Citations sur Le Rocher blanc (42)
Le rocher blanc est là. Le rocher blanc. L’endroit où le monde est né.
Un bon endroit pour recommencer.
(page 91)
Elle a peur, cette femme, pour ses enfants, pour elle, sa peur dégouline, forme une flaque autour d'elle, sur le pont. La fille voudrait éloigner Maria-Luisa de la peur de cette femme, mais il n'y a pas de place pour bouger. Sa sœur doit rester assise là, tout comme d'autres doivent s'asseoir dans les flaques que font leurs enfants, parce qu'il n'y a nulle part où aller ; seul le soleil les sèche. Mais le soleil n'assèche pas la peur, il ne fait que l'étirer.
Nous sommes riches de donner. Riches d’offrir – telle est la plus simple des vérités.
(page 295)
La fille ferme les yeux, s’imagine être assise comme les gens dans ce train, voyager si vite sur un monstre qui déchire la nuit. Ce serait comme être aveugle. Regarder le paysage derrière les vitres sans rien voir.
(page 131)
Le lieutenant s’empare des rames et se met à souquer.
Voilà longtemps qu’il n’avait pas ramé. Étrange, la rugosité des rames dans les paumes, sa sensation de ses bras qui les tirent dans l’eau, du petit canot qui répond.
Plonger, tirer, pousser, plonger, tirer, pousser.
La sueur perle sur sa peau.
Silence. Plus vite maintenant : ne reste que son souffle dans l’effort, le bruit des rames dans leurs tolets.
(page 219)
Elle leur explique qu’elle y était déjà allée, qu’elle avait vu le rocher blanc dans l’océan, l’endroit que les Wixárikas appellent Tatéi Haramara, notre Mère Océan, l’origine de la vie.
(page 50)
Peut-être est-ce sa fille qui peut lui enseigner comment exister : comment se ficher du sable dans sa culotte, de la poussière du désert partout sur ses habits, comment la rencontrer, se rouler dedans, la laisser vous pénétrer, vous changer. Et si elle possédait déjà nombre des compétences nécessaires pour ce qui les attend ? La sagesse de tenir cette vie brève avec autant de douceur et de révérence que possible. Savoir où placer la calebasse. Modeler le sable avec ses mains aux larges paumes. Jouer à cet endroit où l’eau accoste le rivage.
(page 314)
Il y a un rocher blanc là-bas, dans l’océan, où les Indiens disent que le monde est né. Ils y font des pèlerinages. C’est un endroit magnifique. Sauvage.
(page 85)
Il s’étire, et là il voit les étoiles, le grand firmament au-dessus, et il n’est plus qu’embruns, des embruns tournoyant dans la poussière d’étoile, un homme qui était chanteur et qu’on appelait une star. Il se croyait alchimiste, il croyait pouvoir se changer en or, mais il n’a jamais été que boue. Un simple gosse qui se dandine sur les planches.
(page 292)
Sur l’écran de l’ordinateur portable, le générique défile. La femme appuie sur pause et tire sa fille vers elle. La fillette se tortille. Elle est chaude. Elle a les joues rouges. Son haleine tiède, semblable à la levure, sent l’absence de dentifrice et le trop-plein de sucre.
(page 15)