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Critique de horline


Y. Inoué nous transporte au coeur de la Chine médiévale, la Chine des citées fortifiées où les frontières sont mouvantes, où les différents peuples d'Asie centrale se livrent d'incessantes batailles pour contrôler la porte commerciale vers l'Occident, la Route de la soie.
Au milieu de ces guerres, on suit le parcours de Xingte, un jeune chinois que la soif insatiable de connaissances va plonger dans cette région violente, dominée par le désert, les plaines arides, la chaleur torride en été et le froid glacial en hiver.
L'auteur a choisi de nous raconter le destin de ce jeune homme jalonné de nombreuses péripéties. Enrôlé de force dans l'armée ennemie, il fait preuve d'une audace à la mesure de sa candeur. Cette curiosité naïve qui l'auréole d'un courage sans pareil fait de lui un excellent soldat, dévoué, fidèle, méprisant la fatigue et le danger. Toutefois, l'acquisition de l'art de la guerre le laisse désarmé lorsqu'il rencontre l'amour d'une jeune princesse ouïghour ; un amour impossible qui se heurte à l'amitié et au code d'honneur de deux soldats. Un amour impossible qui va guider Xingte sur le chemin de la découverte de soi.

Ce roman m'a replongé avec tendresse dans les années lycée en reprenant certains codes de la littérature courtoise découverte avec Chrétien de Troyes : un soldat/chevalier soumis à un code de conduite exigeant mais dont l'action est guidée par l'amour d'une reine ou d'une princesse. Un amour chaste qui transfigure le réel.

Mais les similitudes avec le lyrisme courtois s'arrêtent là.
Yasushi Inoué nous entraîne dans un roman désincarné, privilégiant le récit aux jugements de valeur, l'écriture sobre et dépouillée au lyrisme exacerbé.
C'est un roman silencieux, porté par le silence du désert.
L'auteur porte un regard distancié vis-à-vis de son héros, comme s'il n'avait pas d'emprise sur son personnage, comme si Xingte obéissait à son propre destin.
Effectivement, l'intrigue se plie à un dogme prégnant : celui du destin plus fort que l'homme. le héros subit les évènements selon une évolution déterminée à laquelle il ne peut se soustraire. Prenant alors conscient de la futilité de son existence, Xingte se convainc (grâce au bouddhisme) d'une mission à accomplir afin de donner une signification à sa vie. Et la force de ce roman réside précisément dans cette philosophie, elle déploie toute son intensité au fil des pages à la manière des tragédies grecques.
Pour autant, Xingte demeure un personnage énigmatique en affichant une sérénité déroutante. Une sérénité acquise sur les chemins du désert.

En refermant le livre, j'ai éprouvée d'abord une légère frustration avec l'idée que le roman recelait encore des possibles qui m'ont échappé tant l'empreinte du confucianisme et du bouddhisme est latente. Étant profane, je n'ai certainement pas su déceler toute la dimension du sacré. Et pourtant, cette lecture pleine de secrets et de silence a éveillé finalement un enthousiasme. Un enthousiasme certes mystérieux mais un réel enthousiasme.

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