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Dominique Lepreux (Traducteur)
EAN : 9782867464980
224 pages
Liana Lévi (15/01/2009)
3.6/5   30 notes
Résumé :
Villa del Carmen. Il y a ceux et celles qui partent, et ceux et celles qui restent. Ceux et celles qui de Buenos Aires envoient des lettres pour raconter la vie, le travail et l'amour. Ceux et celles qui attendent les lettres et gardent la mémoire du passé dans cette province du nord de l'Argentine. Marita attend les lettres de Matilde. Une tranquille répartition des rôles qu'un certain Ferroni vient déranger en 1977. Lui, ce qu'il veut, c'est retrouver l'amoureux d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Jujuy,
Janvier 1977.

Il ne rêvait que de ses prochaines vacances au bord de l‘océan, loin de la cohue de Buenos Aires. Les jours approchent, la brise marine, l'air frais. Et puis son chef qui lui demande, ordonne, d'aller au Nord, dans les terres, pour interroger Matilde, dictature oblige. Ferroni est un « interrogateur » hors-pair. Son point de départ, des lettres de correspondance entre Matilde et Maria.

Jujuy. le Nord, c'est une chaleur étouffante et de la poussière. L'enfer pour ses mocassins cirés. La sueur lui coule dans les yeux, dans le cou, une sueur collante que même un mouchoir blanc n'en vient à bout. Il s'engouffre dans ce bar, commande une bière, regarde ses chaussures, attend sa bière en silence…

« - Qu'est-ce que vous êtes venu faire ?
- Vous saluer. Et aussi boire une petite bière. Il fait chaud. »

J'aime en fait quand le « héros » prend son temps pour s'asseoir et boire une bière à la terrasse d'un café. Les heures s'écoulent, la sueur coulent, la poussière colle. Voilà l'histoire de ce « lieu perdu ». Il déambule dans les rues, poussiéreuses. Sous une chaleur, accablante. Sa chemise est trempée, de sueur. Il marche à l'ombre, se souvient. Des odeurs. Des instants d'enfance. Fragrance de jasmin, érotique. Il attend. Il attend la prochaine lettre de Matilde et avoir un indice pour la localiser. C'est bientôt l'anniversaire de Maria, elle va lui écrire une nouvelle lettre, Matilde n'oublie jamais. Il n'a donc qu'à l'attendre, la lettre. En attendant, il retourne boire une bière. Entre deux siestes.

Que dire de plus de ce roman. Qu'il est difficile d'expliquer pourquoi je m'y suis senti aussi bien. La solitude, les odeurs de jasmin, la moiteur ambiante. Son inaction aussi, et l‘attente. Je ne sais pas pourquoi, je ne saurai l'expliquer, mais ce roman de Norma Huidobro (belle traduction au passage de Dominique Lepreux) me correspond si bien. Peut-être aussi parce que je me verrais bien à la place de cet homme, perdu dans la poussière argentine, transpirer ma putain de vie à la table solitaire d'un bouge perdu, déambuler à l'ombre d'une ruelle déserte, écouter le silence, une serveuse qui m'ignore, une bière fraîche.
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Le lieu perdu, un petit livre qui était dans ma Pal je ne sais d'ailleurs comment, il était perdu lui aussi. Je n'attendais rien de spécial de ce roman, le début intéressant, l'intrigue est posée, puis le milieu se traîne un peu en longueur, mais alors la fin, c'est l'apothéose.

L'histoire se passe en Argentine, à l'époque de la dictature, Ferroni, est envoyé dans ce petit lieu perdu Villa del Carmen, pour récupérer des indices sur la disparition de Matilde. Cette dernière a disparu de Buenos Aires, sans prendre ses vêtements, mais les lettres de son amie Marita sauf une. Ce qui a mis les enquêteurs sur la piste. Ferroni arrive dans ce petit lieu perdu accablé de chaleur et se rend donc chez Marita pour la questionner et tenter de récupérer cette correspondance qui pourrait lui donner l'indice indispensable pour retrouver cette fille.
Au début, on ne saisit pas toute l'ampleur de l'enjeu, puisque Ferroni, donne comme prétexte que c'est le frère de Marita qui est à sa recherche, mais très vite, par la connaissance des lettres nous comprenons que la gravité de sa disparition va au-delà d'une simple escapade.

