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Citations sur Le travail fantôme (35)

Jusqu’à nos jours, le développement économique a toujours signifié que les gens, au lieu de faire une chose, seraient désormais en mesure de l’acheter. Les valeurs d’usage hors-marché sont remplacées par des marchandises. Le développement économique signifie également qu’au bout d’un moment il faut que les gens achètent la marchandise, parce que les conditions qui leur permettaient de vivre sans elle ont disparu de leur environnement, physique, social ou culturel. L’environnement ne peut plus être utilisé par ceux qui sont dans l’incapacité d’acheter le bien ou le service.
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La famille nucléaire n’est pas nouvelle. Ce qui est sans précédent, c’est une société qui fait de la famille de non-subsistance une norme, impliquant ainsi une discrimination à l’encontre de tous les autres types de liens entre deux personnes ne prenant pas pour modèle cette nouvelle famille. / Cette nouvelle entité apparut au XIXe siècle sous la forme de la famille du salarié. Son but était d’accoupler un salarié principal et son ombre. Le foyer devint le lieu où était dépensé le salaire. […]
Ceci demeure vrai de nos jours, même lorsque tous les membres d’un foyer, d’une part gagnent leur vie, et d’autre part contribuent au travail ménager. Cela demeure même vrai pour la « studette du célibataire » équipée d’un « mini-frigo pour foyer d’une personne ».
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Notre société force ses victimes à coopérer à leur propre oppression, qui prend la forme d’une tutélaire sollicitude.
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« La majorité de la population appartient à ce néo-prolétariat post-industriel des sans-statut et des sans-classe […] Surqualifiés […], ils ne peuvent se reconnaître dans l’appellation de « travailleur », ni dans celle, symétrique, de « chômeur » […]. La société produit pour faire du travail […]. Le travail devient astreinte inutile par laquelle la société cherche à masquer aux individus leur chômage […] Le travailleur assiste à son devenir comme à un processus étranger et à un spectacle. »

André Gorz
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Un quatrième masque est placé sur le travail fantôme par la majorité des féministes qui se penchent sur les tâches ménagères. Elles savent que c’est un travail pénible, elles fulminent parce qu’il n’est pas payé. A l’inverse de la plupart des économistes, elles considèrent que le salaire perdu, loin d’être insignifiant, est considérable. De plus, certaines d’entre elles croient que le travail des femmes a beau être « non productif », il est cependant la principale source du « mystère de l’accumulation primitive » -contradiction sur laquelle même Marx avait buté. Elles ajoutent des verres teintés féministes aux lunettes marxistes. Dans leur optique, la ménagère est mariée à un patriarche salarié dont la paye, et non le pénis, est le premier objet d’envie. Elles ne semblent pas avoir remarqué que la redéfinition de la nature de la gemme, après la Révolution française, allait de pair avec celle de l’homme. Ainsi sont-elles doublement aveugles à la conspiration des ennemis de classe du XIXe siècle au service de la croissance et à sa réactivation par un genre inédit de guerre entre les sexes au sein du foyer.
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La plupart des gens sont probablement tout disposés à reconnaître qu’il y a une énorme différence de goût, de sens et de satisfaction entre un dîner cuisiné à la maison et le plateau-repas produit industriellement à l’intention des téléspectateurs invétérés. Mais l'examen et la compréhension de cette différence peuvent aisément être découragés, particulièrement chez ceux qui défendent l’égalité des droits, l’équité et l’aide sociale à l’égard des pauvres. Ils savent combien de mères ont les mamelles taries, combien d’enfants dans la partie sud du Bronx souffrent d’une carence en protéines, combien de Mexicains –entourés d’arbres fruitiers- sont rachitiques par avitaminose. Dès que je soulève la distinction entre valeurs vernaculaires et valeurs susceptibles de quantification économique et, par là même, de distribution, il se trouve toujours un tuteur autodésigné du prétendu prolétariat pour me dire que j’esquive la question critique en donnant de l’importance à des subtilités non économiques. La première chose n’est-elle pas de rechercher la juste distribution de ce qui répond aux besoins fondamentaux ? La pêche et la poésie s’y ajouteront ensuite tout naturellement. Ainsi en va-t-il de la lecture de Marx et de l’Evangile selon saint Matthieu interprétée par la théologie de la libération.
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L’indigène fut le concept clef de la mainmise coloniale avec ses « vertus civilisatrices ». Au moment du plan Marshall, alors que les conglomérats multinationaux prenaient leur essor et que l’arrogance des pédagogues, thérapeutes et planificateurs transnationaux ne connaissait plus de bornes, les besoins limités des indigènes en matière de biens et de services auraient mis en échec l’expansion et le progrès. Les indigènes devaient donc se métamorphoser en populations sous-développées […]. A peine a-t-il fallu vingt ans pour que deux milliards d’individus se définissent eux-mêmes comme des sous-développés.
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Le jargon économique dirait que les coûts sociaux excèdent non seulement les bénéfices tirés de la production des seaux en plastique mais également les salaires versés à ceux qui les fabriquent. Encore ces coûts externes ne sont-ils qu’une face de la facture que le développement nous impose. L’autre face, c’est la contre-productivité. Pour ce qui est des coûts externes, s’ils n’entrent pas dans le prix payé par le consommateur, ils n’en devront pas moins, à un moment quelconque, être payés, que ce soit par lui, par d’autres, ou par les générations futures. Mais la contre-productivité est une espèce neuve de déception, qui naît de l’usage même de la marchandise achetée. Cette contre-productivité intrinsèque est en elle-même une composante inévitable des institutions modernes. Et elle est devenue la permanente frustration de la clientèle la plus pauvre de ces institutions, une frustration intensément ressentie mais rarement définie.
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De même qu’au XIXe siècle, la femme fut renfermée dans l’appartement, l’élève est parqué dans l’école, le malade dans l’hôpital, les services s’arrogeant le droit d’agir pour leur bien –et leur bien étant défini par d’autres qu’eux-mêmes. Ainsi cet asservissement passe aujourd’hui par l’intermédiaire d’agents sociaux revêtus du pouvoir de rendre un diagnostic. Le mot « diagnostic » signifie littéralement « discernement » : c’est une distinction opérée par un acte de connaissance fondé sur une capacité d’expert. De nos jours, il désigne l’acte par lequel une profession vous définit comme nécessitant ses services.
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Durant toute la période médiévale, ce qu’on entend aujourd’hui par travail, à savoir travail salarié, était signe de souffrance. […] En principe, la société médiévale avait une place pour tous ceux qu’elle reconnaissait comme ses membres. Sa structure formelle excluait tout chômage ou indigence. Quiconque se consacrait à un travail salarié –non pas occasionnellement pour apporter quelque chose au foyer, mais en tant que moyen d’existence permanent- révélait clairement à la communauté que, au même titre que la veuve ou l’orphelin, il était sans feu ni lieu et dépendait donc de l’assistance.
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