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Critique de Jahro


Après quelques pages, l'inquiétude grandit : nous aurait-on conseillé un porno ? Houellebecq n'y va pas par quatre chemins pour décrire l'acte. Avec lui, pas de suggestion, ça suce, ça lèche, ça pénètre. On croise des bites, des chattes, des fesses et des tétons. Autant dire qu'une telle lecture n'est pas recommandée aux esprits prudes.
Mais s'il se permet tous les vices, s'il prend plaisir à dériver vers tous les interdits, l'auteur verrouille son oeuvre d'un souci permanent d'apparaitre tel qu'il est : triste. Ce n'est un secret pour personne, ce type est un parangon d'amertume. Même son histoire est à son image, désabusée. Jamais une joie n'évite le désaveu d'un contrepoids brutal. Avec Houellebecq, aucun bonheur n'est éternel – et tout le long du livre il n'a de cesse de nous le rappeler.

Mais réduire son récit à la complainte d'un quadra mal luné serait un tort. Plateforme évoque une voie de sortie il est vrai peu compatible avec les morales en vigueur, mais après tout plausible. Et le raisonnement conduit est assez fouillé pour convaincre.
Certes on n'a pas tous la frustration du sexe, l'envie pressante de découvrir des expériences nouvelles avec nos corps. On n'est pas tous à voir dans les voyages une opportunité d'accomplir nos fantasmes. Simplement, force est d'admettre qu'il y a dans nos sociétés occidentales modernes un sentiment diffus d'inachevé. Une lassitude d'ensemble saturée de produits et d'un besoin malsain de rayonner. Et cette proposition d'associer les cultures dans un but essentiellement charnel n'est pas forcément insensée.

Plateforme se lit vite, intensément, comme une démonstration sarcastique d'un autre monde qui serait possible sans l'héritage judéo-chrétien qui nous enchaîne. Une chronique douce-amère où l'on rit jaune, où l'on s'entête, où l'on stoppe régulièrement sa lecture en regardant le ciel, pensant : pourquoi pas ? On en regretterait presque son final plus commun, mais nécessaire, dans lequel elle s'automutile. Mais on le sait maintenant : avec Houellebecq, aucune jouissance ne dure.

4/5
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