Le mensonge se glisse et ronge, comme un ver dans un fruit.
en amour, qui n’avance pas recule.
Jamais la vue d’un être humain ne lui avait causé autant de joie que l’apparition de cet homme. Oui, même la présence de Marjorie, durant ces années où il l’avait si tendrement chérie, ne lui avait jamais procuré un sentiment d’une force pareille. L’instinct de vivre est plus fort que celui d’aimer.
Ce n’est pas d’alcool que je suis ivre. C’est de peur.
On peut être très hardi, quand on n’aime qu’un peu, et égoïste aussi… C’est soi que l’on met au premier plan, celle qu’on aime ne vient qu’ensuite. Tandis qu’un trop grand amour vous rend lâche. On a toujours peur de faire tant souffrir, ne serait-ce qu’à peine…
Elle avait à peine quinze ans que je l’aimais déjà. Je l’ai aimée dès que l’on peut aimer. Je ne parviens pas à concevoir que les mots Marjorie et amour soient deux mots différents. Dans mon cœur, ils se sont toujours confondus.
« Je l’aimais depuis nos premiers jeux d’enfants, et ces petites danses guindées, que nous dansions dans les bras l’un de l’autre. Elle était si jolie alors, avec son ruban rose dans les cheveux et la ceinture assortie ! Comment a-t-elle pu se transformer en cette chose, là-haut ? Est-ce toujours cela, le destin des jeunes filles ? Est-ce à cela que doivent s’attendre les petits garçons qui les aiment ?
« Je l’aimais trop, voilà toute l’histoire. Mon histoire à moi.
Les mots, reprit-il, n’y changent rien, ils ne peuvent pas nous changer, nous. Il n’y a pas de mots assez forts pour cela. Donne-moi une chance… Regarde, je vais te montrer !
Il aperçut le visage de Marjorie et l’univers entier vint s’y condenser. Le monde le plus beau qu’un homme puisse rêver… Le visage que représente pour l’homme un reflet de Dieu, le seul parfois qui lui soit octroyé. Le visage de cette femme, qui était sa femme.
Ces douces lèvres, qu’il avait goûtées des milliers de fois, maintenant crispées, dures, comme il ne les avait jamais vues ! Ces yeux, qui avaient pleuré pour lui, souri pour lui, espéré avec lui, maintenant étonnés, comme il ne les avait jamais vus, écarquillés de surprise !
Il cherchait à utiliser au mieux la seule arme à sa disposition : l’amour qu’elle avait pour lui. En conséquence, il se voulait aussi séduisant que possible. Il fallait qu’elle le retrouve tel qu’il lui était apparu la première fois, et non la dernière.