AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La peau et les os (62)

il y avait un monument aux morts de 70 : un soldat s'affaissant noblement pour mourir, dans la grande tradition de la Comédie-Française.

P.110
Commenter  J’apprécie          220
Personne ne peut souffrir personne. On a parfois l'air de s'entendre. On rigole des mêmes obscénités. On se montre des photos de gosses. On joue aux cartes. Mais il circule là-dessous une haine patiente, attentive, subtile, méticuleuse. Une âcre méchanceté de bureaucrate ou de vieille dame. De jour en jour on aiguise, on recuit, on perfectionne ses griefs et ses répulsions. C'est forcé. C'est à cause de cette misère à odeur de latrines où l'on est barattés tous ensemble, crève-la-faim et crève-l'ennui. On en veut aux autres d'être toujours là. On leur en veut des gueules qu'ils ont, de leurs voix, de leurs goûts et de leur dégoûts, de la place qu'ils tiennent, de dire ce qu'ils disent, de chanter ce qu'ils chantent, de Nietzsche, de la p'tite Amélie, de renifler, de roter, d'exister. On leur en veut de cette existence immuable, inévitable, où se déchire notre existence. Et à tout moment les antipathies crèvent en disputes extravagantes. On ne sait même pas pourquoi.
Commenter  J’apprécie          210
On a une trop longue habitude de la soumission. On a tant obéi pendant des siècles, tant accumulé de fatigue, on s'est tellement usé à des tâches misérables, tellement accoutumé à l'étroitesse, à la sévérité, à la grisaille de la vie, qu'on finit par se satisfaire de ce qu'on est et de ce qu'on a. Cet ordre qu'il faudrait changer est si lourd et si ancien qu'on perd courage. Il n'y a qu'à rester à sa place. C'est déjà bien beau d'avoir ça. Une petite place à soi, avec du travail à faire, du pain assuré. On sait qu'on ne pourra pas s'en sortir. On n'en a même plus envie. On se trouve bien là. On s'y trouve heureux. On y sauve même une espèce d'orgueil.
Commenter  J’apprécie          200
Ils en sont partisans, eux, de la mystique du travail. Et de la fierté artisane.
Et de l'ouvrage bien faîte.
On serait rudement tranquilles si la joie de travailler suffisait comme salaire aux hommes du travail.
Commenter  J’apprécie          180
On a une trop longue habitude de la soumission. On a tant obéi pendant des siècles, tant accumulé de fatigue, on s'est tellement usé à des tâches misérables, tellement accoutumé à l'étroitesse, à la sévérité, à la grisaille de la vie, qu'on finit par se satisfaire de ce qu'on est et de ce qu'on a. Cet ordre qu'il faudrait changer est si lourd et si ancien qu'on perd courage. Il n'y a qu'à rester à sa place. C'est déjà bien beau d'avoir ça. Une petite place à soi, avec du travail à faire, du pain assuré. On sait qu'on ne pourrait s'en sortir. On n'en a même plus envie. On se trouve bien là. On s'y trouve heureux. On y sauve même une espèce d'orgueil.
Commenter  J’apprécie          170
Parce que votre existence a été éventrée, retournée par l'événement, vous imaginez vaguement que vous aviez droit à du neuf, que vous alliez repartir à zéro. Pas du tout, ça se recolle, ça se retape, c'est comme avant. On ne part pas, on continue. On recommence. On remet ça. On remet sa vieille veste, on remet sa vieille. La vie se remet à couler dans ces vieilles petites rigoles. Comme s'il n'y avait rien eu. On a retrouvé sa place. Ma place de passant parmi les passants, ma place dans de la rue, d'homme dans le métro.
Commenter  J’apprécie          150
J'écris son nom, Gokelaere, comme on écrit un nom sur une croix. Mais personne ne lit les noms sur les croix. Et il n'y a même pas de croix. Il n'y a rien.
Commenter  J’apprécie          140
Rien ne se passe jamais comme on croit. (...) J'avais attendu, je ne sais pas, une espèce de scène de théâtre probablement. Au théâtre, on dit juste ce qu'il faut dire, on fait juste ce qu'il faut faire. Alors que dans la vie, on parle à côté, on agit tout de travers, et il y a toujours des détails qui ne vont pas, des fausses notes.
Commenter  J’apprécie          110
L'aventure individuelle et l'aventure collective sont soumises à des transpositions, à des dissociations et à des éparpillements infinis. Voix sans corps, corps sans épaisseur et sans poids, visages sans dimensions, existences sans dates. Une vie, la vie, c'est devenu des signes sur du papier, des sillons sur la cire, du noir et du blanc sur dix mille écrans, des mots tombant en pluie sur cinquante millions de demeures. Notre destin de chair est absorbé par notre destin d'ombre.
Commenter  J’apprécie          100
Et il se trouvera des gens pour prétendre que ces années de captivité furent un temps de recueillement. Ce temps où l'on est livré aux autres. Condamné aux autres. Condamné à Vignoche et à Pochon. Envahi par les autres au point de ne savoir plus ce qu'on est, ni si on est encore quelque chose. De l'homme partout. Le frôlement, le frottement continuel de l'homme contre l'homme. Les fesses des autres contre mes fesses. Les chansons des autres dans ma cervelle. L'odeur des autres dans mon odeur. C'est de cela que nous sommes captifs, plus que des sentinelles et des fils barbelés. Captifs des captifs – des autres.
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (322) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3188 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}