Les lettres des deux amies sont une fraîcheur dans cette fournaise, lourde et oppressante, la contradiction avec cet odieux personnage de Ferroni.

Marita, ne lâche pas d'un pouce, elle tient bon, grâce à la complicité d'une vieille du village.

En filigrane de cette histoire, le passé tragique de ces personnages, tant pour Ferroni, que Marita, ou de Matilde ajoute de l'émotion à l'histoire et nous éclaire quant aux personnages eux-mêmes.

C'est un très beau tableau, bien que tragique et écrit avec poésie dans la chaleur argentine, c'est une belle découverte sur un pays au passé lourd de souffrances. Un peuple qui a enduré la dictature avec toutes les horreurs que cela engendre.

A lire sans contexte, même si ce n'est qu'une infime page de l'histoire de ce pays, c'est une histoire émouvante.

La fin est inattendue quoi que mais je ne peux vous en dire plus sans en révéler la clé.
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"Il est un lieu où le soleil se couche, un autre où le jour se lève, un autre encore où il fait toujours nuit. Il est un lieu proche et un lieu irrémédiablement perdu. Et il est des moments, dans l'écoulement des jours, où le temps s'allège et dévie le cours des heures. Peut-être est-ce un piège de l'air qui s'épaissit, qui prend brièvement corps et embrouille le temps. Toujours est-il que dans ces moments-là, l'esprit s'abîme, se dilate, s'échappe et, à la fin, revient, rapportant entre ses dents le lieu perdu" (page 9)

C'est le coeur de l'été dans la province déshéritée de Jujuy, dans le nord-ouest de l'Argentine. Ferroni, un enquêteur spécialiste des interrogatoires, a été envoyé depuis Buenos Aires pour retrouver une jeune femme disparue, Matilde.

Dans ce village de Villa del Carmen, il s'adresse à Marita, la propriétaire d'un petit restaurant servant des tamales et des empanadas, correspondante et meilleure amie de Matilde. Marita détiendrait des lettres qui permettraient de localiser Matilde.

Très vite, c'est un bras de fer psychologique qui s'engage entre Ferroni et Marita dans la touffeur de l'été du piémont andin argentin. Ferroni trouve portes closes, et se heurte à la résistance muette et fière de Marita, dont on comprend peu à peu les motifs, grâce aux va-et-vients entre les lettres de Matilde et les monologues intérieurs des différents protagonistes.

Difficile d'en dire plus sans révéler la substance de ce court roman, à l'écriture poétique et acérée (un genre d'Ogawa argentine). Une substance insaisissable, éthérée et presque parabolique. Dans l'atmosphère étouffante de cet été argentin, une variation subtile sur le thème de l'amitié.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ferroni recherche Mathilde, ou plutôt l'amoureux de celle-ci. Il cherche à obtenir les lettres envoyées à son amie, Marita, la fille aux yeux de pierre « Elle avait le visage sec. Pas une seule goutte de sueur. La mèche de cheveux lui effleurant la joue. La fille ne répondit pas et continua de marcher sur le fond ».

L'homme, au prise à ses passés, Marita à la découverte de l'amour, par amie interposée, et à la mémoire de sa mère disparue.

Des disparu-e-s omniprésent-e-s dans cette Argentine des années de la dictature à peine évoquée. Derrière une histoire simple, les questions aux vieilles de Villa del Carmen, la contrainte des souvenirs, les mots et surtout les silences, des déplacements dans les rues poussiéreuses. Une histoire d'attentes…
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Etrange roman de Norma Huidobro qui se passe en Argentine.

