AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


Jujuy,
Janvier 1977.

Il ne rêvait que de ses prochaines vacances au bord de l‘océan, loin de la cohue de Buenos Aires. Les jours approchent, la brise marine, l'air frais. Et puis son chef qui lui demande, ordonne, d'aller au Nord, dans les terres, pour interroger Matilde, dictature oblige. Ferroni est un « interrogateur » hors-pair. Son point de départ, des lettres de correspondance entre Matilde et Maria.

Jujuy. le Nord, c'est une chaleur étouffante et de la poussière. L'enfer pour ses mocassins cirés. La sueur lui coule dans les yeux, dans le cou, une sueur collante que même un mouchoir blanc n'en vient à bout. Il s'engouffre dans ce bar, commande une bière, regarde ses chaussures, attend sa bière en silence…

« - Qu'est-ce que vous êtes venu faire ?
- Vous saluer. Et aussi boire une petite bière. Il fait chaud. »

J'aime en fait quand le « héros » prend son temps pour s'asseoir et boire une bière à la terrasse d'un café. Les heures s'écoulent, la sueur coulent, la poussière colle. Voilà l'histoire de ce « lieu perdu ». Il déambule dans les rues, poussiéreuses. Sous une chaleur, accablante. Sa chemise est trempée, de sueur. Il marche à l'ombre, se souvient. Des odeurs. Des instants d'enfance. Fragrance de jasmin, érotique. Il attend. Il attend la prochaine lettre de Matilde et avoir un indice pour la localiser. C'est bientôt l'anniversaire de Maria, elle va lui écrire une nouvelle lettre, Matilde n'oublie jamais. Il n'a donc qu'à l'attendre, la lettre. En attendant, il retourne boire une bière. Entre deux siestes.

Que dire de plus de ce roman. Qu'il est difficile d'expliquer pourquoi je m'y suis senti aussi bien. La solitude, les odeurs de jasmin, la moiteur ambiante. Son inaction aussi, et l‘attente. Je ne sais pas pourquoi, je ne saurai l'expliquer, mais ce roman de Norma Huidobro (belle traduction au passage de Dominique Lepreux) me correspond si bien. Peut-être aussi parce que je me verrais bien à la place de cet homme, perdu dans la poussière argentine, transpirer ma putain de vie à la table solitaire d'un bouge perdu, déambuler à l'ombre d'une ruelle déserte, écouter le silence, une serveuse qui m'ignore, une bière fraîche.
Commenter  J’apprécie          545



Ont apprécié cette critique (51)voir plus




{* *}