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Critique de Erik35


Erik35
01 décembre 2019
TOUT CE QUE VOUS AVEZ JAMAIS VOULU SAVOIR SUR LES NAVAJOS.

S'il fallait résumer en une phrase ce que l'on ressent à la lecture de ce roman : un Polar plein de défauts et pourtant bigrement fascinant ! Voila ce qu'on écrirait.

Lorsqu'on découvre que ce n'est que le second roman de Tony Hillerman au beau milieu de la réserve indienne du peuple Navajo (rien que ce terme de "réserve" me donne l'envie profonde de vomir, pas vous ?), écrit et publié vers le début des années 80, on lui trouve, sans trop de peine, des tas d'excuses. Et on fait bien, parce que c'est ainsi remercier cet auteur - confirmé depuis - dans sa connaissance et sa reconnaissance de ce clan précis, les Navajos, sur lesquels on découvre sans même s'en apercevoir bien des savoirs, "coutumes", habitudes.

On éprouve par ailleurs, dans la compagnie du personnage emblématique de cet écrivain, le flic de la police indienne Chee (dont le destin aurait tout aussi bien pu faire un "yataali" (terme intraduisible qui correspond plus ou moins à "chaman" mais dont le sens immédiat est "chanteur"), une immense empathie pour ce peuple fier, complexe et survivant alors qu'il fut, lui comme tant d'autres, consciencieusement détruit par les colons américains ainsi que plusieurs siècles de politique étasunienne.

Sur fond d'enquête de type "cold case" qu'un présent haletant rattrape, Chee va croiser pléthore de personnages hauts en couleur - amérindiens comme blancs -, manipulateurs, menteurs, assassins, sorciers, etc. Il va rencontrer une femme blanche qui ne le laisse pas indifférent, sans qu'on sache bien si c'est réciproque. Il va dénouer une affaire vieille d'une trentaine d'années, et qui semblait pourtant bel et bien enterrée. Une sordide histoire liée à l'exploitation et l'extorsion sans aucun état d'âme du sous-sol de la terre indienne par un cynique affairiste blanc.

Ainsi résumé, ce roman qui fit les beaux jours des CDI et autres bibliothèques des années 80 (il nous en souvient encore), semble cousu de fil blanc. C'est pourtant loin d'être le cas et, surtout, c'est un hymne magnifique à cette culture méconnue, à commencer par ceux qui se sont imposés, d'abord par le nombre, parfois par la force, souvent par un semblant de légalité (un océan d'incompréhension entre colons et les peuples des Vrais-Hommes) à cette terre immémoriale. Sauvage, dure et magnifique.

Bien que modérément amateur de "polars", votre insigne chroniqueur ne peut que conseiller les puissants textes de Tony Hillerman. Ils sont imparfait dans leur genre littéraire mais ils sont justes, ils sont beaux et profondément attachés à faire entendre la voix de ces éternels oubliés (souvent méprisés) de l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui.

Salutaire.
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