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Citations sur Un chien à ma table (207)

D’ailleurs, la maison tremblait sous le vent du nord. Et moi, j’avais la sensation que nous avions traversé la vie en tremblant et en nous cachant comme deux bêtes, et que nous avions croisé beaucoup d’autres bêtes tremblantes et cachées, et que nous étions enfin dans notre tanière. Vieux et à l’abri. Un abri d’urgence fait de rien. Rien, c’est le mot. Et si c’était ça le secret de cette maison que j’avais voulu vidée de tout sauf de l’essentiel ! Le feu, l’eau, le bois.
(page 239)
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D'où tu viens ? Qu'est ce que tu fais là ? J'avais baissé la voix. Je chuchotais. Alors, il a fait un pas. Il a franchi le seuil. Je reculais. Il me suivait avec précaution, le besoin de secours plus fort que l'effroi, prêt néanmoins à fuir, posant au ralenti l'une après l'autre ses pattes sur le plancher de la cuisine comme sur la surface gelée d'un étang qui aurait pu se briser.
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Depuis, on avait appris la retenue. On avait appris la fin des provisions, la famine proche. On avait changé. On n’en n’était plus à l’opulence. On sentait bien que sous nos pieds la moraine s’était ébranlée, que ses rochers géants basculaient, que la Terre basculait, que l’humanité basculait, qu’on était entrés dans l’ère d’un basculement, grand à vous donner le vertige. Les forêts brûlaient. Les océans agonisaient. Le permafrost fondait, libérant des virus préhistoriques comme autant de zombies. Les villes s’étendaient, immenses, nouvelles, et rien qu’à les voir, on savait qu’on ne retournerait pas en arrière.
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Est-ce qu’il y a quelque chose à faire contre celui qui monologue sous les mots ? Qui nous utilise ? Nous domestique ? Contre celui qui ne parle que pour parler ? Contre sa logorrhée ? Est-ce qu’on peut être autre chose que la niche du langage qui soliloque en nous sous les mots ?
Personne n’a de réponse à ça.
(pages 276-277)
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Il s’approchait. Il m’avait sans doute repérée bien avant que je ne l’aie vu. Un bref moment, les fougères, de taille humaines, me l’ont dérobé, il a réapparu plus loin, il filait. Je m’étais dressée pour mieux suivre sa course. Il a obliqué. Il descendait maintenant droit vers moi. À dix pas, il a ralenti, a hésité, s’est arrêté : un baluchon de poils gris, sale exténué, famélique, où de larges yeux bruns soutenant mon regard, m’observaient du fond de leurs prunelles.
(page 12)
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La joie, c’est quoi ? Un éclair. Il vous tombe dessus. On n’y est pour rien. C’est totalement immérité. Il ne choisit pas son moment, sinon les pires. Par exemple, dans la boue des batailles, soudain se sentir en vie.
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On ne s'ennuie pas avec lui [l'humain]. Il est le grand personnage du roman de la Terre. Rien d'un héros positif. Non, non, surtout pas. Qu'on arrête avec ça. Plutôt un beau salaud. Sera-t-il condamné ? Va-t-il s'en sortir ? Trouver l'issue ? Ou se suicider ? Surtout, surtout, ne pas raconter la fin. D'ailleurs personne ne la connaît. Ne pas compter sur lui, l'humain. Sur l'humain, on ne peut pas compter. Se méfier de lui.
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Les mots, les oiseaux ensemble liés, fragiles, abîmés, décimés par nous, ça, je le ressentais très fort. Quand est-ce que tout avait commencé ? Sans doute bien avant qu’on s’en aperçoive. À quel moment tout s’était-il mis à foirer, visiblement ? Qu’est-ce qui s’était joué dans notre dos dont on avait ignoré les signaux lugubres ?
(page 178)
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Marcher dans de l’herbe, se sentir frôlée par une présence humide, lisse, sombre, fraîche. La joie vous attire avant d’avoir eu le temps d’en frissonner et de se dire qu’il s’agissait sûrement d’une couleuvre à collier.
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Ne te laisse pas aller au vertige, tends quand même l’oreille, ouvre tes yeux, continue d’écrire. Parle du grand désordre du monde ; mesure-toi au présent ; écris ce que tu vis, écris la mort de tout ce qui vit, des forêts transformées en usines à bois ; des prairies en usines à herbe ; parle de l’épuisement de leurs sols, parle de leur dévastation. Fais vite, « Il ne reste presque plus rien. »
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