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Critique de zenzibar


Une dernière danse convie le lecteur dans l’univers du flamenco, dans son terroir de l’Andalousie.

Le style de Victoria Hislop réussit à transmettre des sensations en relief, les corps qui s’animent, quasi possédés dans une transe de feu, le martellement des pieds, des mains, les bustes qui domptent la musique, les regards qui défient le public jusqu’aux effluves aigres et lourds de l’essence artistique brulée.

Ces sensations Victoria Hislop les exprime avec lyrisme dans ses mots.

Mais si le flamenco est le point d’entrée du roman, après le martellement des chaussures de danse succède celui des cavaliers de l’apocalypse.

Les cavaliers de l’apocalypse, ce sont ces troupes qui au mois de juillet 1936 se mutinent contre le gouvernement républicain, à l’initiative des généraux Molla et Franco et originaires principalement de cette partie du territoire marocain alors espagnol.

Ces soudards vont tuer non seulement les « rouges », les soldats républicains, mais aussi semer la terreur dans la population civile, massacrer, violer…. au nom de Dieu encore et toujours.

Des croisés soutenus par Mussolini et Hitler dont l’aide en moyens humains et matériels seront décisives dès le début (sans le pont aérien mis en place par les Allemands la force de frappe franquiste principale n’aurait tout simplement pas pu accéder à l’Espagne). Une guerre atroce commence en ce mois de juillet 1936 et durera près de trois années.

L’auteure met en scène la famille Ramirez qui vit à Grenade en Andalousie : Pablo et Concha les parents gèrent un café et leurs enfants,Antonio l’ainé, Ignacio la rock star torero, Emilio le joueur de guitare homosexuel et Mercedes qui ne vit que pour le flamenco.

Dans cette tourmente où Grenade passera d’emblée sous contrôle des insurgés, la famille va se déchirer. A l’image du pays martyr, les postures vont se radicaliser et Moloch va dévorer le uns après les autres les membres de la fratrie.
Mercedes dévorée de ce feu intérieur du flamenco part à la quête de Javier ce guitariste exceptionnel dont elle est passionnément éprise. Des pérégrinations sur les routes où la mort ne cesse de prendre son tribut ; ses pas la conduiront beaucoup plus loin que prévu et pas seulement sur le plan géographique.

Il ne s’agit évidemment pas d’une histoire de la guerre d’Espagne sous couvert d’un drame romanesque mais l’auteure brosse des séquences d’épisodes capitaux de ce conflit avec les destins des membres de cette famille Ralmirez, dans une fresque à la Goya regorgeant de réalisme et d'authenticité . L’exercice a ses limites et n’évoque pas par exemple les affrontements qui provoquèrent des ravages au sein du camp républicain. Il y eu une guerre dans la guerre, entre communistes staliniens et anarchistes et trotskistes, guerre qui ne fut pas moins cruelle ….

La guerre d’Espagne a suscité sur le plan littéraire la création de quelques monuments, L’espoir » de Malraux, « Pour qui sonne le glas » d’Hemingway, « Les grands cimetières sous la Lune » de Bernanos…

Ce roman de Victoria Hislop n’a pas l’aura de ces chefs d’oeuvre mais c’est néanmoins une vraie réussite.

Un petit bémol toutefois, la romancière a utilisé la même recette que dans « L’ile des oubliés » pour la matrice de son scénario en particulier pour le dénouement. Ce « copier coller » affaiblit le choc escompté de l’épilogue, que le lecteur aura anticipé
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