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Critique de JonathanLecuyer


On dit souvent que la science-fiction est une vision de l'avenir et que parfois, voir souvent, les prédictions se réalisent. Une chose est sur, le monde que nous a dressé Aldous Huxley, ne me fait pas rêver.

J'ai été fasciné par ma lecture, mais d'une fascination proche de la crainte voir de la peur, tant le monde imaginé m'a fait froid dans le dos. Ce roman est, je dirais un mélange de SF et d'anticipation basé sur un postulat dystopique.


Car en effet, le meilleur des mondes débute après « la guerre de 9 ans » dont on a aucune information à proprement dite, juste une énonciation qui fait de cette date l'élément déclencheur de ce que les dirigeants vont faire du monde. Afin de régler les problèmes inhérents à toute civilisation depuis la nuit des temps, à savoir le mécontentement des citoyens, les guerres, les maladies, la politique et surtout les religions ; les dirigeants vont décider de formater la population.


Sous couvert de vouloir rendre tout le monde heureux, pour que chacun trouve son utilité dans le fonctionnement du monde et que chaque action extérieure au travail est un intérêt pour l'économie. Les dirigeants vont assigner à chacun un rôle, un statut social.


Tout cela débute en laboratoire dans une éprouvette, ou chaque ovule va être optimisé selon la méthode Bokanovsky qui vise à multiplier les embryons jusqu'à des nombres fous allant jusqu'à plus de 70 personnes se ressemblant trait pour trait., des clones. Chaque lot d'embryons recevra un traitement médicamenteux ou chimique, pour les parfaire ou volontairement les affaiblir afin que chacun rentre dans un groupe de qualité classé d'Alpha à Epsilon. Ça fait froid dans le dos…

Une fois tous ces foetus arrivés à maturité jusqu'à l'âge de 17 ans, ils se verront bourrer le crâne à coup d'hypnopédie, l'assimilation d'informations par le sommeil. (Un procédé discuté et étudié à l'époque du roman, qui n'aura par la suite, avec des études approfondies, pas fait ses preuves)


Toutes ces fabrications d'humains sont magnifiquement détaillées et beaucoup plus complexes que mes quelques lignes et tout ceci parait tellement crédibles que c'est que ça en devient flippant. le conditionnement intellectuel est effarant, tout dans le but que chacun soit heureux de sa situation et n'envie celle des autres tout en étant persuadé que chacun est à sa place.

Et afin de contrôler le peuple jusqu'en dans les détails, les religions sont abolies pour en asseoir une seule, le Fordisme … C'est génial ce culte à Henry Ford, c'est un peu un pied de nez aux religions en reprenant les codes du fanatisme et du culte aveugle.


Le roman m'a absorbé du début à la fin, parce que hormis cette introduction dans ce monde, à mes yeux horribles, il y a des déviants en quelque sorte. Des personnes, d'une quantité infime qui ont conservés, à leur insu par défaillance dans leur conditionnement, la capacité à « ressentir » la réalité de leurs conditions et du monde dans lequel ils vivent.

Car ce qu'il faut savoir également, c'est que dans le cas où un humain viendrait à rencontrer un mal-être ou une phase moins bonne que les autres, il y à une drogue d'état distribué à tous pour contrecarrer les coups de mou ; le soma.


Mais toute trace d'humanité n'est pas détruite, il reste des réserves d'humains, des vrai avec des sentiments et des pensées non conditionnées depuis le flacon de la naissance. Et c'est là que les choses deviennent passionnantes. Je vous laisserais vous en délecter. Tout particulièrement l'échange verbal entre l'alpha plus et administrateur Mustapha Menier avec John un humain « à l'ancienne ».

J'ai trouvé leur échange magnifique ! Monsieur Huxley est à un niveau exceptionnel, réussir à habiter par sa plume deux personnages aux idéaux complètement opposés et à rendre leur propos tout à fait questionnant pour le lecteur ; comme si nous étions invités à choisir un côté. J'ai trouvé ces dialogues poignants teintés, pas qu'un peu, de philosophie ; mais de la bonne philosophie celle d'une réalité tangible, le monde dans lequel nous vivons.


Je suis particulièrement élogieux sur ce roman, parce que je ne m'attendais pas à livre qui me questionne autant, qui me saisissent autant de cette peur que je ne pouvais réfréner en lisant ce meilleur des mondes. Car par certains points, le conditionnement humain a déjà commencé et ceux qui ne partagent pas la bien-pensance sont pointés du doigt et misent à la marge.


Le tout est étayé de références à Shakespeare qui sert de terreau aux réflexions et à la philosophie du livre, j'ai trouvé vraiment très à propos et vraiment bien dosé !
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