Il n'est peut-être pas un artiste avec un grand A mais
Walter Hill est un solide et respectable artisan d'Hollywood. Que ce soit en tant que scénariste ou en tant que réalisateur, il a finalement une jolie petite filmo à son actif. On trouve son nom en tant que scénariste au générique, entre autres, de « Guet apens » de Peckinpah et des deux premiers « Alien ». Et s'il est surtout connu pour le méga succès du sympathique « 48 heures », il est aussi le réalisateur de très chouettes séries B comme « le bagarreur » avec Bronson, « sans retour », un très bon survival avec une belle brochette de seconds couteaux d'Hollywwod (Keith Carradine, Powers Boothe, Brion James), le rigolo-con « double détente » (avec Schwarzie dans le rôle d'un flic soviétique) ou encore le cultissime « les guerriers de la nuit ». du polar au western,
Walter Hill aime le cinéma de genre. Ce qui se vérifie encore avec la B.D «
Balles perdues ». Matz, le scénariste, rencontre
Walter Hill sur le tournage du film « du plomb dans la tête » adapté d'une B.D de Matz. Ce dernier demande à Hill s'il n'aurait pas un scénario à lui proposer en vue d'une adaptation en B.D. Des scénarios, Hill en a plein les tiroirs et il propose à Matz ce qui va devenir «
Balles perdues », un polar musclé et efficace.
En lisant «
Balles perdues » il ne faut pas s'attendre à être bluffé par une histoire novatrice et inattendue. «
Balles perdues » est un polar pur et dur, un classique du genre qui suit totalement les codes du genre. Quand on connait le genre, on n'est jamais surpris, on sait toujours à peu près où le récit va aller. Certains voient sans doute ça comme un défaut, moi j'adore ça, si on aime les films noirs, avec «
Balles perdues » on est comme dans des chaussons : prohibition pour le décor, balles qui sifflent pour la bande son et des jolies filles pour la touche de douceur.
L'intrigue est simple, assez épurée, on va à l'essentiel sans perdre du temps avec des fioritures. Et ça marche du tonnerre. C'est bien hard boiled comme il faut. C'est diablement efficace, «
Balles perdues » se lit d'une traite.
Concernant l'aspect visuel, je suis plus mitigée. En fait, je n'aime pas le trait de Jef, tout particulièrement les visages que je trouve assez laids. Mais le trait d'un illustrateur n'est pas la seule composante de son style. D'autres aspects sont tout aussi importants. Et en ce qui concerne le découpage et les cadrages, la réussite est totale. Jef choisit toujours le bon cadrage, celui qui va iconiser son personnage ou bien renforcer l'impact visuel de la scène. le découpage donne du rythme au récit et participe au côté addictif de la B.D. Tout ça est très cinématographique.
J'ai beaucoup apprécié ma lecture. «
Balles perdues » se lit vraiment comme si on regardait un film. C'est une très bonne série B qui pourrait donner un chouette film. En tout cas, il est fort probable que je me fasse un petit cycle
Walter Hill ce week-end.