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Critique de Lamifranz


C'est le moment crépusculaire.
J'admire, assis sous un portail,
Ce reste de jour dont s'éclaire
La dernière heure du travail.

J'avais six ans, j'entrais en 11ème (Cours préparatoire), et ce poème était ma première récitation (la deuxième étant « Les hirondelles sont parties » issue de « L'Art d'être grand-père »). Aujourd'hui plusieurs décennies ont passé, et je me souviens comme si c'était hier de ces mots écrits sur le tableau (noir, à l'époque, maintenant il est vert, ou blanc…)
« Les Chansons des rues et des bois » est un des plus beaux recueils de Victor Hugo, sans doute parce que justement, le ton employé est celui de la chanson, familier et mélodieux, parfois grave, souvent léger, parfois coquin, parfois profond… Comme la chanson, Victor Hugo parle de tout et à tous, seulement il le fait de façon à être immédiatement compris : ce n'est pas pour emporter, c'est pour consommer tout de suite (si on veut on peut emporter, c'est aussi bon réchauffé). Loin du poète lyrique des « Contemplations », du poète épique de « La Légende des siècles » ou du poète satirique des « Châtiments », Victor Hugo nous livre ici une partition (c'est le mot) d'une grande simplicité, qui s'adresse à la part de nous qui est restée dans l'enfance ou l'adolescence, on y retrouve la communion avec la nature et la communion avec les êtres, et cette espèce d'innocence que jamais on ne retrouve mais qui, par la grâce du poète, nous revient par bouffées, ou par fantômes de bouffées…
Parmi les titres les plus connus : « le Cheval » (« … de l'écume du montre agile : Maître, je mets Pégase au vert ! »), « Saison des semailles le soir » (« … semble élargir jusqu'aux étoiles le geste auguste du semeur »), « Comédie dans les feuilles » (« … à cet Héraclite des arbres, ce Démocrite des oiseaux »), « Les enfants lisent, troupe blonde » ( « … Je songe au mal, énigme étrange, faute d'orthographe de Dieu »), « Les Tuileries » (« Nous sommes deux drôles, aux larges épaules ») ou encore « Va-t'en me dit la bise » (« le trou de la serrure me souffle sur les doigts »).
L'inspiration est très variable, la mythologie, la guerre, sa petite-fille Jeanne, des souvenirs de promenade, des moments volés… Des instantanés… qui durent.
Victor Hugo, c'est comme Mozart, un jour ou l'autre il vous tombe dessus et vous ensorcelle. Vous pouvez ne pas tout aimer, mais vous ne pouvez pas tout détester et il y a des choses (beaucoup) que vous adorez.
Que ce soit dans sa poésie ou ses romans, Victor Hugo sait nous toucher, c'est sans doute qu'il a un don particulier pour éveiller chez nous les émotions, et ce qui fait de lui un grand poète, et un grand romancier, c'est qu'il est avant tout un grand homme
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