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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Concise lecture fort instructive que ce témoignage d'un professionnel du barreau. A priori, je n'avais pas l'intention de commenter mais ayant jeté un oeil sur les critiques et ayant discuté âprement avec un spécialiste du "droit chemin", puis m'étant amusé des postures prises par les habituels donneurs de leçon souvent eux-mêmes corrompus, liées à l'actualité, je me fends d'un petit billet.
L'auteur utilise son titre pour mieux le démentir et nous asséner son point de vue : les personnes qualifiées de monstres, qu'ils soient dictateurs, pédophiles, assassins... n'en sont pas.
Ils font partie de l'humanité et les renvoyer en dehors de celle-ci par ce subterfuge sémantique n'est qu'un moyen de refuser la réalité de l'espèce humaine. de se protéger de ce qui se cache en nous.
Voilà, c'est brut, et puisque le texte lui-même est bien mieux écrit et court, j'invite tous ceux qui se posent des questions sur la culpabilité et la punition à lire ce petit essai qui n'est pas un pamphlet.
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Thierry ILLOUZ signe ici un document social poignant.
Il revient - à coeur ouvert - sur le choix qu'a été le sien d'être avocat. Un avocat qui a décidé de ne s'asseoir que sur le banc des accusés, des coupables. de ceux que l'on appelle « Les Monstres ».
L'auteur nous explique son choix de les défendre. Ces monstres, il les comprend, les connaît depuis l'enfance parfois. Eux et lui viennent du même milieu, de la même misère sociale où se mélange tous les maux : racisme, pauvreté, alcoolisme, maltraitance, …
Il nous rappelle que derrière chaque « monstre » se cache un Homme construit à partir de son milieu social, de son passé, son histoire, ses blessures. Il nous rappelle qu'il ne faut pas juger mais qu'il faut comprendre avant tout. Et, surtout, il nous rappelle que les monstres n'existent pas - ou du moins - uniquement dans les contes pour enfants.

Ecrit avec finesse et sensibilité, j'ai adoré la lecture de ce document qui interpelle le lecteur et duquel il ne sortira pas indemne.
Composé d'une centaine de pages, celui-ci se lit très vite et très facilement.
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Thierry Illouz, avocat pénaliste depuis trente ans, tente de répondre à la question qui lui a été si souvent posée : « vous défendez tout le monde, même les monstres ? »
A travers son histoire personnelle de fils de rapatrié, parqué dans un HLM en banlieue après la guerre d'Algérie, juif, stigmatisé, abandonné par le pouvoir et celle d'un de ses camarades de classe, devenu le meurtrier de six personnes, il veut démontrer que les circonstances de la vie ont fait de son copain un meurtrier mais pas un monstre et de lui un avocat.
Pour lui on ne naît pas meurtrier, on le devient pour paraphraser une célèbre citation ; il n'y a pas de monstre inné mais des hommes qu'un contexte social et familial défavorable et un élément déclencheur ont conduit au meurtre.
Cet essai n'est pas l'exposé d'une théorie philosophique mais l'expression brute d'un ressenti qu'une écriture simple, directe et rapide nous fait partager. Il est émaillé d'exemples précis et concis et Thierry Illouz n'hésite pas à faire appel à des souvenirs personnels ce qui en rend la lecture facile et attrayante, le propos de l'auteur atteignant ainsi son objectif par la proximité qu'il établit avec le lecteur .
Ce plaidoyer pour ceux qui sont qualifiés de monstre par la presse, la partie civile mais que l'auteur voit comme des hommes perdus, à la dérive, hors d'eux, qu'il faut prendre le temps d'écouter, fait plus pour s'interroger que tous les articles et discours politiques ou d'experts sur ce sujet éminemment sensible.
Ce texte est pétri de sincérité, d'une conviction profonde et même si l'on peut ne pas partager toutes les idées de l'auteur, il fait mouche ; une fois le livre refermé, il continue à faire son oeuvre de réflexion et de questionnement.
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Je me souviens d'un désir de porter la robe d'avocate par soucis de justice, projet abandonné après une année de droit au bénéfice du voyage et de la géographie dans le but d'oeuvrer dans les pays les plus pauvres. Je suis donc sensible aux propos de Thierry Illouz qui témoigne de son expérience d'avocat pénaliste. Cet essai est aussi un récit autobiographique qui montre la vocation de celui qui a choisi de défendre "Même les monstres".
Pourquoi ? Parce que pour lui il n'y a pas de monstres, c'est une représentation qui permet de déshumaniser des personnes par ceux qui veulent se rassurer, se convaincre qu'elles ne nous ressemblent pas. Pour autant, il y a des actes terribles, des criminels dont il comprend la faiblesse. Elle fait écho à la misère qu'il a également connu enfant dans les cités ghettos.
Je trouve qu'il faut une sacrée dose de compassion pour choisir d'écouter et de se mettre à la place des accusés quelque soient leurs actes. Pour lui c'est la seule façon d'ôter au mal toute chance d'être le mal c'est-à-dire une idée réfractaire à toute compréhension, toute histoire.
Thierry Illouz a usé sa robe d'avocat et aujourd'hui il a plus envie d'écrire que de parler tout en continuant de se soucier du sort des prisonniers et de travailler à cette vérité de l'humanité des hommes qui est son credo. C'est pour cette raison qu'il a enfilé l'habit d'écrivain.


