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Critique de michfred


Ils sont les vedettes et la force d'attraction des meilleurs polars et des romans à succès, mais dans la vie ou au travail il vaut mieux les fuir à toutes jambes: les pervers narcissiques sont le sujet de l'essai de Marie-France Hirigoyen!

Son essai, un des premiers en date - 1998- sur un thème qui, depuis, fait , florès, continue de faire autorité, et de captiver le grand public.

Je me suis donc décidée à le lire enfin et, malgré l'abondance des pervers narcissiques au cinéma et dans la littérature, non contente d'en avoir côtoyé quelques beaux spécimens dans ma petite vie de courgette, j'ai voulu en reprendre une louche.

Me voici donc imbattable sur le sujet. et prête à les détecter y compris dans leur phase d'approche et de séduction- dite phase d'emprise- où ils avancent masqués comme le concombre du même nom- c'est important, pour une courgette, de détecter les concombres qui ont presque la même couleur et la même peau, au point que certains les confondent... Mais revenons à nos pervers!

Passée la phase d'emprise , on entre dans le monde faussé de la communication perverse, faite de non-dits, de refus de l'échange, de langage truqué, de mépris et de sarcasme. Un vrai bonheur.

Pourtant la victime ne se sauve pas car la phase 1 a agi sur elle comme la chanson de Kaa sur Mowgli : fascinée, captivée, elle reste fidèle au poste, convaincue qu'elle a, auprès du pervers, un rôle fondamental à jouer pour lui faire oublier, au choix, son enfance désastreuse, sa maman castratrice, son placement en pension, rayez la mention inutile.

Place à la phase 3, celle de la violence perverse: celle de l'anéantissement de la victime. Terrible mise à mort, pas toujours symbolique: le pervers est un as pour vous pousser au suicide!

Il y a des pervers partout: chez vous, au boulot, dans votre famille. C'est donc un vademecum indispensable..

Le hic c'est que le livre, très sérieux, argumenté, éclairé de cas précis, est aussi très répétitif.

J'ai trouvé que, dans la première partie, les nombreux cas présentés égaraient le lecteur plus qu'ils ne l'éclairaient, et j'ai très largement préféré la deuxième partie, plus ordonnée, plus claire, plus rigoureuse - sans doute aussi plus théorique et dogmatique...- qui a le mérite de tracer les étapes du processus de prédation, d'établir une typologie de cette "psychose sans symptomes", de cette "manie sans délire", en la distinguant clairement de la paranoïa avec laquelle elle a quelques points communs, ou d'un comportement caractériel ou immature, finalement assez courant...

C'est aussi dans cette partie que la thérapeute se penche sur la victime, avec empathie et force: fuyez, dit-elle, agissez, faites -vous aider pour vous restructurer, et pas n'importe comment, et pas par n'importe qui...

C'est tellement rare de voir une psy donner des conseils aux victimes, de façon aussi limpide , que cela mérite d'être souligné.

Donc si le sujet vous intéresse, passez un peu vite sur la première partie, concrète, répétitive et un peu confuse dans son propos, mais attardez-vous sur la deuxième, aussi utile - mais en plus clair!- qu'une notice d'Ikea pour une bibliothèque à monter soi-même.

Quant au pervers narcissique, vous ne pouvez rien pour lui, laissez-le en proie à son ego vertigineusement vide, et passez votre chemin!
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