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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
J'ai commencé la lecture avec une soif de savoir et un enthousiasme redoublé. Je ne connaissais pas Carl Honoré mais ce petit livre m'avait été recommandé par plusieurs personnes.

Très vite cependant j'ai réalisé que, loin d'un essai philosophique, loin d'un acte de 'pensée'; ce livre était en réalité construit de la manière suivante : chaque aspect de vie fait l'objet d'un chapitre : art / cuisine / ville / éducation / sexe / etc. Chaque chapitre est l'occasion de défendre des projets 'slow'. Les projets slow sont des projets ordinaires, rendus exceptionnels par le préfixe 'slow' qui est absolument partout dans le livre 'sloweat', 'slowholliday', 'slowcity', 'slowsex', 'slowsport'. On retrouve alors, loin d'un contenu philosophique, un aspect entrepreneurial qu'on qualifierait aujourd'hui de 'startupeur'.
Passons sur le fait qu'une bonne partie de ces 'slow[ajouter n'importe quel concept ici]' sont absolument hors de la portée du porte-monnaie moyen et que cet éloge est donc l'éloge d'une élite pouvant se permettre de prendre son temps loin de l'urgence nécessaire dans laquelle trempe un certain nombre de nos contemporains. Carl Honoré fait ici le choix de conforter sa position par l'intervention de nombreux témoignage de différentes personnes ayant approuvé tel ou tel slowconcept. le problème étant que ces personnes ont toujours le même profil : du trader qui fait prévaloir le fait qu'il n'a pas une seconde pour lui, mais qu'une séance de 'slowsport' est un 'must to do' avant de se rendre dans WallStreet, à des millionnaires qui paient une fortune pour méditer en silence pendant un week-end, du couple de new-yorkais surbooké qui ont découvert le plaisir du plat cuisiné par soi et qui se font la promesse de cuisiner au moins deux fois par semaine et d'éviter de manger devant la télé autant que possible, jusqu'à l'entrepreneur qui ré-invente le concept de vacance en faisant intervenir des calèches au lieu des voitures, bien trop rapide à son goût. Tout est superficiel et plus encore désincarné.
Le style d'écriture est, lui, dépersonnalisé : incroyablement brouillon, illisible par endroit, incompréhensible et ennuyeux (la traduction Française est particulièrement mauvaise, avec des fautes absurdes). L'écrivain peut parfois se montrer arrogant, critiquant sans cesse les hommes avec une 'queue de cheval' qui se livrent au tantrisme. Un psychanalyste y verrait sûrement un contenu intéressant. Plus encore Carl Honoré récupère certains concepts mais délaisse les fondateurs pour faire l'éloge (non pas de la lenteur) mais de l'élite ayant récupéré les codes. Il se montre particulièrement méprisant à bien des moments, sans que cela soit pour le moins constructif. Voici une poignée de sarcasme totalement gratuite et peu pertinentes récupérée sur 3 pages d'intervalles à peine, tout le contenu du livre est du même bois : "Ce mot d'ordre n'est pas une charte pour les paresseux ou les soixante-huitards attardés" ; "Holt et ses adeptes ne sont pas des extrémistes, ils ne souhaitent pas que leurs enfants étudient moins ou s'amusent toute la journée" ; " [Il parle d'élèves d'une école privée] Ils n'ont pas l'air particulièrement rebelles, certains ont les cheveux teints, mais aucun ne porte de tatouage visible ou de piercing au visage" (Carl Honoré). En prime l'auteur nous fait part de ses avis réactionnaires contre tout ce qui n'est pas 'tout beau tout lisse' ou issue des quartiers branchés de New-York ou de Londres.
Si la plupart de son bouquin est agaçant, mais pas franchement dangereux, ce n'est pas le cas de son chapitre sur la médecine : son peu de connaissance du monde de la médecine et le peu de recherche qu'il a effectué sur le sujet devient dangereux, l'auteur se lance alors dans de dangereux raccourcis, des affirmations sans fondement ou des à peu près qui mériteraient tout de même d'être précis.

Reconnaissons à Carl Honoré une place qui n'est franchement pas facile à tenir : critiquer notre mode de vie sans remettre le système en question. L'auteur se livre donc à des 'semi-critiques' sur le système (politique, économique, de santé) tout en nous rassurant sur le fait que les mouvements 'slow' ne sont pas 'contre le système' mais qu'au contraire cela va dans le sens de la mondialisation et du capitalisme. Nous voilà rassurés, nous qui avions presque vu percer une façon de nous démettre d'un système malade, mais non, "en traitant les gens et l'environnement comme des biens de valeur" (Carl Honoré), il est plaisant d'être un bien. Il apparaît que Carl Honoré n'est pas un mauvais bougre, mais son récit semble tout le long superficiel et hypocrite. Il nous offrira tout de même une pointe d'espoir, dans le fait qu'avoir écrit ce livre lui a permis de devenir quelqu'un d'autre : "Je me suis même entendu proposer ma place au client qui était derrière moi, parce qu'il avait moins d'articles" (Carl Honoré). Nous voilà infiniment rassuré.

En conclusion, je vous dirai ceci : ne perdez pas votre temps à lire 'Eloge de la lenteur'. Non pas qu'il nous faut suivre le rythme effréné qui nous est imposé, et il s'agit même de ralentir. Mais il faut également faire preuve de discernement afin d'accéder à des oeuvres qui, demeurant en sommeil, attendent qu'un oeil curieux s'y dépose afin de livrer toutes leurs richesses.
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