On devine rapidement que l'histoire se déroule pendant les années de dictature. Un enquêteur est envoyé loin de Buenos-Aires à la recherche d'un femme qui possède des lettres. Il la trouve rapidement, c'est Marita, et elle ne veut pas lui donner. Il est décidé qu'il doit attendre la lettre qu'elle recevra pour son anniversaire qui est dans peu de temps.

Les lettres que possèdent Marita sont envoyées par son amie Matilde, partie à Buenos Aires, qui lui raconte sa vie, sa rencontre avec Jose-Luis... le livre raconte par petites touches la vie de Marita et de Matilde.

L'enquêteur est à la recherche d'éléments sur Jose-Luis qui est considéré comme subversif. Il patiente dans le village et se promène. Ses promenades font ressurgir et revivre des souvenirs d'enfance, notamment l'histoire de sa mère. En plus de ses hallucinations, le pauvre gars est aussi omnubilé par ses chaussures qui se salissent à grande vitesse dans ce village perdu de Villa del Carmen, d'abord par la poussière puis la boue !

Le style est très beau et donne une ambiance particulière, tout en évocations et en suggestions. Les personnages féminins de Marita et Matilde sont très attachants et la fin est très forte !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La soupe de légumes est un bon premier plat. Ils commandent toujours une soupe de légumes. Une fois par semaine, c'est bien ; deux, aussi. Mais plus souvent, non. Plus souvent ils se lasseraient. C'est la même chose avec la soupe de cacahouètes. Non, c'est pire avec la soupe de cacahouètes, parce qu'elle est lourde. Et plus compliquée à faire. La soupe de légumes se prépare facilement. C'est un plaisir de voir les légumes tout propres et coupés, le vert de la bette, l'orange de la carotte et de la calebasse, quelques petites patates pour ajouter une touche de blanc. L'oignon est transparent ; cru, il est dune blancheur lumineuse, mais sitôt cuit, il devient comme de la bave de bébé, et le céleri, lui aussi s'éclaircit. Le persil noircit ; l'ail devient blanc, mais comme on le hache tout menu, c'est à peine si on le voit. Avec des petits vermicelles la soupe est encore meilleure ; escargots, papillons, ave maria. Le Portègne ne va pas rester pour le déjeuner. La Matilde dit qu'à Buenos Aires les gens ne mangent pas de soupe. Parfois, oui. Vraiment de temps en temps, dit la Matilde ; en hiver, c'est tout, et encore pas tous les jours. En été, il ne faut pas y songer. Le Portègne ne va pas déjeuner ici. comme s'il allait manger de la soupe ! Un rien piquant, il a dit. Les tamales ne sont pas un rien piquants, ils sont piquants. Piquants, monsieur, piquants ;
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Village de merde. Rues de merde. La première chose qu’il ferait en arrivant à la pension, c’est de laver ses chaussures ; il n’avait pas d’autre solution que de les décrotter dans le grand bac à laver le linge. Et il allait devoir le faire rapidement, avant que la boue ne sèche. Quand la boue a séché, c’est toujours plus difficile, on finit par érafler le cuir, et ensuite plus aucun cirage ne peut masquer les éraflures. En revanche, quand la boue est fraîche, on met la chaussure sous le robinet, en prenant garde que l’eau ne s’infiltre pas à l’intérieur, et le nettoyage se fait tout seul. Bien sûr, ensuite, il faut l’essuyer soigneusement avec une peau de chamois et la faire sécher. Ferroni pensa qu’une couche de teinture serait une bonne chose avant le cirage. Oui, murmura-t-il, d’abord une couche de teinture et ensuite le cirage. La ruelle luisait. Il ne pleuvait plus, mais il y avait encore de l’eau sur les feuilles des arbres et sur les joints du pavement. Le ciel était complètement dégagé et le soleil voulait déjà se montrer. Il a beau pleuvoir à verse, tu verras que dès que ça s’arrête le soleil sort aussitôt ; dans le Nord, c’est comme ça, lui avait dit son supérieur. Alors, autant faire vite ; si la boue de ses chaussures séchait, il allait devoir la décoller avec un couteau.
