La Légende de Seabiscuit

Quand il emmenait son cheval marcher, Smith voyait avec stupéfaction des journalistes qui se mettaient à quatre pattes pour vérifier si le cheval n'avait pas une jambe abîmée. D'autres journalistes, qui paraissaient atteints d'hallucinations, prétendirent avoir vu Seabiscuit s'entraîner tard dans la nuit.

Ils venaient à peine d'arriver que son tueur disparut pour ne jamais reparaître. Johnny se retrouva complètement seul et sans le sou dans un patelin perdu d'un pays étranger. Il avait tout juste quinze ans et son adolescence venait de prendre fin.

"Vous n'avez pas besoin d'expliquer à un bon cheval, qu'il a perdu ou gagné, disait-il, ils le savent." Les humains ne sont pas les seuls animaux à rechercher le triomphe et de se rebeller quand ils sont dominés. La violence qui a rendu Seabiscuit acariâtre et turbulent alimentait désormais une passion tenace de gagner.

Il y alla cependant, se présenta à Fitzsimmons en demanda à voir le cheval indiqué. Fitzsimmons sortit la bête de son box et Smith la reconnut sur-le-champ: c'était Seabiscuit. Il remarqua les genoux cagneux, les côtes qui se dessinaient sous la peau et la fatigue qui se dégageait de tout le corps. Mais il détecta aussi autre chose. Il appela Howard.

À une époque où la population des États-Unis était la moitié de ce qu'elle est aujourd'hui, soixante-dix-huit mille personnes assistèrent à sa dernière course, soit une foule comparable à celle des Super Bowls actuels.

Les prodigieuses capacités physiques que déchaîne la course libèrent le jockey de lui-même. Quand un cheval et son cavalier volent sur le terrain, l'esprit de l'homme se fond dans le corps de la bête pour former quelque chose de plus grand que la somme des parties. Le cheval participe à l'intelligence de l'homme, et l'homme à la puissance de sa monture.