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Une plongée dans les fondations de Thierry Illouz, qui il est, pourquoi il fait ce qu'il fait et pourquoi ce qu'il fait est qui il est.
Ce récit, s'il est compris, est celui d'une vocation qu'on embrasse et qu'on ne choisit pas. C'est elle qui vous choisit, pour mille et une raisons, toutes différentes d'un avocat pénaliste à un autre.
Instructif, édifiant, vrai.

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Livre témoignage, parti-pris d'avocat et d'homme, je sors de cette lecture avec moins de certitudes et des tonnes de questions.
Je me suis toujours demandé ce qui pouvait "motiver" les avocats à faire ce métier. Tout homme a droit à une défense. Voilà la réponse que je me donnais. Un raccourci.
Mais tout de même, qu'en est-il de ceux que nous qualifions de "monstres" ?
Thierry Illouz ne répond pas pour nous. Il témoigne de son expérience, son métier, sa vie d'homme au-delà de la robe ou justement grâce à elle.
Ce livre m'a touchée et a bouleversé un bon nombre de mes croyances. Croyances construites dans l'ignorance car je n'ai jamais été confrontée à la Justice pénale.
Je sors donc de cette (courte) lecture avec beaucoup de questions. Des questions qui mériteraient d'être posées à l'auteur pour encore mieux comprendre son expérience, son métier, son quotidien de défenseur.
Je ne sais pas si les Monstres existent, je ne sais pas si je suis d'accord ou non avec l'auteur. Ce livre a ouvert une perspective différente, une manière autre de voir ce que je croyais connaitre et j'en suis ravie. Ce n'est pas un témoignage qui m'apporte des réponses mais qui me pousse à réfléchir.
Je le relirai comme on reprend une conversation laissée en suspens.
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Ce texte est un véritable bijou, que l'on soit d'accord ou non avec l'auteur. Il est important qu'un avocat ose enfin écrire cela.

