieurs générations de chagrin.
Des personnages ambigus, une héroïne vraiment attachante
J'ai découvert tour à tour la propension de certains personnages à la perversité, à la manipulation, leur intransigeance et leur besoin de survivre en affichant leur réussite sociale. Et pour certains aussi, des élans de folie surprenants, des contrats implicites…
Louise a constamment peur de chavirer sur son frêle esquif, l'océan de son existence est bien tourmenté, elle manque de confiance en elle, et pourtant elle tente de se raccrocher de façon émouvante à des petits détails qui illuminent brièvement son quotidien, des rituels qui peuvent paraître dérisoires mais qui lui servent de points d'ancrage. Elle se sent pataude, maladroite, à l'image de l'éléphant, son animal fétiche. Elle est intimidée par le rayonnement agressif des autres. Il va lui falloir avoir recours à plusieurs formes de courage pour tenter de naviguer dans ces eaux troubles, mais sera-t-elle capable de réussir à s'en affranchir ?
En conclusion, un livre coup de coeur
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure a mis en lumière des éléments psychologiques forts qui vont percer à jour les défenses de l'héroïne mais également celles d'autres personnages. Et aussi le fait que le premier adversaire à combattre n'est pas forcément l'autre mais celui qui peut être tapi en chacun de nous, en tout cas c'est l'un des messages que j'ai saisi à la lecture de cette oeuvre. Et on se rend compte que même lorsqu'on est passé à l'âge adulte, l'enfant qu'on a été ne se trouve jamais très loin sous la surface de nos apparences.
Je voudrais aussi souligner la pertinence de ce titre joliment trouvé et très évocateur, ainsi que le design de la couverture, en accord avec l'univers développé : les couleurs sont bien choisies, en harmonie, et j'ai aimé les traits du dessin, dont la jolie sobriété étudiée rappelle l'enfance ; le chemin qui se dilue et l'arbre qui essaime ses feuilles font écho à l'évanescence du destin.
L'histoire en elle-même est très belle, racontée avec talent. J'en ai déduit qu'il faut garder en tête que prendre de la hauteur sans craindre le vide est l'un des moyens pour pouvoir contempler certains désastres tout en s'efforçant de les résoudre.
Je remercie de tout coeur Laurie Heyme pour ce partage, et pour ce souffle vital que l'on sent enfler tout le long de l'histoire, pour ces scènes intenses qu'on traverse en apnée.
Petit résumé
L'histoire débute à un moment clé de la vie de Louise, jeune femme désemparée et accablée par un Mea culpa permanent. Après être passée à côté d'une vocation de journaliste, ce qui la condamne au dédain maternel, Louise vivote au sein d'un quotidien terne entre Ben, son mari carriériste et caractériel, et son propre job dans une bibliothèque où elle est exploitée par une directrice acariâtre. Son père, décédé dans un accident dix-huit ans plus tôt, lui manque terriblement.
Pour compenser les relations houleuses avec sa mère, et celles lointaines avec une soeur qui a choisi de s'exiler aux Etats-Unis et avec qui elle ne communique que par Skype, elle peut heureusement compter sur son amie et confidente Alice. Mais un choc va faire basculer ce fragile équilibre et entraîner une suite d'épreuves dont elle devra sortir victorieuse, pour enfin avoir accès aux terribles secrets qui ont toujours pesé sur son existence. Dotée d'une mémoire d'éléphant, elle ne peut que se souvenir pour son plus grand malheur de toute la cruauté qu'elle a dû endurer.
Un grenier aux souvenirs dans une maison bleue chargée d'un passé flou, une accumulation de non-dits, Louise va devoir mobiliser tout son courage pour aller à la rencontre de sa vérité.
Un style empreint de délicatesse et une profondeur introspective
J'ai été séduite par la grande sensibilité de l'écriture de Laurie Heyme, tant du point de vue de la narration en elle-même qu'à travers la finesse avec laquelle elle réussit à faire partager le ressenti de son héroïne.
La construction et le « découpage » soignés font progresser l'intrigue tout en distillant des informations au fur et à mesure, un puzzle intrigant qui rend la lecture entraînante grâce notamment au format des chapitres et à des passages visuellement très agréables (comme la découverte de New York, on s'y croirait !)
