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Critique de Lamifranz


Victor Hugo hélas, Victor Hugo tant mieux, Victor Hugo poète, Victor Hugo romancier, Victor Hugo dramaturge, Victor Hugo auteur de souvenirs, d'essais, de discours, Victor Hugo dessinateur… Il y a mille Victor Hugo et il est pourtant unique. du haut de ses pyramides de livres, sa barbe nous contemple et remplit à elle toute seule notre imaginaire : Victor Hugo, quoi qu'on en dise, est un monument national. Une légende.
Et quand une légende comme lui écrit, ce qu'il écrit devient forcément légendaire. « La légende des siècles » est de ce fait multi-légendaire : parce qu'elle est écrite par une légende, parce qu'elle-même devient une légende du fait de l'excellence de sa composition, et du fait que le thème même de l'ouvrage est imprégné de légendes.
« La Légende des siècles », par son titre est double : le terme « Les siècles » nous informe que l'auteur va nous présenter une histoire du monde. Mais le terme « légende » nous précise qu'il ne s'agit pas seulement de retracer une histoire de l'humanité, mais de la placer dans un contexte plus ou moins imaginaire, en tous cas recréé, poétique et plus tourné vers le rêve et l'imagination que vers une étude rationnelle de l'évolution des hommes.
Avec « Les Contemplations » et « Les Châtiments », « La Légende de siècles » compose le trio majeur de la poésie de Victor Hugo. Ce qui ne signifie pas que les autres recueils, depuis les « Odes et Ballades » et « Les Orientales » jusqu'aux « Chansons des rues et des bois » et « L'Art d'être grand-père » sont des oeuvres mineures, loin de là. Mais la quintessence de Hugo poète se trouve dans ces trois recueils : poésie lyrique (« Les Contemplations »), poésie de combat (« Les Châtiments »), et poésie épique (« La Légende des siècles »).
Des trois livraisons de la « Légende des siècles » (1859,1877 et 1883), la première est la plus accessible, suivant un ordre historique depuis les temps bibliques jusqu'aux temps actuels (1859). On y trouve la plupart des grands poètes du recueil : « La Conscience », « Booz endormi », « Après la bataille », etc ; la deuxième suit toujours un ordre historique en incluant des poèmes non insérés dans la première série, mais se tourne volontiers vers la méditation philosophique voire métaphysique, et traduit un certain pessimisme. Elle est riche elle aussi en poèmes remarquables : « L'Epopée du ver », « le Romancero du Cid », « le cimetière d'Eylau », « Petit Paul », ainsi que le poème « Un poète est un monde enfermé dans un homme » ; la troisième série, encore plus orienté vers la réflexion métaphysique est plus difficile d'accès, sauf pour quelques poèmes comme « Les paysans au bord de la mer » ou « La chanson des doreurs de proue ». En 1883, une nouvelle édition refondant les trois séries en un recueil unique conféra une certaine unité à l'ensemble, mais interdit désormais de voir l'évolution des textes et de la pensée de l'auteur.
Dans « L'Art romantique » (1869) Baudelaire écrivit ce jugement (qui semble définitif) sur l'oeuvre et son auteur : « Pour en revenir à la Légende des siècles, Victor Hugo a créé le seul poème épique qui put être créé par un homme de son temps pour des lecteurs de son temps ». Nous pouvons compléter : « de son temps…et des autres époques ». Car nous mesurons nous aussi la puissance visionnaire du poète, sa faculté de nous faire toucher du doigt l'histoire et la légende mélangées en un objet unique, source à la fois de connaissance et de réflexion, de rêve et de réalité.
Victor Hugo fait partie de ces enchanteurs qui nous sortent de nous-mêmes pour nous transporter sur une autre planète enchantée, celle de la poésie.
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