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Critique de JIEMDE


C'est une fantaisie littéraire, une farce, une poilade que ce Roman fleuve de Philibert Humm, récit d'aventure au passé simple (et parfois même davantage) relatant la descente de la Seine de Paris à Honfleur en barquasse par l'auteur et ses compères, Adrian et Waquet.

C'est la preuve par l'absurde que l'aventure est au pied de chez soi, pour qui veut se donner la peine de s'interroger sur les vrais défis du monde moderne. Car affronter le courant fluvial, les péniches et les tankers, le mascaret et les autochtones séquaniens, c'est quand même autre chose !

Dans ce périple en absurdie, on croise bizarrement Véronique Sanson, les Tesson fils et père, le grand Olivier Frébourg, le respectable Gerard Larcher, l'incontournable Jean-Pierre Pernaut, le regretté Charles Aznavour ou le fantasque Alain Souchon.

On y vante les vertus des yaourts La Laitière ; on y rappelle le plaisir d'écouter Autoroute FM hors autoroute ; on y fustige le confort facile de l'homme moderne ; on y apprend le concept de décharge de vie ou de servitude de marchepied.

On y révise ses bases historiques, de l'origine de « la jolie » après Mantes aux liens entre un pont et un sèche-linge, en passant par les Énervés d'une ville de ruines qui n'en sont pas vraiment. Et c'est bien. On y dit aussi beaucoup de mal de Rouen et des Rouennais. Et c'est moins bien.

Entremêlant (un peu de) sa réalité et (beaucoup de) fiction, Humm signe un LOFNI (Livre-Objet Flottant Non Identifié) où le loufoque masque souvent quelques réflexions plus sérieuses et contemporaines.

Ainsi du renversement des pouvoirs et des limites de la démocratie, « une affaire trop sérieuse pour qu'on laisse s'en mêler n'importe qui (…) Dans ce pays, tout le monde a un avis sur tout (…) moins l'opinion de votre interlocuteur est catégorique, plus il faut s'y fier. En d'autres termes, plus il pérore, moins on doit accorder de crédit (…) Celui qui vous dira : “Je ne sais pas“ est à prendre au sérieux ».

Ou de cette société du partage absolu : « Nous ne prîmes pas de photo, ne partageâmes aucun contenu ni ne fîmes la moindre story susceptible d'être likée, commentée puis relayée (…) “Être heureux seul n'est pas à la portée de tout le monde, soliloqua Bobby. C'est pourquoi tant de gens exhibent leurs instants de bonheur. Ils ne peuvent jouir que si on les envie“ ».

Un livre atypique et rafraîchissant mais dont le ton badin et décalé aura toutefois fini par me lasser au fil des pages, bien content finalement de voir que - dernière pirouette - ce roman fleuve n'en était pas un.
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