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Critique de nadejda


Pour avoir osé lever les yeux sur Saba, la fille d'un notable dont la beauté l'a subjugué alors qu'il l'a croisée au marché où il venait vendre les grenades récoltées dans le verger de son père, un adolescent va se retrouver emprisonné et torturé pas seulement pour être puni mais pire pour y être oublié nous dit-il. 

Saba et lui ne sont coupables de rien et vont être accusés de tout, salis pour s'être endormis dans le verger de grenadiers après une douce reconnaissance de l'un par l'autre dans un amour très fort resté pourtant innocent et pur.
La vengeance du père sera terrible, quinze années de prison, de tortures et de souffrances qui vont dévastées la vie de cet adolescent devenu homme que l'on retrouve écrivant à sa toujours bien-aimée Saba, dans un carnet offert par le poète Abbas qui l'a recueilli presque mourant, alors qu'on l'avait jeté hors de la prison sans plus d'explication que lorsqu'il y avait été mené.

Ce livre est d'une beauté déchirante. Traversé d'une poésie qui parfois peut faire songer au Cantiques des cantiques tant il est imprégné du symbolisme de la grenade, du jardin clos, ce verger traversé par un vol d'hirondelles : «Elles filaient devant nous en vol plané avant de faire demi-tour dans un impeccable battement d'ailes. Elles piquaient au-dessus de nos têtes en nous bénissant de toute leur envergure. A mes côtés tu étais une chaleur parfaite, une compagnie parfaite.»

Mais la grenade est malheureusement aussi une arme de guerre, cette guerre d'Afghanistan qui va déborder sur le nord Pakistan voisin où se déroulent le récit pour pénétrer jusque dans la prison et poursuivre le narrateur qui relate dans le cahier que lui a offert Abbas, l'horreur traversée en parvenant à garder au fond de lui, préservés, les moments lumineux de son enfance et de sa rencontre avec Saba.

« Toutes ces années ! Elles m'ont tout pris. Ma santé et ma famille. Elles m'ont pris la personne que j'aurais pu être et m'ont rendu à la place la moitié d'un homme, une ombre.
(...) Ma capacité au plaisir a été endommagée. La souffrance s'est retirée, mais elle a laissé derrière elle une absence, une tristesse. Si vous y arrivez, imaginez-vous respirer et rien qui bouge à l'intérieur. Oui, je suis soulagé d'être libre, et c'est un soulagement profond, mais sans joie. Mes plaisirs m'ont abandonné, comme des pétales arrachés à une fleur ou perdus lors d'une gelée hivernale.
Pourtant quelque chose est ressorti indemne de toutes ces années. Un second miracle, peut-être. Je rêve toujours à toi. Je ressens toujours de l'amour pour toi. J'ignore comment ce sentiment n'a pas été détruit ... je m'étonne et m'émerveille qu'il ait été épargné.»

Je tiens à signaler un documentaire diffusé sur Arte dont les images illustrent parfaitement certains aspects de ce beau livre «En Arménie, la grenade l'un des plus anciens fruits cultivés par l'homme est un symbole national». Il est encore visible sur Arte +7 jusqu'à vendredi prochain.
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