Le ton très juste est parfois empli de douceur, parfois plus dynamique avec beaucoup de notes d'humour attendrissantes, et aussi quelquefois âpre, ce qui m'a provoqué des petites pointes au coeur et des picotements dans la gorge.
J'ai aimé aussi les belles citations qui introduisent chaque début de chapitre, elles ont été choisies avec un soin évident…
Une intrigue qui porte à la réflexion sur notre propre vécu
Louise longe des précipices, côtoie des montagnes russes, et cette grande aventure qui s'offre soudain à elle souligne l'importance de ce que l'on transmet à ceux qui nous sont proches, ainsi que le poids de certains héritages familiaux.
L'intrigue se passe en deux temps, dans la première partie l'héroïne ne cesse de chuter sous le poids des trahisons, elle est en état permanent d'hypervigilance. Dans la seconde partie, elle tente d'apprendre à se relever. Elle est la proie de petits feux qui la consument mais qui pourraient donner naissance à de grands brasiers.
L'entourage familial de l'héroïne est toxique, et elle va avoir du mal à neutraliser toutes leurs flèches qui à chaque fois transpercent profondément son coeur, cette infantilisation dans laquelle elle est maintenue, qui ravive les blessures de ses cicatrices invisibles.
S'il y a des rebondissements étonnants, selon moi le suspense ne réside pas essentiellement dans une action constante mais dans la force que Louise doit mobiliser pour se débarrasser de ses encombrantes oeillères.
Et avant tout, l'histoire parle d'amour et de famille, de ces ambivalences et de ces rancunes qui peuvent engendrer plusieurs générations de chagrin.
Des personnages ambigus, une héroïne vraiment attachante
J'ai découvert tour à tour la propension de certains personnages à la perversité, à la manipulation, leur intransigeance et leur besoin de survivre en affichant leur réussite sociale. Et pour certains aussi, des élans de folie surprenants, des contrats implicites…
Louise a constamment peur de chavirer sur son frêle esquif, l'océan de son existence est bien tourmenté, elle manque de confiance en elle, et pourtant elle tente de se raccrocher de façon émouvante à des petits détails qui illuminent brièvement son quotidien, des rituels qui peuvent paraître dérisoires mais qui lui servent de points d'ancrage. Elle se sent pataude, maladroite, à l'image de l'éléphant, son animal fétiche. Elle est intimidée par le rayonnement agressif des autres. Il va lui falloir avoir recours à plusieurs formes de courage pour tenter de naviguer dans ces eaux troubles, mais sera-t-elle capable de réussir à s'en affranchir ?
En conclusion, un livre coup de coeur
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteure a mis en lumière des éléments psychologiques forts qui vont percer à jour les défenses de l'héroïne mais également celles d'autres personnages. Et aussi le fait que le premier adversaire à combattre n'est pas forcément l'autre mais celui qui peut être tapi en chacun de nous, en tout cas c'est l'un des messages que j'ai saisi à la lecture de cette oeuvre. Et on se rend compte que même lorsqu'on est passé à l'âge adulte, l'enfant qu'on a été ne se trouve jamais très loin sous la surface de nos apparences.
Je voudrais aussi souligner la pertinence de ce titre joliment trouvé et très évocateur, ainsi que le design de la couverture, en accord avec l'univers développé : les couleurs sont bien choisies, en harmonie, et j'ai aimé les traits du dessin, dont la jolie sobriété étudiée rappelle l'enfance ; le chemin qui se dilue et l'arbre qui essaime ses feuilles font écho à l'évanescence du destin.
L'histoire en elle-même est très belle, racontée avec talent. J'en ai déduit qu'il faut garder en tête que prendre de la hauteur sans craindre le vide est l'un des moyens pour pouvoir contempler certains désastres tout en s'efforçant de les résoudre.
Je remercie de tout coeur Laurie Heyme pour ce partage, et pour ce souffle vital que l'on sent enfler tout le long de l'histoire, pour ces scènes intenses qu'on traverse en apnée.
