Les Lits en Diagonale

J'ai compris qu'on pouvait aimer et haïr à la fois. Et le dire . Regretter, en vouloir, mais admirer. Et le dire. Qu'être la sœur d'un handicapé, ce n'est pas plus facile que d'en être la mère ou le père. Et le dire. Que c'est différent. Qu'on s'en prend aussi pour toute la vie. De sa naissance à sa mort. Qu'on passe par tous les états. Mais que l'éventail de sentiments , du pire au meilleur, qu'offre cette fraternité bancale est un véritable don. Et le dire . Je te le dis .

Ce n'est pas très drôle d'être la petite soeur d'un frère handicapé. J'ai l'impression d'avoir des tas de choses très lourdes à porter, en plus de tes ailes en miettes. Que Maman te protège plus que moi et que c'est normal. Que Papa veut que je sois brillante et que c'est normal. Que je dois tout comprendre et que c'est normal. Que je dois tout accepter et que c'est normal. Que je n'ai pas droit à l'erreur. Parce que je suis normale.

Tu n'exprimes pas tes sentiments parce que tu ne sais pas, mais on les lit sur ton visage. P 102.

J'ai compris qu'on pouvait aimer et haïr à la fois. Et le dire . Regretter, en vouloir, mais admirer. Et le dire. Qu'être la sœur d'un handicapé, ce n'est pas plus facile que d'en être le mère ou le père. Et le dire. Que c'est différent. Qu'on s'en prend aussi pour toute la vie. De sa naissance à sa mort. Qu'on passe par tous les états. Mais que l'éventail de sentiments , du pire au meilleur, qu'offre cette fraternité bancale est un véritable don. Et le dire . Je le dis .

La honte à l'adolescence d'avoir un frère handicapé, le remords ensuite, comme elle s'en est voulu, la fierté maintenant. Les regrets de tout ce qui aurait pu être et de tout ce qui est vraiment. (p. 108)

Rien ne peut être plus dur pour une mère et un père que d'enfanter un être diminué.C'est vrai.Surtout dans une société qui accepte si mal la différence.

'Jai sauté dans l'âge adulte d'un coup. J'ai trébuché et je me suis relevée. J'ai pris conscience du rôle qui est le mien et du temps qui passe. Petit soldat, réveille-toi.

Je ne sais pas vraiment ce que je suis pour toi, comment tu me vois. Finalement, tu es assez lointain. Gentil mais pas tendre. Présent mais pas Philo la Glu. Têtu souvent. Je suis là mais transparente. C'est peut-être ta conception de la fraternité.

Ce sont toujours les parents que l'on interroge. Parce que ce sont eux qui sont en première ligne de la douleur. Mais on ne fait jamais parler les frères et sœurs de handicapés. Alors qu'ils sont souvent bien plus seuls que les parents.

Je voudrais que tu sois parfait. Mais tu ne l'es pas . Ça n'existe pas un handicapé parfait. Surtout si ça veut dire normal. Même si ç' aurait pu être pire .