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Critique de laudou92


Grand admirateur d'Anna Hope, j'ai été plutôt déçu par ce qui est un recueil de quatre nouvelles plutôt qu'un roman, malgré leur savant agencement. Toutes sont construites de la même façon. Une situation initiale : nouvelle n°1, un minibus de touristes (de pèlerins?) en route vers un site sacré du Mexique (le Rocher Blanc) en 2020 ; nouvelle n°2, Jim Morrison incognito et seul dans un petit hôtel mexicain (près du Rocher) dans les années 60 ; n°3, un bateau chargé de futurs esclaves à l'approche du même Rocher au début du siècle ; n°4, un capitaine espagnol devenant apparemment fou alors que son bateau appareille juste en face du toujours même Rocher à la fin du 18ème siècle. Ces situations initiales demandent des explications, et donc de longs (très longs) retours en arrière. Quand le lecteur les a enfin obtenues, les nouvelles s'interrompent l'une après l'autre et laissent place à une sorte de bref poème en l'honneur du Rocher. Puis, dans l'ordre inverse (du 18ème siècle à 2020) les récits reprennent, et narrent une grande scène qui se produit donc…. vous savez où.
Cette unité de lieu ne change rien au fait (à mon avis) que ces nouvelles restent complètement indépendantes les unes des autres, et d'un intérêt variable (j'ai nettement préféré les n°3 et 4, qui se situent dans un passé plus lointain, et franchement détesté les errances de Jim Morrison).
En refermant le livre, on se dit qu'évidemment Anna Hope a voulu prouver, construire, magnifier quelque chose à travers ce fameux Rocher, lieu sacré, vénéré, vénérable. La construction du livre, telle que je viens de la résumer, ainsi que le style, particulièrement travaillé, chargé de métaphores, poétique, épique, plein de surprises, de ruptures, devraient provoquer une sorte d'exaltation intemporelle…. Or il n'en est rien !
Les personnages autour desquels sont construites les nouvelles ( "l'écrivaine", "le chanteur", "la fille"! "le lieutenant") sont médiocres, passifs, peu attachants, ils ont la tête vide, ils sont portés vers ce Rocher par une sorte de sombre destinée à laquelle ils se laissent aller. Les pratiques chamaniques évoquées dans la nouvelle contemporaine ressemblent à des tours de passe-passe grossiers, les offrandes laissées sur le site sont minables. Quant au Rocher lui-même…. « Il atteint le rocher, sent son odeur de crabes, de pisse, d'eau de mer et quelque chose d'ancestral, de troublant, de magnifique ». J'avoue tristement avoir beaucoup plus gardé en tête l'odeur de pisse que la magnificence. Dans quelle galère Anna Hope a-t-elle eu exactement l'intention de conduire ses lecteurs ?
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