Lorsque DC comics a permis au romancier
Joe Hill, qui se trouve être aussi le fils de
Stephen King, de créer son propre label de comics horrifiques je me suis demandé si cela n'était pas la meilleure nouvelle de l'année, bon en même temps ce n'était pas difficile vu que je l'ai appris en plein pendant le premier confinement. Après la lecture de ce premier comics la tendance se confirme, l'auteur de l'excellentissime Locke & key, va éblouir mes lectures de ces histoires terrifiantes.
Pourtant au départ le pitch de ce comics ne m'emballait pas plus que ça. L'histoire de cette jeune étudiante qui passe l'été sur une île de l'État du Maine, aux États-Unis, en compagnie de son petit copain et qui suite à l'évasion de quatre détenus va devoir défendre chèrement sa peau à l'aide d'une hache aux propriétés magiques me semblait un peu trop tiré par les cheveux. Je décidais mine de rien de faire confiance à celui qui a écrit
Cornes et
le costume du mort sans attendre autre chose de ma lecture qu'un slasher jouissif et pas prise de tête (vous l'avez ? )
Alors il est d'autant plus important que je remercie l'auteur pour cette histoire surprenante, qui prend une direction inattendue et dont la lecture réserve bien des surprises pour qui se laissera emporter par June au cours de cette sanglante nuit. le premier épisode plante le décor de manière habile et nécessite une relecture immédiate pour en saisir tous les détails que l'on a manqués lors du premier passage. L'auteur s'amuse avec les clichés habituels des récits d'horreur, le shérif débonnaire mais autoritaire, le notable arrogant et veule, le petit ami brave et courageux pour mieux les détourner par la suite. L'auteur sait jouer avec nos attentes pour nous livrer une histoire, non seulement divertissante, mais également empreint d'un sous-texte pertinent.
Mais ce panier sanglant que nous offre Hill ne serait rien sans son personnage central. Ce concentré d'adrénaline nommé June Branch. Immédiatement charismatique dès son apparition, cette jeune femme va devoir puiser en elle des ressources insoupçonnées pour devoir faire face à ce qui l'attend. Un personnage fort qui va se heurter à des personnifications de la masculinité toxique pour mieux s'affirmer. le message féministe n'est pas particulièrement subtil mais il a le mérite d'être convaincant. On a tellement l'habitude de voir des personnages comme June se faire dépecer depuis des décennies dans des franchises comme Vendredi 13 ou Halloween que s'en est d'autant plus jouissif de voir les codes s'inverser dans une histoire remarquablement écrite.
L'artiste Leomacs assure la partie graphique. Si le premier épisode, qui baigne dans une douce lumière de fin d'après-midi estivale, ne m'a guère convaincu, il faut reconnaître que dès que la tension s'installe et que le récit démarre l'artiste signe des planches admirables. Ces illustrations sont à la fois sombres, puissantes et dynamiques. Les cases fourmillent de détails et magnifient le personnage de June, toujours très expressif. Malheureusement difficile d'insérer des photos sans spoiler le récit. Disons juste que si j'avais des doutes au début je suis maintenant persuadé qu'il ne pouvait y avoir d'autres artistes pour illustrer cette nuit de tempête que Leomacs.
Le récit s'achève et l'on est presque triste de devoir quitter June mais c'est aussi une volonté des auteurs de proposer un récit qui se suffit à lui-même en 7 épisodes réunit ici en un seul album par Urban comics, qui effectue comme souvent un travail éditorial de qualité. Ainsi on n'aura pas l'occasion de voir June et sa hache mystique se déliter au cours de suites improbables et navrantes. Et c'est peut-être aussi ce qui fait la force de cet excellent comics.
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