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Critique de AnnaDulac


Voilà un livre d'une renversante beauté, aussi bien par son style que par son thème.

Une histoire d'amour aux îles Kerguelen, un archipel désolé et isolé, « une colonie vide », ce n'est déjà pas banal, mais quand à la narration se mêlent somptueuses descriptions de paysages, informations scientifiques pointues et surnaturel, on touche à la perfection.

L'histoire, c'est celle de Joanne, une biologiste spécialiste du réchauffement climatique qui décide d'aller valider ses recherches in situ, en étudiant les variations des mousses
aux îles Kerguelen. Là se trouve la station scientifique de Port-aux-Français, « un amas de boîtes jetées ça et là sur le rivage, comme un jeu de construction abandonné par un enfant distrait. »

Il fait froid. Il vente. Les otaries et les manchots occupent le terrain. Nous sommes en 1995, avant Internet. Les lettres mettent six mois à arriver, au rythme des rotations du cargo.

Joanne réalise en fait le voeu non formulé de son père disparu, « un pirate assagi », amateur de livres d'aventures, comme « L'île au trésor » ou « Les aventures d'Arthur Gordon Pym ».

« Mes études et ma vie m'ont ramenée dans ma chambre d'enfant. »

Dans cet isolement sauvage, Joanne rencontre Alexis qui lui est tourné non vers la terre comme elle, mais vers le ciel où il scrute les satellites, dans un contexte marqué par des essais nucléaires.

A partir de là, le récit prend un tour poétique et onirique.
Joanne retourne en France et Alexis découvre le journal de Jean-Louis Mélisse, daté de 1975, dans lequel il raconte ses recherches sur les aurores boréales et le « Trou de Symmes » évoqué par Jules Verne, Poe et d'autres et qui était censé communiquer avec un monde souterrain.

Cet étrange et poétique roman, aux frontières de la science-fiction, est une méditation sur la dilatation de l'espace et du temps.

Dans certaines conditions l'homme peut accéder à ce qu'il a de plus profond en lui. L'enfance, les rêves, mais pas seulement. « Ici » dit un des personnages « je peux être l'Homme des temps futurs, la Pythie de Delphes et les frères Grimm tout à la fois. »

Aux îles Kerguelen, on peut se choisir un nouveau nom,
cartographier un territoire vierge, mais pas trouver le bonheur car, « les Indiens d'Amérique ont toujours considéré la trop grande beauté des lieux comme un obstacle au bonheur de l'homme. »

L'issue ne peut être que tragique.

Magnifique texte qui peut engager à relire le très beau livre de Jean-Paul Kauffmann « L'Arche des Kerguelen : voyage aux îles de la Désolation. »





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