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Le soleil, la chaleur, la transpiration, les mouchoirs, qui devenaient gris tant il s’épongeait le visage et le cou. La seule chose réconfortante aux yeux de Ferroni, c’était l’ombre des trottoirs. A la différence de Buenos Aires, où il faisait aussi chaud sur le trottoir au soleil que sur le trottoir à l’ombre, sur ces trottoirs ombragés on trouvait vraiment de la fraîcheur. Les trottoirs à l’ombre était frais. On passait du trottoir au soleil au trottoir à l’ombre, et la différence était palpable. A Buenos Aires, cela n’arrivait pas, et Ferroni le ressentait comme une consolation. Et puis les nuits étaient fraîches, et à l’heure de la sieste il n’était pas nécessaire de mettre le ventilateur en marche. Mais comme il était stupide de se consoler avec des choses aussi stupides, alors qu’on ne pouvait pas faire deux pas sans que ses chaussures deviennent blanches de poussière et son mouchoir gris dès qu’on se le passait sur le visage et sur le cou pour en éponger la sueur.
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Un scarabée, pattes en l’air, se berçait sottement dans l’eau de la cuvette. Ferroni le regarda avec une certaine appréhension et décida que le mieux était de vider l’eau avec le scarabée dans le trou d’évacuation du bac. Il se lava le visage, se rappelant la sensation de bien-être qu’il éprouvait chaque fois que l’eau glacée lui fouettait les joues. L’eau le réveillait, le mettait en alerte, lui activait les neurones.
Ferroni pensa au scarabée ; il l’imaginait en train de marcher le long du tuyau d’écoulement, cherchant à s’évader de cette prison sombre et tubulaire. Soudain, là, debout dans la cour, près du bac à laver le linge, il frissonna. Il se rendit compte qu’il n’était pas prudent de sortir en maillot de corps de si bonne heure. Il pouvait prendre froid. Il n’était pas habitué à des petits matins si frais en plein été.
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L’ombre sent le jasmin. Mais ce n’est pas l’ombre, et ce n’est pas seulement le parfum du jasmin. Il y a une odeur qui lui parvient, fumeuse et âpre, qui ne se mêle pas à l’odeur du jasmin, mais qui l’accompagne, la poursuit, la rattrape, elles vont de pair, se séparent, se rejoignent. Ferroni sait que c’est l’odeur des serpentins pour faire fuir les moustiques. Il voit la spirale avec son œil de lumière, accrochée au support de laiton, il voit la fumée s’étirer paresseusement vers le haut et il comprend que ce n’est pas l’ombre qui sent la fumée, mais bien la nuit, rien que la nuit, la nuit brute et dense de son enfance.
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Vidéo de Norma Huidobro
Après une présentation générale de la façon dont se forment les villes, Éric Rohmer et Jean-Paul Pigeat annoncent les reportages sur deux projets de l'A.U.A (Atelier d'Urbanisme et d'Architecture) : celui qu'ils ont réalisé dans le quartier de l'Arlequin de la ville neuve de Grenoble-Echirolles, et celui qui a obtenu le deuxième prix au concours d'aménagement urbain de la ville nouvelle d'Evry . Ces projets sont décrits grâce à des photographies, séquences filmées et maquettes. Ville neuve de Grenoble-Echirolles : commentaires sur place ou dans leur atelier des architectes Borja Huidobro, Michel Corajoud, G Loiseau, J Tribel. Ville nouvelle d'Evry : explications des architectes de l'AUA, parmi lesquels Paul Chemetov et Henri Ciriani, devant la maquette de leur projet.
AUTEUR(S)-RÉALISATEUR(S) : Éric Rohmer AUTEUR(S) : Jean-Paul Pigeat
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