L'humanité n'est pas toujours respectée dans notre société, parfois à juste titre, c'est pour cela que des textes aussi forts que celui-ci sont éblouissants. 
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Même les monstres de Thierry Illouz est un témoignage comme on en fait peu. L'auteur n'est pas le témoin d'un événement majeur, n'a pas une trajectoire hors du commun ni n'a vécu de drame personnel… Mais il nous parle dans ce livre de sa profession – avocat – qui l'amène à observer de très près notre société. Sur fond de confidences, il assume un point de vue audacieux mais qui, tout bien réfléchi, se défend.
Thierry Illouz est avocat pénal depuis trente ans : il défend les criminels. « Même les monstres ? » lui demande-t-on sans cesse. Oui, même les monstres. Car l'auteur refuse cette caricature des criminels. Avec véhémence, il commence par rejeter l'appellation de « monstre », même pour les auteurs des crimes les plus condamnables. Car ce terme appartient à l'imaginaire, à la fiction, et exclut de fait le sujet ainsi désigné de la sphère de l'humanité. Or, Thierry Illouz insiste : tout criminel reste néanmoins un être humain. Alors, il refuse la simplicité du recours à la caricature des criminels et plaide pour la réhabilitation de la figure de l'humain avec ses travers, ses dérèglements et sa folie parfois. Accepter de voir l'humain derrière le criminel, c'est s'interroger sur notre humanité à tous : plus compliqué certes, mais surtout plus enrichissant pour nous tous.
Même les monstres se présente comme une autobiographie où Thierry Illouz revient sur son parcours d'avocat. Il puise dans son histoire depuis son enfance les raisons qui l'ont amené à cette vocation et analyse ses choix à la lumière de ses liens avec son entourage, en particulier avec son père, figure imposante de force et d'autorité qui lui inspire un profond respect. Ce qui ne nous semble être qu'une histoire anodine introduit en fait une idée fondamentale de l'ouvrage : ce sont les histoires personnelles de chacun qui font ce que nous sommes.

Lire la suite sur : https://lesmarquespagedunecroqueusedelivres.wordpress.com/2019/02/25/meme-les-monstres-thierry-illouz/
Lien : https://lesmarquespagedunecr..
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Illouz Thierry, même les monstres, l'iconoclaste.

Ce petit livre de 106 pages, nous en avons besoin, car il nous rend meilleurs.
Par petites étapes, et sur un fond de confidences vécues, l'avocat guide le lecteur dans les froids couloirs du palais de justice, ou des lieux d‘enfermement. Progressivement, il se présente, dans son histoire et son milieu, il éclaire ses motivations, et débroussaille des confusions trop souvent admises, entretenues par des jugements catégoriques et malveillants.
La langue écrite est précise chez cet homme de parole qui sait voir l'humain chez l'inculpé, et le danger d'étiqueter « un monstre » pour en tirer un désir d'absolution personnelle, aux dépens d'autrui.
Des exemples précis, pudiquement évoqués, traduisent une attitude chaleureuse pour qui se retrouve, au gré des circonstances de la vie, dans les griffes de la justice - ne parle-t-on pas du « greffier » ?
le lecteur y trouvera une générosité et une écoute certainement plus intelligentes que des conduites péremptoires ou des condamnations définitives.
Voilà qui devrait faire réfléchir tous ceux qui évoquent à bon marché un « laxisme » bien commode, ou des attitudes de « justiciers » aptes à trancher de tout, sans nuances.
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Un texte profond sur la justice, la normalité et au-delà, sur la nature humaine.
Thierry Illouz retrace le cheminement de sa vie, depuis son arrivée en France d'Alger à l'âge d'un an, jusqu'à l'apogée de sa carrière d'avocat qu'il exerce depuis 30 ans, en passant par son éducation dans les cités dortoirs du Nord de Paris, construites pour les Pieds-Noirs rapatriés.
Il pose ici la question essentielle de son métier de pénaliste, que lui renvoient le public, les médias et la plupart des gens qu'il côtoie : peut-on défendre les pédophiles, les auteurs de crimes violents, les tueurs de flics ? En un mot, peut-on défendre les monstres ?
Question qui revient à se demander si « défendre un monstre c'est devenir un monstre soi-même ».
L'auteur choisit définitivement le camp des abandonnés dont il se sent issu et sa réponse est formelle : « le monstre est toujours possible en chacun de nous » et « pour le défendre, rien ne sert de masquer, il faut tout dévoiler», jusqu'à « épuiser l'idée du mal ».
Superbe essai qui nous amène à nous questionner sur nos propres jugements et nous apporte un éclairage plus complexe et plus réfléchi, sur le métier d'avocat.
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