Les chroniques des fleurs d'opale, tome 2.1 : La fougue du lys

— Tu es mon trésor le plus précieux. J'aimerais te protéger, hélas, je ne suis qu'un père. Quelquefois, je m'y prends mal, mais je ferai toujours de mon mieux.

En dehors d'argovie, mon nom, mon titre, ne sont plus rien. La seule identité qu'il me reste aujourd'hui est celle d'une sœur. C'est pour cette raison que je suis partie. Alors, j'agirai comme telle. Aucun héritage ou couronne ne donnera plus de valeur à mes desseins que ce rôle. C'est une sœur qui espère récupérer ce sceptre et c'est une sœur qui l'obtiendra.

— Je te le jure, petite sœur, que je reviendrai. Plus jamais tu n'auras à souffrir comme tu l'as fait depuis tant d'années. Tu accéderas enfin à la vie que tu auras méritée. Pour cela, je gravirai les plus hautes montagnes. Je traverserai les déserts les plus arides. Je franchirai les forêts les plus hostiles. Je naviguerai sur les flots les plus tempétueux. Mais je reviendrai avec ton salut. Nous serons un jour de nouveau réunies et nous célébrerons la vie.

Cesse de vivre dans la perpétuelle comparaison. Tu détiens des forces que je n'ose m'attribuer, ni même en rêve. Le seul respect que tu dois au monde, c'est celui que tu dois te décerner.

Et s'il y avait bien une chose que je détestais en ce monde, si ce n'était les comtes qui me couraient après dans les couloirs du palais, c'était d'avoir l'impression que mon destin entier restait sous le contrôle des Dieux. Le contrôle. C'était là mon cheval de bataille, ma raison d'être. Je ne pouvais pas vivre sans contrôle. Tout devait être comme je l'avais décidé et pas autrement.

Mais la fière combattante ne se départit pas de son sourire pour autant. Ce fameux sourire malicieux, qui faisait plier n'importe quel détracteur, car il annonçait aussi bien le danger que la ruse au milieu de ce visage, si pur et pourtant parsemé de multiples cicatrices à force de combats.

Aujourd'hui, néanmoins, il me vient une questions en trouvant ce manuscrit : que deviendront ces mémoires communes ? Ces chroniques. Les chroniques de trois femmes que le monde finira tôt ou tard par oublier. Les trois premières femmes de la lignée des Fleurs d'Opale. Les Chroniques des Fleurs d'Opale. Voilà un nom avec du panache !

Très bien. Maintenant, il me semble que c'est à mon tour de m'exprimer, puisque l'histoire, à partir de ce point, me concerne. Cela sera bien plus pertinent. Ces chroniques sont suffisamment désorganisées comme ça.

De nombreuses âmes s'égarent sur les chemins d'une peur nourrie de l'avenir.