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Critique de marie_amelie


Si l'on s'en tient au strictement factuel, c'est l'histoire qu'un fonctionnaire de quarante ans, célibataire, qui hérite de son père, se paie un circuit organisé en Thaïlande, y rencontre une professionnelle du tourisme et imagine avec elle et un de ses collègues, à son retour, un nouveau concept de vacances en club, favorisant les échanges sexuels des vacanciers avec les autochtones. L'histoire se termine mal, par un attentat commis par des islamistes radicaux dans le club qu'ils ont fondé à Krabi.
Si l'on pousse un peu plus loin : c'est l'histoire d'un homme seul, profondément cynique, qui ne s'épanouit que dans le sexe pour le sexe (sans relations, svp). Cet homme, le narrateur, antipathique, misanthrope et solitaire, porte un regard clinique sur le monde qui l'entoure, à partir de deux grilles de lecture, la sociologie et le marketing. Cela donne lieu à des descriptions cruelles, pleines de désillusions, mais que l'on ne peut s'empêcher de trouver souvent (très) drôles, tout en se disant que ce n'est pas politiquement correct d'en rire. Mépris pour les provinciaux, les « bidochons ». Mépris pour les « trendys ». Mépris pour les religions, surtout les religions monothéistes, en particulier l'islam (car les catholiques, au moins, ont compris, ils ont introduit un trio de dieux, des saints, une vierge, pour rendre les choses un peu plus attrayantes… j'adore !). Admiration pour les prostituées, celles qui aiment leur métier et le font bien. Mépris pour la famille… Clichés raciaux. Clichés de classes. Lors de son voyage, le narrateur tombe amoureux de Valérie, qui aime faire l'amour et nager dans la mer, qui aime donner du plaisir et en recevoir, gentille prédatrice capitaliste, dont l'objectif est de mettre suffisamment d'argent de côté pour en profiter sous des cieux plus cléments et moins pudibonds que la France. Michel s'humanise, devient plus positif, mais Valérie meurt dans l'attentat. Il sombre alors complètement, redevient triste, solitaire et cynique, et perd son seul goût pour la vie, son amour du sexe. Il devient complètement insensible.
L'écriture est clinique, mécanique, précise, on voit ce que le narrateur voit, on entend ce qu'il entend, les mots sont choisis avec justesse. le narrateur mêle son récit d'extraits du Guide du Routard (qu'il déteste, ce parangon de la bien-pensance), de théories marketing et d'extraits de sociologues. Les scènes de sexes sont racontées de façon très crue, très descriptive, comme attendu dans un Houellebecq. Il oppose l'opulence d'un monde, sa violence économique, à la pauvreté d'un autre, et à sa violence physique. Il pose cet environnement dans son roman, sans sourciller, comme si tout était normal.
J'ai lu ce roman en pensant ne pas l'aimer et je l'ai dévoré. D'accord ou pas d'accord avec cet auteur provocateur (ou 1er degré ?), on ne peut que reconnaître son talent d'écrivain…
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