Survivant des glaces

Ah du Mike Horn, du vrai, du poilu, qui sent mauvais et qui met un pied devant l'autre, qu'il pleuve, vente, neige ou quoi qu'il se passe, un pied devant l'autre, et la distance avec la maison se raccourcit. C'est un récit de dépassement de soi. J'ai même le sentiment que dans les autres livres, il y avait toujours un peu de marge, là, ça semblait franchement tendu. La faute aux éléments qui se déchaînent ? La tâche était-elle trop ardue ? le Mike vieillissant ?

A vrai dire, j'ai senti dans cette lecture, en plus de sa capacité (critiquable mais toujours aussi efficace) à prendre le contrôle de son mental, une maturité, un sentiment de vieux baroudeur qui commence à regarder son parcours avec une humilité, un recul, qui m'ont plu. Moins de brutalité dans le discours, mais dans les actes, que d'extrêmes !!

C'est possible de critiquer le personnage, sa manière de faire, ses choix, mais au moment de peser la difficulté de son expédition, j'ai du mal à imaginer quelqu'un qui trouverait ça facile, commun, banal. Non, c'est extraordinaire, hors du commun justement. Et c'est ce que j'aime dans ses histoires, ça montre à quel point les limites que nous nous mettons sont factices. Oui faire tout ça est possible, et je ne suis même pas sûr qu'il ait eut des prédispositions pour ça, ah si peut être la persévérance, la capacité à regarder au delà des murs, à viser au delà des barrières, son goût du risque. Mais tout ça, ce ne sont que des capacités à aller au delà de ce que l'on imagine impossible.

Et quand on y va, voilà ce que ça donne, ce livre en est un exemple. Et pour ceux qui aiment les récits de contrées hostiles, allez-y les yeux fermés. D'ailleurs, ça tombe bien, la moitié de la traversée du pôle s'est faite de nuit...