La maison au bord du monde

Jamais ma déception de lecteur ne fut aussi grande qu'après lecture de la "La maison au bord du monde" de W. H. Hodgson..

Recommandé par H. P. Lovecraft, dans son essai - aussi crucial qu'indispensable pour les lecteurs de fantastique "Épouvante et surnaturel en littérature", je ne m'attendais pas à subir la lecture bien morne, rébarbative et fatigante d'un auteur aux qualités littéraires douteuses.

Certains y verront les prémices d'un des premiers récits de SF de l'histoire, d'autres admireront le risque du récit enchâssé au multiple thématique. Je n'y ai vu pour ma part qu'une vaine tentative de relater deux obsessions (et mal) : les cochons et l'immensité infini de l'espace. le tout serti dans un cadre convenu (un manoir isolé, une Irlande rurale extrêmement reculée). Dans la forme, le style reste continuellement ampoulé (l'auteur de la préface de l'édition Terre de Brume le concède aussi), balourd, redondant.

L'intention de Hodgson semble mal définie de bout en bout, les ressorts narratifs mal exploités : les personnages secondaires sont par exemple inutiles, les sous intrigues éludées. Les images ne sont pas puissantes et ne m'ont procurées aucune émotion, si ce n'est de l'accablement (Je me suis ennuyé sec à suivre le voyage dans l'espace et le temps de ce voyageur inconscient pendant des dizaines et des dizaines de pages...).

Si je reconnais cependant la beauté de certains épisodes du livre, comme l'assaut nocturne des créatures porcines (terriblement effrayantes) ou encore la description de cette plaine violette flanquée de divinités immondes, je retiendrais globalement une désaffection profonde à son récit...

Je savais ma future critique à charge si elle devait être rédigée à chaud, juste après ma lecture. J'ai donc laissé sa chance au livre en prenant le temps de le lire une seconde fois... Peine perdue !

Dieu seul sait comment un tel manuscrit a pu un jour obtenir l'accord et les crédits nécessaires d'un éditeur pour se retrouver sur les bancs d'une imprimerie...