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Critique de Andromeda06


Encore une fois et malheureusement, mon retour prendra une direction différente de celle des jolis retours des Babelpotes que j'ai vus défiler ces dernières semaines et qui m'ont fortement incitée à réserver "Un chien à ma table" à la bibliothèque. Non pas qu'il m'ait franchement déplu, mais quelque peu déçue, oui malheureusement.

Sophie et Grieg forment un vieux couple, installé depuis trois ans aux Bois-Bannis dans une vieille maison cachée et entourée de forêts. Pendant que Sophie, écrivaine de profession, ne fait plus qu'un avec la nature au gré de ses marches forestières, Grieg, quant à lui, a depuis longtemps quitté le monde réel en se réfugiant dans ses livres. Un soir, apparaît, sur le seuil de la maison, une chienne traînant une chaîne cassée et ayant visiblement subi des sévices. Sophie décide aussitôt de la garder, tout en appréhendant le fait que son maître maltraitant vienne la récupérer sous peu. Yes, la petite chienne, s'immisce donc dans la vie du vieux couple, dont le quotidien se résume à s'éloigner de plus en plus de ce monde actuel qui court à la dérive, à vieillir sereinement entre balades dans la nature le jour et lectures la nuit, tout en philosophant sur la société actuelle.

Tout était là pour me plaire : des personnages qui refusent d'entrer dans le moule et qui tiennent absolument à rester sur la marge (à 80 ans en plus, c'est beau !), l'amour et le respect de la nature et des animaux, la passion des livres, de grands espaces naturels qui changent au fil des saisons, le grand air, comme une sorte de ressourcement...

Comme tout n'est qu'introspection, la narration à la première personne nous invite à entrer dans la peau de Sophie, dans ses pensées et ses réflexions, dans son corps vieillissant. Sophie est une dame qui, malgré son âge et les signes de la vieillesse, reste vive d'esprit (et de corps malgré tout). Elle nous partage toutes ses idées, toutes ses réflexions sur notre société actuelle, sur nos modes de vie, sur les humains en général. C'est là que ça a un peu coincé pour moi, puisque ça part un peu dans tous les sens et que l'on se rend compte au fil de la lecture qu'il n'y a en fait guère d'intrigue : une chienne a fait irruption chez ce couple qui continue de vieillir et de mener son train-train comme auparavant, il ne se passe rien d'autre et on a tôt fait de le comprendre. Mais ce n'est pas dérangeant en soi puisque la nature environnante et surtout le cheminement intérieur de Sophie emplissent l'espace, mais de manière trop décousue. Vous allez me dire que c'est normal puisqu'on est dans ses pensées et que les pensées sont rarement ordonnées. Soit, je plussoie mais c'est davantage la façon dont elles sont couchées sur le papier qui m'a quelque peu gênée.

Et c'est là que j'en arrive au style d'écriture de l'autrice : je n'ai rien à lui reprocher dans le sens où elle use d'une plume riche, élaborée, travaillée, cultivée (et ponctuée !), et en cela c'est très agréable et appréciable. Mais les phrases, tantôt très courtes qui tiennent en un ou deux mots, tantôt très longues qui tiennent sur une bonne dizaine de lignes, m'ont souvent rendu la lecture un peu ardue. le style de narration est en fait un peu lourd, peu fluide, soit trop haché, soit qui a fini par me faire perdre le sens de la phrase à cause des nombreux apartés.

En revanche, j'ai beaucoup aimé le cadre, les personnages, leur mode de vie et leurs points de vue. J'ai également beaucoup apprécié la façon dont sont traités les animaux, sur un pied d'égalité avec les humains, d'où le titre du livre d'ailleurs.

Un retour mitigé donc, mais comme vous pouvez le constater, c'est vraiment personnel. La trilogie romanesque de Jón Kalman Stefánsson ("Entre ciel et terre", "La tristesse des anges", "Le coeur de l'homme"), puis "On était des loups" de Sandrine Collette, et maintenant "Un chien à ma table" de Claudie Hunzinger... Je commence à me demander si je n'ai pas un problème avec l'introspection et le style de narration que cela implique...
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